Lettre 5

Mon cher Roger,

Les vieux amis que nous sommes se réjouissent de votre jeune bonheur et vous félicitent bien chaleureusement.

Vous aurez en Solange, malgré son jeune âge et sa gaité une compagne prête à affronter la vie difficile, vie de sacrifice et d’efforts qui sera celle de tous les Français.

Nous avons beaucoup vu votre fiancée cet hiver et nous avons apprécié ses qualités que je ne vous énumérerai pas. Il ne lui manque même pas le point de moquerie nécessaire à la femme de l’ami Roger !

Quand vous verrons nous tous les deux ? Les projets sont impossibles. Il faut attendre et espérer en la force morale de la patrie.

Je veux vous dire quand même à bientôt et vous envoie nos meilleures pensées.

M. P Levy

PS : Jean est venu déjeuner avec nous l’autre semaine. Il a une mine superbe. Loulou, les enfants et les Bernheim doivent être auprès de lui en ce moment

Lettre 7 et 7b

Mon cher Roger,

Comme nous serions heureux de l’heureuse nouvelle que ta Maman nous a annoncée, si nous n’étions pas dans une époque aussi troublée.

Nous sommes tout de même bien content et sommes surs que si cette jeune fille t’a plu, c’est qu’elle est très bien. Je te félicite et espère t’embrasser bientôt.

Le temps nous semble bien long. pourtant ces deux ou trois derniers jours il y a eu de l’inattendu. L’arrivée de Jacqueline avec Maxime, leur départ et puis le retour le même jour de Jaurcy Maxime et oncle Jacques. Ce matin, leur départ dans deux directions différentes et probablement ce soir nous reverrons Oncle Jacques et Raymond revenant vers leurs demeures respectives. Cela a fait de l’animation. Et ce n’est pas qu’il en manque ici faite par la troupe et les voitures militaires. Il nous semble que nous somme ici depuis un temps infini.

Je t’embrasse mon cher Roger, de tout mon coeur,

Mon cher Roger,

Je n’ai pas besoin de te dire combien nous avons été heureux d’apprendre tes fiançailles : notre plus grand désir c’est de pouvoir vous souhaiter à ta fiancée et à toi, tout le bonheur que nous désirons pour vous. Que les circonstances nous permettent bientôt d’être tous réunis, et cela sera pour nous une des plus grandes joies que nous ayons encore à espérer.

Les journées ici me paraissent bien longues et bien pénibles mais je ne veux tout de même pas désespérer. Peut- être des circonstances imprévisibles me permettront de nouveau de vivre des temps heureux et de permettre que ceux de ton âge puissent avoir les beaux jours qu’ils méritent.

Je t’embrasse bien fort mon cher Roger et j’espère à bientôt,

Lucien Coquenheim

Lettre 12

Mon cher Roger,

Je te félicite pour l’heureuse nouvelle que tu nous a annoncée pour employer les termes consacrés Mais je souhaite fermement que Solange et toi vous traversiez heureusement les jours sombres que nous vivons.

Tu as de la chance d’avoir à travailler; moi j’essaye de m’occuper dans les champs et je n’y arrive pas : c’est toujours très mal organisé; toujours aussi bureaucratique et pourtant il doit y avoir pas mal de paysans qui ont besoin d’aide, si minime soit-elle !

Meilleures amitiés de Claude

lettre 39

Hôtel Moderne,

Saint jean de Luz (?)

Mon cher Roger,

Je vous écris car je me demande si vous avez reçu ma lettre ou que je me suis trompée avec les histoires de franchise militaire. J’aimerais bien avoir de vos nouvelles. Je suis seule ici avec mes grands-parents et cherchons logis très difficile. Aujourd’hui je suis allé déjeuner chez Suzanne. La pauvre Mme Grumbach est bien à plat. La situation est effroyable, qu’allons nous faire ? Peu de nouvelles de ma famille qui est à Limoges, mais Catherine va probablement aller dans un hôpital. Donnez-moi quelques raisons d’espérer, je n’en ai plus aucune et ma grand-mère ne me remonte quoiqu’elle voit la situation sans comprendre grand chose. Je veux avoir du courage, c’est dur. Heureusement encore que Suzanne n’est pas loin et que je pourrai la voir. Les Etats unis ne sont vraiment pas bien chics. Enfin il ont peut-être des raisons de ne pas venir qui me dépassent. Paris envahi par les boches ce n’est pas croyable. Excusez cette lettre dégoutante, je suis découragée ce soir et je n’ai de nouvelles de personne et je rumine mes tristes pensées
Ecrivez moi

Solange

Lettre 48

A quoi cela servirait-il alors de savoir écrire. Aussi je ne me gênerai pas pour confirmer demain, ce soir je dors, quand je pense qu’Hitler disentaille chez nous c’est monstrueux. Je ne sais pas du out ce que fait mon frère. Croyez vous qu’ils vont rester, sûrement pas si les All. arrivent. Enfin je pense que j’aurai des nouvelles sur ceci bientôt. Cette fois je cesse pour de bon et me couche

Samedi matin

Je reprends ma lettre avant d’aller faire quelques courses. A la T.S.F. ils disaient ce matin que les jeunes gens ne bougeaient alors Gaston reste peut-être là-bas. Que vont être les décisions d’Hitler. Je me demande quand nous pourrons le savoir et ce que nous allons faire. Calme et sang froid comme le proclame la T.S.F. Je n’aurai quand même jamais cru il y a deux mois qu’on en serait là aujourd’hui, la France vaincue, cous voyez ce que ça représente, ce n’est pas possible. On devient fou avec tout ça. Et que va faire l’Angleterre. Rien ne sert à rien. Laissons les choses se faire. Si au moins

Lettre 103

Hotel Moderner

Saint Jean de Luz

Lundi 3 heures

Mon cher Roger,

Vous ne vous attendiez peut-être pas à recevoir une letre d'ici, mais malheureusement c'est un fait exact. A peine rentrée hier, papa rentre aussi et m'annonce que je pars le soir même pour ici où étaient déjà mes grands parents, et dare dare comme un paquet de linge sale à 10 h du soir j'étais embarquée sans aucune résistance d'ailleurs car à quoi cela aurait-il servi ? Et papa avait tellement envie de me voir partie. Il faut bien se soumettre aux volontés paternelles, mais je n'aurai pas cru tomber dans une ville aussi épouvantable qu'ici, moralement j'entends. Avant tout je veux vous dire que bien malheureusement à quelques jours près (1 jour exactement au fond) mon pari sur le pauvre Rouen était exact. Je veux bien tâcher d'être optimiste, mais j'avoue que cela m'est presque impossible. Heureusement j'ai l'espoir de voir bientôt Suzanne car autrement ce ne serait pas drôle tous les jours. D'autant plus qu'il n'y a probablement rien à faire ici. M'employer d'une manière quelconque dans une pharmacie me semble très difficile et il n'y ...

Je reprends cette lettre après avoir écouté le discours de Reynaud et l'optimise que j'essayais d eme forger sur vos bons conseils retombe en affreux pessimisme. O Roger, quelle chose épouvantable, que va devenir la pauvre France. Croyez-vous en un dernier espoir ? Ce serait tellement épouvantable si ils étaient victorieux et on se demande ce que nous pouvons faire. C'est affreux. Je ne sais ce qu'on fait ma soeur et papa ? Où sont-ils à présent. Ecrivez moi le plus vite possible. Que faîtes vous ? Je veux encore espérer ça me semble tellement monstrueux de voir Hitler dominer la France, n’est ce pas un horrible cauchemar que tout cela. Est ce que cela ne va pas vous rappeler plus vite en lasse et vous qui n’y croyez pas; au fond vous y croyez bien, vous verrez que toute l’Europe devra s’y mettre. en attendant, c’et nous qui prenons je pense à vous. Solange

Lettre 45

Hotel Moderne

Saint Jean de luz

Vendredi 21 soir,

Mon cher Roger,

Enfin une lettre de vous. Si vous avez mis tant de temps à recevoir ma 1ère lettre c’est uniquement de ma faute car je l’ai pas timbrée et ça a du la retarder. C’était le jour de mon arrivée et j’étais un peu abrutie, je ne savais pas non plus le département etc … Que faites vous, restez-vous là. Pas si les Boches avancent. J’ai heureusement des nouvelles assez récentes de papa, par un des ses amis qui est venu ici (très compliqué) et je sais que papa reste à Limoges, il trouve paraît-il qu’on y est même mieux qu’à Saint Jean de Luz, pourvu qu’ils ne soient as déjà sous les mains allemandes. C’est tout ce que je demande mais au communiqué ils ne sont que sur Clermont, aucune nouvelle de Jacquotte et Cie, qu’ont-ils fait ?

Ici je suis toujours avec mes grands parents et la soeur de ma grand-mère est arrivée il y a quelques jours aussi vous voyez que je suis entourée de jeunesse de 70 ans environ mais je ne suis pas à plaindre à vôté de tous les malheureux Ns cherchons maison ce qui est assez difficile et resterons probablement à St Jean de Luz. je ne fais pas grand chose de toute la journée. Il y a juste un hôpital près d’ici où j’ai offert mes services pharmaceutiques et le général en personne et en civil (oui monsieur) m’a reçue, rosette à la boutonnière, a pris mon nom sur un calepin et je pense ne plus avoir de ses nouvelles pendant X années. Je reprendrai ce chapitre demain matin car j’ai légèrement sommeil et pour une fois je veux désobéir à ces messieurs du gouvernement qui nous demandent de restreindre le volume des correspondances.

Lettre 47

Hotel Moderne

Saint Jean de Luz

Mon cher Roger

Je viens de recevoir 2 lettres de vous à la fois et j’en étais ravie. Je suis un peu bouleversée par tout ce qui m’arrive, un grand bonheur à la fois et une grande tristesse. J’aurai beaucoup voulu parler de nos projets à papa de vive voix, mais ce n’est pas possible aussi je viens de lui écrire en lui disant tout. Je suis sûre d’ailleurs qu’il sera content. Il ne demande qu’une chose c’est que je sois heureuse. Qu’allez vous faire maintenant du point de vue militaire , puisque l’armistice est signée et que je suppose que dans bien peu de temps la lutte va cesser. Pauvre France. Mais n’est ce pas que nous nous ferons quand même une vie heureuse, mais c’est dur de se dire que la France est vaincue. Le préambule d’Hitler hier, je l’ai trouvé horrible. Croyez vous que nous allons pouvoir rentrer à Paris. En attendant, je reste ici. Un jour on fait des projets, le lendemain on ne sait plus quoi faire. Je laisse ma grand-mère faire ce qu’elle veut, peut-être resterait-elle à l’hôtel et je logerais dans un petit appartement avec ma tante. Tous ces projets ni sûrs ni certains. Allez vous retourner en Corse où les Italiens bombardent toute la journée, j’espère que non. Heureusement que vous n’y étiez pas. Que de choses j’aurais eu l’année de mes 18 ans. Il y en a tant dont je me serais bien passé, mais d’autres dont je suis bien contente. Vous me voyez en femme mariée et respectable. Je trouve ça très drôle moi que tout le monde appelle Mademoiselle sans aucune hésitation. Je ne vis plus maintenant que sur les projets d’avenir. Pourvu que ce sale Hitler nous laisse vivre en paix. Je suis tellement anxieuse sur ses conditions. Elles doivent être bien dures. Je voulais vous demander : est)ce que vous avez été élevé religieusement ou non. Moi pas du tout mais je comprends qu’on le soit. Il faudra que nous parlions de ceci. C’est d’ailleurs ce que je fais ici avec ma tante avec laquelle nous discutons sur les religions et conversions. Il est une personne que vous ne connaissez pas et qu’il faudra que vous connaissiez et qui fait presque partie de la famille proche, c’est la personne qui nous a élevé mon frère et moi, Melle Laurence, c’est quelqu’un d’épatant que j’aime énormément. Elle n’est plus à la maison depuis 2 ans. Je viens d’avoir de ses nouvelles ce qui m’a fait très plaisir car je n’en avais pas depuis longtemps. Vous voyez que j’ai donc eu ce matin 3 lettres qui m’ont fait plaisir. Mais j’en attends d’ailleurs une 3ème de vous il me semble suivant ce que j’ai compris de vos lettres. Ce sera peut-être pour ce soir. Je sors après avoir écouté le communiqué qui ne dit rien de plus. Très affectueusement, Sol.

Lettre 46

Hôtel Moderne

St Jean de Luz

Mon cher Roger

Me voici enfin renseignée sur ce que vous faîtes ; je ne pouvais pas vous écrire vous croyant sur les routes de France et j’aurais bien pu le faire car vous étiez à Montpellier. Bien inutile la petite énigme, le illisible de la poste m’a illico renseignée. Ce soir je suis aux anges; j’ai reçu une lettre de papa (Papa+Catherine sont toujours à Limoges adresse : Chateau du Moslay, par Cousey, Haute Vienne). En réponse à la mienne, il est ravi pour moi et voudrais bien que j’aille les rejoindre. Mais moi j’aimerai tant vous voir que tout ceci est compliqué. Mais il fait si beau ce soir, et ne sachant rien de ce qui se passe dans le monde je me représente la vie du meilleur côté. J’ai annoncé mes fiançailles à ma grand-mère qui était ravie et elle m’a fait bien rire en me demandant mille détails sur vous. Pour revenir à des choses sérieuses voici mes projets très vagues d’ailleurs. Ici aucun moyen de locomotion, pas de train, pas d’autocar, peu d’essence. Ma grand-mère vient d’acheter cet après-midi une voiture ; mais elle ne sait ce qu’elle va faire. Papa pense rester encore quelques jours à Limoges, puis partir pour Paris dès qu’il le pourra. Il me conseille de venir le rejoindre à Limoges le plus tôt possible. Soit en auto si j’en trouve une, soit en train. Mais quand les trains seront rétablis ici, il sera peut-être déjà parti, dans ce cas j’irai directo sur Paris. Maintenant que ma grand-mère a une auto peut-être me conduirait-elle un peu. Au fond rien encore de décidé, vu qu’on est plutôt bouclé ici - Pas de nouvelles de Gaston, est-il resté à Angoulême, j’en suis presque sûre, ou vaque-t-il sur les routes ? Pourvu qu’il ne soit pas prisonnier, c’est l’essentiel mais je ne le pense quand même pas - Qu’allez-vous faire, quand êtes vous démobilisé ? Et quand vous verrai-je . De toute façon si je pars, je je vous télégraphie en même temps. J’ai reçu une lettre d’un oncle qui me fait les mêmes recommandations que vous au sujet de mes écritures, aussi suis-je très peu loquace aujourd’hui, n’est-ce pas ? Allez vous pouvoir reprendre votre travail. Moi je ne sais ce que je vais faire et tout cela m’est égal. Vu qu’on ne sait plus rien on ne vit plus que pour soi aussi je pense à vos tout le long du jour. Je vous quitte ce soir pour écrire à papa et à Gaston sans savoir s’il recevra ma lettre et en personne ultra-sérieuse, je vous baise respectueusement les mains et le coeur. Sol.

Lettre 95

Date : Mercredi 3 juillet 1940

Expéditeur : Tisom

Destinataire : Roger

Hotel moderne

St Jean de Luz

C’est toujours d’ici que je vous écris mon cher Roger, malgré mon vif désir de m’en aller. Mais je n’ai encore trouvé que mes jambes pour cet exercice et avec ma valise sur mon dos ce dont je ne me sens pas du tout apte malgré mon amour de la marche. Jusque quand vont-ils nous boucler dans ce trou. Si les trains pouvaient remarcher ce serait merveilleux. J’espère que j’aurai de vos nouvelles aujourd’hui, autrement qu’en songe, car voyez vous vous m’avez tellement accaparée (2c 2p ou 1c 1p je n’en sais rien) que j’ai rêvé de vous cette nuit. Ah oui, maintenant je me souviens je venais vous chercher et vous n’y étiez pas, c’était vraiment dégoûtant. il fait un temps si merveilleux ici que je vais me décider à me baigner aujourd’hui. Heureusement j’ai retrouvé une amie, car je déteste me baigner seule. Ici la mer est tellement calme que l’on doit pouvoir nager divinement. Je regarde toutes les voitures grises, malheureusement il y en a beaucoup trop et pas du genre que je cherche. Ma grand mère est en train de faire l’acquisition d’une Renault prima 4 ce qui n’est pas sans difficulté surtout qu’elle ne s’y connait pas beaucoup en voiture et moi non plus. Nous partons faire des petits tours avec le vendeur de l’auto qui me montre d’un air entendu tous les agréments de la voiture et moi naturellement je lui répond de même alors qu’au fond je n’y connais pas grand chose mais ça n’a aucune importance. J’espère au nous ne nous faisons pas rouler toute les 2. Je n’ai toujours pas de nouvelles de Gaston mais j’ai reçu une lettre de Jeanine Ulmio du 17 de Clermont, elles partaient toutes sauf M. Levy à Grannat chez Antoinette : chez Mme Salannes, place Dufour, Grannat Lot. Je vais leur écrire après. Y sont-elles encore, je n’en sais rien. Je ne peux même pas voir Suzanne ce qui me désole mais c’est un peu loin aussi pour y aller à pied. J’écris un peu et j’attends beaucoup le courrier, voilà ma journée. Je viens de descendre avec ma grand-mère et nous avons eu une grande conférence avec l’assureur pour la dite voiture entre assurance tous risques, tiers, etc. j’en ai la tête farcie. Chacun de tous les côtés nous donne des conseils soi disant de peur que nous nous fassions rouler, au fond c’est pour leur propre intérêt c’est tout à fait charmant. Je vis dans la plus parfaite ignorance des faits et gestes du monde, rien dans les journaux, rien à la TSF. Cela change d’il y a quelques heures où l’on ne faisait qu’écouter les communiqués. Comme toujours les on)dit marchent, mais que croire. Je voudrais bien vous voir, je m’ennuie un peu, ne faisant pour ainsi dire rien de la journée. Je suis en train de lire un bouquin de Ch. Plisnier (illustre inconnu pour moi) “Meurtres” assez macabre, lisible, sans grand intérêt.

Je m’arrête car ma grand mère vient me chercher pour me montrer tous ses anciens papiers d’assurance et nous allons nous plonger dedans jusqu’au cou. Je pense à vous et très affectueuses pensées

Sol.

Lettre 96 (carte postale)

Mon cher Roger,

Je vous écris de la gare de Bordeaux où j’ai le malheur d’attendre 3 heures mon train pour Limoges, mais c’est déjà beau d’avoir un train. Je vous redonne mon adresse à Limoges : Chateau de Moselay, pars Couseix, Hte Vienne. Ce n’est pas à Limoges même. Heureusement, j’ai trouvé un brave homme très gentil qui va aussi à Limoges et qui m’aide dans mes bagages. Je ne sais combien de temps nous resterons là-bas mais je suis ravie à l’idée de revoir ma douce famille. Quand allez vous être démobilisé ? C’est la seule chose qui m’intéresse. Je viens d’aller faire un tour de Bordeaux où j’ai vu une maison démolie, et le quartier tout à fait affreux. Aussi je suis revenue à la gare en désespoir de cause. A la gare de Bayonne j’ai vu Suzanne en superbe uniforme bleu ciel et blanc qui m’a chargée pour vous de ses meilleures amitiés. Elle n’a aucune nouvelle de son père. Pourvu qu’il ne lui soit rien arrivé. Ecrivez moi vite, j’attends tellement vos lettres et je suis sûre qu’aujourd’hui il doit y en avoir une à St Jean qui m’attend. Ce serait rageant. J’ai pris hier un bain de mer exquis, mais la plage est très désagréable. je voudrais bien être arrivée, c’est tellement assommant d’attendre comme celà inutilement et je me demande si je peux aller déranger les amis de papa à Limoges à 10h du soir, si c’est convenable, mais je crois que je le ferai quand même car d’aller à l’hôtel m’ennuie encore plus. Quand vous verrai-je maintenant ? La permission aller-retour Limoges est + courte que St Jean et en même territoire, donc solution toute résolue mais malheureusement encore non réalisée. Papa m’a écrit tout l’itinéraire pour aller au Moslay mais sans faire attention ai mis la mettre au fond de ma valise, aussi je ne sais comment je ferai.

Excusez cette carte idiote mais je suis aussi mal fichue pour écrire qu’autrement, cela ne gêne personne mais je me sens abrutie au possible et n’ai plus que le courage de manger des pastilles de Vichy.

Mille affectueuses pensées

Lettre 51 (carte postale)

Vendredi 5 juillet,

Chateau du Moslay

par Couseix

Hte Vienne

Mon cher Roger je recommence cette fois de la gare de Limoges où je passe la nuit. C’est un voyage fait de beaucoup plus de stationnement que d’avancement ce qui est rudement embêtant. Mais je ne pouvais tout de même m’amener chez des gens que je connais à peine à Minuit et en plus pleine nuit, sans aucun moyen le locomotion et ville inconnue. Mon brave homme a fait comme moi. La gare est pleine de réfugiés qui couchent par terre de tous côtés et j’ai essayé d’en faire autant ce qui m’a laissé dormir deux heures. Et je continue à manger mes pastilles de Vichy qui me donnent mal au coeur. Mon brave homme m’a donné le journal de ce matin qui n’est pas très réjouissant. Quand est-ce que nous pourrons apprendre quelque chose d’un peu meilleur. Tâchez de venir ici, aucune difficulté vu que nous sommes dans la même zone. Vous me direz que je radote, je réplique que je suis encore plus abrutie qu’à Bordeaux et que je ne peux plus exprimer que les seules choses à quoi je pense. Pour la 1000e fois je regarde ma montre et il n’est que 4h1/2 que le temps est long quand on le regarde passer ainsi minute par minute à peu près. un enfant pleure, cette gare est affreuse je voudrais bien en sortir. je n’ai plus rien à lire et j’ai mal au ventre quoique je n’ai rien mangé que ces sales pastilles de Vichy. Je voudrais que tout redevienne un peu tranquille, cette vie de déplacements continuels est vraiment assommante. On peut dire que j’ai le cafard ce matin, j’aimerais vous avoir pour me remonter un peu. Enfin je pense que ds quelques petites heure je vais voir papa et Cath. Il y a continuellement un ascenseur qui marche et m’intrigue. Comme tjrs, écrivez moi. Je vous embrasse S.

Lettre 41 (abîmée)

Chauteau du Moslay

par Couseix

Hte Vienne

Mon cher Roger,

Me voici enfin arrivée après ce long voyage. Et j’ai été reçue par papa comme un chien dans un jeu de quilles, à part ça cela n’a aucune importance. Et ceci après m’avoir écrit de venir, il m’avait écrit de ne pas venir parce qu’ils étaient déjà extrêmement nombreux, mais avec la lenteur du courrier, je n’avais pas encore reçu ces lettres.

Ca l’ennuie vis a vis de son ami que nous soyons tous ici surtout que Gaston a eu exactement la même idée que moi et était arrivé la veille au soir. partie coupée moi je suis bien contente d’être venue car coupé il b’y avait plus de train et je me coupé coincée ici que là bas. surtout que pour la coupé tout s’arrange très bien. Pierre malheureusement coupé soit arti chez des amis près d’ici et coupé ne verrai je pense que ce soir. C’est fou ce que la guerre a pu changer papa, il est tellement ner coupé et énervé c’est effrayant. Il est impossible de lui parler 2 minutes. Dès que nous le pourrons nous comptons repartir pour Paris. Cette vie de changement perpétuel et d’insécurité est effrayante et j’en ai par dessus la tête. Heureusement vous êtes un peu plus calme que papa, son agitation me rend malade. A quoi sert de se faire tant de soucis, on vivra tjrs d’une manière ou d’une autre, évidemment le pauvre n’a pas notre âge ce qui change bien des choses. Dites-moi un peu vos projets. Si vous pouvez en avoir après la démobilisation qui sera bien longue j’ai peur. Dans la maison ici qui est énorme il y a une foule de personnes que je ne connais ni d’ève ni d’adam et qui sont assez coupé sympathiques dans l’ensemble. On doit être coupé à table. Et dans la propriété il y a une coupé de réfugiés, et des soldats. Papa cherche coupé un appartement à Limoges car coupé on pourra rentrer à Pairs Je coupé cette solution que de rester coupé

monde, mais Limoges est bondé et archi bondé de réfugiés en masse, combien de gens couchent dans leur voiture et les soldats en masse aussi. La nationalité des soldats a d’un coup tout à fait changé pour moi ce qui fait assez drôle et evidemment d’aspect plus piteux ici que là bas. Gaston a fini Centrale pour cette année, il a même son brevet d’aspirant ce qui lui sert vraiment à rien au pauvre au point om nous en sommes, l’école doit rouvrir l’année prochaine à Paris. Heureusement je pense à vous toute la journée et tout le reste s’envole miraculeusement, je ne souhaite plus qu’un peu de calme et tranquillité et une vie heureuse. Papa est vraiment trop pessimiste, pas tellement d’ailleurs au point de vue de la guerre m^me coupé pour tout, moi il me rend malade. Heureusement Cath. va rentrer et c’est une malchance qu’elle soit partie juste hier. J’ai coupé brave cuisinière qui trime toute l ajournée coupé il faudrait bien pour cela que tout coupé un peu et cela me semble bien compliqué. Je jcoupé nous seront rentrés à Paris ce sera déjà quelque chose et pourvu que nous soyons plus coupé La campagne ici a l’air ravissante et j’espère faire des ballades. Limoges que je ne connaissais pas du tout est affreux, grande ville grise, et sans aucun intérêt ; ici nous sommes à 5 km de Limoges ce qui est agréable mais l’approvisionnement est paraît il très compliqué, surtout pour une si grande maison. Toutes les dames ici vont au centre d’accueil s’occuper des réfugiés, une file interminable tous les jours devant, on leur donne à manger etc. Je pense y aller naturellement aussi. Très peu de blessés militaires. Ceci ma parait un mystère, jamais on ne voit nulle part de vrais hôpitaux militaires , avec de grands blessés, on se demande où ils sont. Ecrivez moi, je pense que vous avez bien mon adresse.

Je vous envoie milles affectueuses pensées et voudrais vous avoir avec moi.

S.

Lettre 52

Moslay

Le 10 juillet

Ce matin une lettre de vous, mon très cher, plus vieille que celle d’avant hier; mais déjà de voir votre écriture sur l’enveloppe me fait un immense plaisir. La vie ici continue toujours pareille agrémentée de petites promenades dans la propriété qui est très agréable et énorme. Tout le onde dans l’ensemble est très sympathique , tous gens très musiciens, piano, TSF, phono marchent beaucoup et chant aussi. Etes-vous musicien ? J’aime entendre la musique mais suis nullement musicienne. Savez-vous qu’un de mes oncles; le mari d’une soeur de maman vient d’échouer à Montpellier : Commandant Maurice Debray, il est médecin (en képi rouge pour plus de précision). Si vous aviez l’occasion de le voir, je vous donne carte blanche. Il est tout à fait gentil. C’est la seule personne que je connaisse dans cette ville du moins pour l’instant. Il doit avoir plus d’un mètre 80 comme autre renseignement. Vous n’avez vraiment pas de veine pour la démobilisation. Ni agriculteur, ni habitant la zone libre, ni soldat, ni dépassant la soixantaine ; absolument rien, rien, rien et moi je suis dans l’eau à attendre, toujours attendre. D’ailleurs je ne connais personne qui le soit encore, aussi ne perdons pas patience. J’essaie de lire des romans policiers mais ce genre de lectures ne m’a jamais tellement intéressée et le soir je dors dessus sans autre résultat. Il faut faire trop attention pour comprendre quelque chose et j’ai l’esprit à bien d’autres choses. Je n’ai même plus le courage d’écrire à Suzanne, vous voyez comme vous êtes favorisé. Il fait affreusement lourd dehors et c’est sans enthousiasme que j’irai me promener tout à l’heure jusque Couseix (la seule chose c’est que votre lettre partira, tandis qu’ici même il n’y a pas de village); Je suis dérangée par ma soeur qui vient montrer dans la chambre à une jeune femme qui habite ici je ne sais trop quoi de nos affaires. Le fil de mes idées est coupé. Aussi je stoppe en vous envoyant mes meilleures pensées qui sont avec vous toute la journée. Ecrivez moi beaucoup. Sol.

Lettre 96 (carte postale)

Même adresse

Quelle surprise ce matin ! mon cher Roger. Et savez-vos que je ne l’ai jamais lu vraiment, c’est une occasion admirable. J’en connais les passage remarquables mais c’est à peu près tout. Pour me changer de la couture, ça va être épatant. Je vous écrirai mon opinion lorsque je l’aurai lu. Vous aviez raison sur Suzanne, que voulez à elle particulièrement c’était impossible à cacher et cala n’a aucune importance. Que vous dire sur Montargis ? Came semble bien difficile et c’est plus à vous de juger qu’à moi. Vous y avez déjà été. Comme je suppose que vous n’avez pas l’intention de vous tourner les pouces, vous ferez sûrement pour le mieux. Ce serait évidemment plus facile si nous pouvions parlez de vive voix. - mais il faut une fois de plus se résigner. Ici nous continuons toujours la même vie très calme et pas désagréable. Hier soir à table depuis longtemps que ça ne m’était pas arrivé j’ai eu un four rire épouvantable à propos de blanquette de veau et qui a failli mal tourner pour quelqu’un à cause d’une dame idiot et ensuite nous avons joué au ballon ce qui m’a un peu dégourdi de l’apathie habituelle que j’ai. Avez vous vu mon oncle, je sais aussi d’ailleurs que sa femme est allée le rejoindre. On joue beaucoup au bridge ici mais mes capacité dans ce jeu ne me permettent pas de m’y mêler, aussi j’attends que d’aimables personnes consentent à m’apprendre à fond car c’est idiot de ne pas savoir.

Hier soir nous avons tous écouté Pétain. A mon avis tout ce qui se passe est plutôt catastrophique. C’est le fascisme qui s’infiltre peu à peu et la fin de la liberté. Espérons que je vois trop en noir, mais je n’ai aucune confiance dans un homme de 83 ans. Il faudrait voir les dessous. J’ai légèrement mal à la gorge et je m’enrhume, oh la la la. Catherine vous fait dire bien des choses (et c’est d’elle absolument, ce n’est pas une phrase jolie ajoute-t-elle car elle est à côté dans la chambre). Avez vous eu l’autorisation du bain de mer. Ici il y a bien des étangs mais je ne me sens pas grande envie d’y faire un tour. J’ai écrit à Jacqueline mais je n’ai pas encore de réponse naturellement. J’ai peur que monsieur soit prisonnier. Je vais aller porter cette lettre à Couseix. Tâchez de venir ici, cela me ferait tellement plaisir et merci encore pour le bouquin, mille bonnes pensées

Solange

Lettre 50

Deux lettres de vous ce matin, cher lieutenant, qui m’ont fait grand plaisir, surtout qu’elles étaient relativement récentes. Je dois vraiment bien mal m’expliquer dans ma correspondance car vous avez compris tout à fait de travers. Mes hôtes comme vous les appelez dignement n’auraient jamais pu vous inviter puisque aux yeux de tous personne ici ne connait votre existence quoique au fond je crois qu’ils la connaissent un peu, mais rien d’ouvert, ainsi j’ai la paix et la tranquillité. Aussi votre lettre m’a bien fait rire. D’ailleurs pour vous loger je crois qu’ici c’est impossible vu le monde qui y est déjà mais à Limoges on doit quand même trouver un toit et ce ne serait pas cela qui vous empêcherait de venir je pense, mais vous ne m’avez pas l’air très sûr sur le point de vue. Merci pour la longue explication Sée, vous pouvez être sûr qui ne sauront rien pour la bonne raison que nous ne les voyons jamais. Justement ds ma lettre d’hier je vous demandais des nouvelles d’Etienne, voyez comme les grands esprits se rencontrent et vos m’en donnez ce matin. Ce qui ml’a fait encore plus plaisir c’est d’avoir reçu une lettre de Janine me racontant toutes les péripéties de la famille. Monsieur Lévy l’a échappé belle : la veille de l’occupation il était parti en mission pour St Flour et la famille (Je radote complètement, c’est malheureux, vous le savez aussi puisque vous même me l’avez écrit) Tant pis

Je vous envoie mille baisers en vitesse car nous allons bientôt descendre à Limoges où j’emmène la lettre

Lettre 44

Le Maslay

par Couseix

Mon cher Roger,

Le courrier a parfois des lubies extraordinaires. Je reçois ainsi une de vos lettres du 5 Juillet me donnant rendez-vous à Toulouse, Hôtel de Bordeaux, voyez-vous ça, alors que je suis à Limoges, mais cher monsieur, vous divaguez (avec u ou sans u) complètement. Heureusement pour moi que c’est la poste qui en est cause. Vous me demandiez l’adresse de Suzanne, je crois d’ailleurs que vous l’avez déjà, je vous la redonne pour plus de sûreté. Villa biena avenue Dubrocq, Bayonne (moi aussi je deviens complètement folle). Il faut que je lui écrive, je remets toujours et résultat 0. Pluie torrentielle depuis quelques jours ce qui nous force à rester presue toute la journée dedans à tricoter et à musiquer, légèrement lassant à la fin. Ce matin nous avons fait des course dans Limoges, je n’ai jamais vu une ville aussi antipathique. C’et affreux depuis le début jusqu’à la fin et je commence à croire que vous aviez raison en me disant que la gare était ce qu’il y avait de mieux. Je regarde toujours sije ne vois pas une affiche de démobilisation pour les gens de cache unique et seule convenable catégorie, mais toujours rien, il me va falloir rélcamer à ces messieurs, c’est exagéré. Si au moins on vos avait mis à Limoges, mais Montpellier, au bout de la terre, quel toupet, vous n’auriez pas pu choisir la ville où j’étais.

Ici quoique nous fassions rien du matin au soir, c’est fou ce que l’on peut être abrutie, moi particulièrement, j’aurai besoin de votre présence pour me retaper. Vous faut-il un petit carton très en règle ou n’est-ce pas nécessaire et vous verrai-je déboucher de l’allée verte un de ces 4 matins, vous savez comme je le souhaite, j’en ai bien assez d’être loin de vous et d’être obligée de vous écrire pour vous avoir. Pauvre de moi, suis-je à plaindre ? Pas de nouvelles de Lévy, mais aussi je me suis trompée de patelin Grammat au lieu de Gramat qui est le vrai, j’espère que ça arrivera quand même. On commence à recevoir des lettres de Paris mais toujours impossibilité d’y rentrer. Il fait de plus en plus noir et et de plus en plus triste dans ma chambre, pour un mois de juillet c’est dégoûtant. Et mon cher professeur Etienne Frois que devient-il ? C’est à cause de lui chaque fois que je vous écris je suis obligée de réfléchir une heure avant d’écrire un mot de peur d’y fourrer une faute, et m’a déjà corrigé mes lettres avec tant de sévérité que je meurs de peur

Le lendemain matin

Nous avons vu hier soir un commissaire de police venant de Paris direct et y disant la vie facile assez maintenant, pas de prises d’appartements sauf de plusieurs I. Nourriture très possible. Je vais aller déjeuner et vous embrasse tendrement

S.

lettre 40

Samedi 20 juillet

C’est de mon lit mon cher Roger que je vous écris aujourd’hui car je ne sais pas pourquoi j’ai un peu de fièvre mais autrement je vais très bien et pour vous rassurer la faculté représentée par un médecin de la maison m’a déclarée que ce n’était absolument rien et je pense être levée demain. Une petite journée à paresser n’est pas du tout désagréable. Je reçois des visites et lis un bouquin très bien de Stefan Zweig “le chandelier enterré”. Bravo pour les trains Montpellier Limoges et encore plus pour les permissions. Tâchez de me prévenir pour voir un peu pour un logement qui qui doit être d’ailleurs très difficile mais on se débrouillera tjrs. Pour l’envoi demandé j’y pense et je veux bien le similaire. Comment marche ce ping pong de l’autre soir ; vous pourrez faire des matches avec Gaston qui adore ça et ne jour pas trop mal d’ailleurs. Vous êtes bien gentil de me dire que votre démobilisation sera ultérieure au 1er août, je ne m’étais pas fait d’illusions sur cela, mais j’espère que ce ne sera pas pour les Kalendes grecques.

Il se joue dans le f-jardin une grande partie de basket ball dont j’entends les coups de sifflet jouée entre civils et militaires et qui doit être passionnante comme elles le sont d’habitude. Excusez cette lettre encore plus cochonne que d’habitude. Vous savez que la province ne me déplairait pas du tout pour habiter et parmi toutes vos nombreuses connaissances de succursales j’espère qu’il s’en trouvera une rêvée. Je suis en train d’étouffer de chaleur je ne sais pas trop pourquoi. Moi qui ai horreur de me soigner mais alors horreur ça tombe bien. J’ai d’ailleurs toujours un appétit zéro et aussi vous voyez que ce n’est pas bien grave. Mes plus bonnes pensées

Lettre 104

Mardi soir

Chateau de Moslay

par Couseix Hte Vienne

Mon cher Roger,

Dès ce matin j'ai reçu votre mot et eu des nouvelles de votre très honorable personne. Depuis hiers soir 11h, j'ai l'aimable compagnie de ma soeur qui avait été 2 jours chez des amis près d'ici ce qui me rend le séjour ici bien plus supportable. Nous sommes ici environ 28 dans la maison même, tous gens que je ne connaissais pas du tout mais avec qui je fais petit à petit connaissance et qui son très sympathiques (le très est peut-être superflu) dans l'ensemble, un peu genre artistes, et qui vous ::changent:: un peu. Pour quelques jours cela va très bien, après cela doit être un peu lassant, et papa ne souhaite qu'une chose partir. Ils me disent de vous dire qu'ils seraient ravis de vous voir ici, aussi vous savez ce qui vous attend, quoique vous sachiez à quel point je m'intéresse peu à votre personne (mon stylo crache et mes genoux sont une bien mauvaise table).

Réexpliquez moi, please votre parenté avec les Sée, cela intéresse vivement papa et je m'y suis perdue dedans. Cet après-midi nous avons été pas mal à Limoges acheter des chaussures (j(ai repensé à vous une fois de + dans la journée car une jeune fille a acheté des chaussures marque à l'Aigle) et nos acquisitions furent si nombreuses que les militaires nombreux nous interpellaient nous demandant ce que nous en faisions; il faut bien s’occuper comme on peut. La maisons ici est naturellement toujours archi comble. Heureusement les gens sont très accueillants. Je n’ai toujours pas écrit à Jacqueline; mes capacités littéraires étant au grand ralenti, je garde précieusement les quelques unes restantes pour une certaine ville du Midi que vous avez peut-être l’heur de connaître et je souhaite que bientôt je n’aurai même plus à le faire du moins pour quelques jours. Avec patience et attente toutes mes meilleures pensées, cher ami. S.

Que faites vous toute la journée

Lettre 19

Je viens d’apprendre par une lettre de Solange la grande nouvelle, mon vieux Roger : tu devines combien j’en suis heureuse pour vous deux qui comptez parmi mes amis les plus chers.

Je crois ne t’avoir jamais dit de mal de Sol qui est une fille épatante !! pour laquelle, tu le sais, j’ai une très grande affection. Tu ne pouvais mieux choisir, mon vieux Roger; et je t’assure que je comprends ton choix.

Heureusement (pour moi !)que vous n’êtes pas ensemble actuellement car je ne peux que te répéter sous une forme un peu différente ce que je viens d’écrire à Solange ! Ca me fait une drôle d’impression que tu sois fiancé et que Solange soit fiancée, encore plus. Mais au fond cela ne m’étonne pas que vous soyez fiancés ensemble - cela ne m’étonne pas tant que ça : vous êtes faits pour vous entendre (français déplorable ! tant pis !)

Si tu sais quelque chose des Grumbach dis le moi.

Rebravo !

Je veux simplement vous dire à tous deux combien nous participons à votre bonheur, et que vous êtes disons l’un de l’autre, pleinement

Et je souhaite que tu puisses le plus tôt possible mon vieux Roger , te diriger vers Limoges où je crois que tu es attendu avec impatience !

Ici rien de nouveau depuis ma dernière longue lettre - tantôt Papa espère pouvoir aller à Paris une fois démobilisé, tantôt on ne sait plus que penser. Hier une lettre de nos amis Berr, près de la Baule, nous a appris qu’il attendaient leurs laissez passer pour rentrer tous le plus tôt possible en famille à Paris. je crois que les familles qui rentrent à Paris actuellement cela est plutôt rare Mais les Berr sont de toute façon en territoire occupé.

Nous avons eu il ya quelques jours la visite d’un colonel venant de Eauze et qui nous a apporté de bonnes nouvelles de tes parents.

Mon cher Roger, je n’ai plus grand chose à te dire aujourd’hui sinon à te féliciter encore avec toute mon amitié et aussi que j’espère un jour viendra où je pourrai vous voir Solange et toi réunis et au comble du bonheur.

Cette fois ci je te quitte en espérant bientôt de tes nouvelles

jacotte

et encore bravo pour ton choix tu sais

Lettre 98

Samedi 20 juillet,

Mon cher Roger,

Puisque je sais que tu sais que je sais ce qui est, je t’écris aujourd’hui ma lettre officielle de félicitation.

Mais comme je trouve le mot de félicitation absurde, je veux tout simplement te dire que je me réjouis de tout coeur de votre bonheur, que je suis ravie d’être dans le secret (Solange m’en avait parlé à mots couverts quand j’étais encore à Bordeaux, où nous avons pu bavarder tout à loisir, le seul jour où nous nous sommes vues ici.

Solange fiancée ! Cela me fait un drôle d’effet tu sais.

Comme tu le dis ça doit être épatant d’oublier tout le reste pour passer à vos projets.

Je voudrais tant que vous puissiez bientôt vous voir. Crois-tu être démobilisé dans pas trop longtemps ? Il ne me semble pas impossible que octobre prochain nous voit tous réunis à Paris. Je me fiche pas mal des conditions de vie : on ne demande plus qu’une chose pour soi, pouvoir se retrouver entre gens qui s’aiment, que cet affreux dispersement cesse. Voici quelques nouvelles des illisible. De papa nous n’avons toujours rien. C’est bien long d’autant plus que maintenant les nouvelles des prisonniers arrivent.

Etienne Frois est prisonnier à Pithiviers, Loiret. Ses parents ont reçu un mot. Dans ce même Pithiviers, est également un des frères de maman. Un autre des fils Frois est également prisonnier. Idem pour Jacques Levy, le fils d’Esther. Malheureusement lui doit être en Allemagne. Quand on pense qu’il a perdu son frère à l’autre guerre.

J’ai rétabli le contact avec Micheline Lévy qui est à St Servan Je viens de recevoir justement une lettre ce matin. Elle est toujours sans nouvelles de son beau frère depuis le 20 Mai.

Aux dernières nouvelles , Nicole B. ne savait toujours rien de son oncle Olivier Meyer

Nous continuons a mener une vie ultra cale. On se baigne, on lit.

Rassure-toi sur les “fuites” éventuelles pour Sol et Toi. Je n’avais nullement l’intention de prendre ma plus belle plume pour aviser Oncle Jacques de la nouvelle. Et ce n’est pas à Pierre, à qui je n’écris d’ailleurs presque jamais que j’irais raconter des choses pareilles.

A bientôt ?

Je t’envoie toutes mes amitiés. Je vais écrire tout à l’heure à ta promise !

Suzanne

lettre 3

Objet : demande de permission exceptionnelle

J’ai l’honneur de solliciter de votre haute bienveillance, au retour ( ?) du capitaine Ravice, d’une permission exceptionnelle pour Couseix, près de Limoges (Haute Vienne) pour les motifs ci-dessous

Titulaire d’un congé de convalescence que je devais passer à Paris et terminer le 2 juillet, j’ai du dès la mi-juin quitter Paris en hate et ai repris mon service au dépôt du génie n°28 dès le 19 juin.

J’ai quitté Paris le jour même où se décidait nos fiançailles et sans même avoir pu voir les parents de ma fiancée. Etant de classe jeune (1931) et non démobilisable très prochainement, il me paraît pour moi d’une très grande importance de pouvoir prendre contact avec la famille de ma fiancée et elle-même avant de prendre des décisions engageant l’avenir au moment de ma démobilisation. Le retour prochain à Paris de cette illisible rendra évidemment plus difficile ce contact à une date ultérieure

Avis du capitaine commandant la compagnie :

Très favorable, le lieutenant Rambach s’est dépensé sans compter depuis sont arrivée à a Cie pour la bonne marche des services. Le motif invoqué devrait permettre l’octroi d’une permission exceptionnelle

Avis du chef de bataillon :

Favorable Le Capitaine illisible dispose d’un encadrement suffisant. 1 Capitaine / 2 lieutenants

Lettre 53

Chateau Moslay

Couseix

Lundi 21 juillet,

Mon cher Roger, tous les jours un mot de vous c’est merveilleux. J’ai reçu hier une longue lettre de Jacqueline, je lui avais dit et elle m’a écrit très gentiment, monsieur et madame y ont ajouté aussi. Un jour votre capitaine file, le lendemain vous demandez une permission, tout va très bien. Malheureusement les trains ont l’air un peu bizarre. , un jour oui, un jour non. Enfin il ne faut pas désespérer. Je suis levée depuis hier déjà mais toujours un peu patraque. Je pense que cela va quand même finir bientôt. Ici toujours rien de nouveau, je pense à vous du matin à soir et jeu peux dire souvent du soir au matin dans mes rêves. Je ne sais si étouffez à Montpellier, ici il pleut toutes les eaux du ciel. Aujourd’hui c’est le comble sans arrêt. Papa serait ravie de vous voir mais il s’inquiète beaucoup sur le moyen dont vous pourriez vous loger. C’est tellement ennuyeux de ne pas être chez soi et de pouvoir avoir les gens que l’on veut. Mais moi je suis sûre que cela s’arrangera bien. Papa en a par dessus la tête d’être ici et voudrait pouvoir s’en aller mais c’est si difficile. Vous vous occupez bien entre le bridge, ping pong, cinéma, vaut mieux.

Je vous envoie mes meilleures pensées. S.

Ce n’est pas bien long cette lettre, tant pis. Vous ferez mes amitiés à Jean-Louis. merci

Lettre 42-43 (43 rescan de la 42 mal scannée)

Mon cher Roger, je pense savoir demain le résultat de la sentence, sera-t-elle bonne ou non ? Cette incertitude est affreuse mais patience comme diraient nos bons parlementaires. Et peut-être vous verrai-je arriver un de ces matins frais et dispos. Pour venir ici je vous préviens tout de suite que de Limoges on ne passe par par Couseix, on prend par la route de Paris, il faudra que vous tâchiez de vous faire expliquer, il y a des tramways et quelques kilomètres à pied. Le matin je me lève vers Midi 1/2 (déjeuner à 1h1/2) vu ma grave maladie qui est de l’anémie paraît-il et l’après-midi je traîne de fauteuil en fauteuil. je ne sais vraiment pourquoi je suis comme ça, en tout cas dès que je fais quelque chose je suis claquée et le bon docteur a assuré que ce n’était absolument rien mais que ça pourrait durer ainsi environ 2 mois, il est réjouissant cet homme et je ne veux pas le croire. Mais je ne crois pas que ce soit grand chose. Avez-vous des nouvelles côté Hutchinson ? Je regardai tout à l’heure le nouvel échelon de démobilisation mais toujours rien qui vous concerne. Je viens de lire un livre très amusant Rebecca, l’avez vous lu ? c’est traduit de l’anglais, pas grand chose dedans mais cela fait passer une journée très agréablement Moi quand j’ai un livre de ce genre je ne puis plus le quitte. Résultat : plus rien à faire aujourd’hui. Si vous recez mal mes lettres ce doit être à cause de la petite poste de Couseix. Comme il n’y a pas de boîte ici, on est toujours obligé de donner les lettres aux uns et aux autres et elles cont peut-être mises avec plus ou moins de retard. En tout cas, si je ne vous écris pas assez, soyez bien sûr que je pense à vous tout le temps. Après la lecture de la lettre famille Lévy, papa m’a fait de grands compliments sur vous, voyez-vous ça. Autres compliments de la part de Suzanne qui m’a dit avoir recevoir une lettre de vous fort gentille suivant son expression ; la pauvre n’a toujours aucune nouvelle de son père, ce serait épouvantable s’il lui était arrivé quelque chose ; maintenant on reçoit des nouvelles des prisonniers d’un peu partout. Elle me dit aussi que ce cher Etienne est prisonnier, ainsi que son oncle Ado Dreyfus. C’est fou le nombre de prisonniers qu’il peut y avoir. Un monsieur, une dame et leur petite fille qui étaient là sont rentrés à paris il y a 2 jours en train, nous n’avons pas encore de leurs nouvelles mais je les suppose à bon port. Toujours temps de pluie. Cath. et Gaston collectent les girolles qu’ils trouvent en petite quantité. J’en ai assez d’être ici. Je voudrais tellement commencer une vie avec vous et ne plus être continuellement dans cette incertitude de faut. Que va donner cette guerre All. Ang. , je suis à peu près sûre du résultat final mais se trompant toujours pendant cette guerre, peut-être en sera-t-il tout autrement. De toute façon ça ne doit pas être très agréable de vivre en Angl. pour l’instant. J’entends d’ici les sirènes qui doivent marcher toute la journée. Quand on a une maladie de coeur ! J’ai écrit hier à ma tante Debray pour lui dire la chose vu que je l’ai dit à ma famille proche et cela ne m’étonnerait pas qu’elle tâche de vous voir, la curiosité dans ce sens ne manque pas chez nous. Je me trompe peut-être. C’aurait été son autre soeur, elle l’aurait sûrement fait. Si vous aviez vu la lettre adorable qu’elle m’a écrite à ce sujet. Il faudra que je vous la montre.

Je n’ai aucune photo de moi sauf une affreuse petite carte d’identité

J’attends une vôtre. Je viens de faire pile ou face et vous venez suivant en aussi et bons baisers

S.

Lettre 49

Lundi soir,

Mon cher Roger

J’ai reçu cet après-midi ton télégramme qui m’enchante et je t’attends avec impatience pour un de ces jours. Paris me semble la ville rêvée et tu sais à quel point je l’aime un peu plus que certaine ville d’Espagne. Je t’attends : toujours le matin vers 11h1/2 pour nos promenades matinales et bien malheureusement personne n’arrive et je reprends mes habitudes paresseuses à ne presque pas sortir, quoique cet après-midi j’ai fait Couseix aller-retour. Hier soir pêche aux écrevisses jusque minuit qui n’a pas donné grand chose. Je pense que nous allons te voir arriver d’un jour à l’autre ce sera merveilleux, surtout si l’on peut continuer sur Paris et de loà nous n’aurons plus qu’à chercher ds Neuilly ou X endroit (c’est bien sans le faire exprès que j’ai écrits cet X sans penser que tu le détestais, pauvre chéri). Demain nous recoursons dans Limoges.

Je m’arrête pour aller me coucher et t’embrasse de tout mon coeur et à bientôt j’espère

S.

Papa est couché et vous fait ses amitiés et me charge de te dire qu’il sera très content de faire le voyage avec toi pour toi et pour les bagages si possible

rebaisers

Catherine me fait recommencer pour la troisième fois et t’embrasse

Lettre 55

22/07/1940

Pas une lettre, certificat de visite medecin militaire accordant à Roger 8 jours de convalescence

Lettre 54

Saint Pierre de Venacole 25 juillet 40,

Mon cher Ami,

Je viens d’avoir votre lettre du 11 juillet. Celle de Cagnac nous avait précédemment rassuré sur votre sort. Après l’invraisemblable catastrophe, on se compte et on se réjouit, malgré tout de voir ses parents et amis encore en vie.

Nous avons donc été heureux tous ici d’avoir de bonnes nouvelles de vous. Voici en retour ce que vous annonce “radio St Pierre - Riventosa” : Claffa est rentré à Paris au titre SNCF depuis une dizaine de jours. De Bignicourt et moi restons les seuls “survivant” de la DI 220.à Riventosa, Chenais a rejoint le bercail, puisguet et lui se serrent donc contre leur capitaine et mentor.

Les 2 compagnies sont dissoutes depuis le 17 . Elles continuent de cantonner à St Pierre et Riventosa mais sont administrés par le dépôt 75 qui les démobilise progressivement. Malheureusement les bateaux sont rares et il y a du retard sur l’horaire officiel de libération.

On a rendu le matériel. On a liquidé la comptabilité que je vais adresser au dépôt 28 dès aujourd’hui.

Après quoi nous attendrons. Ces jours-ci, belle ballade au Rotondo avec une douzaine de sapeurs. De Bignicourt a pu aller au Cristo. Il fait chaud agréablement ici.

Pour ce qui me concerne plus personnellement, j’ai été peiné d’apprendre que mon jeune frère avait dû être amputé du bras droit, à l’hôpital militaire de Lorient blessure de fin de guerre en Normandie ! Par ailleurs beaucoup de copains prisonniers.

Ma famille est à Nantes.

Je compte rejoindre mon ancien poste d’Annecy dès que je serai démobilisé. Ensuite je ne sais pas. Il faudra voir ce que donnera la réorganisation du pays et ce qu’il adviendra de la guerre anglo-allemande. L’Europe sera-t-elle réaménagée par Hitler ou Churchill. Il reste à la France quelques petites possibilités de se faufiler, de “nager” pour éviter de mourir. Ce n’est pas très brillant ! Il reste aussi l’âme de la France qui imprègnera même les vainqueurs.

illisible mon vieux Rambach! Ecrivez moi à Annecy, génie rural, 6 av Bouvard et dites moi ce que vous comptez faire.

Bien cordialement, toujours, Ch. David

Lettre 57 (carte postale)

En Calquât, Dimanche de Pâques,

Mon vieux Gaston

Un petit mot pour te remercier de ta gentille invitation et pour l’agréable moment que tu m’as fait passer. Bien arrivé ici, ma mère est bien rassurée par une lettre de mon frère qui se porte bien à Limoges. Dont tout va pour le mieux Remercie encore Mr Richard pour moi.

Amicalement à toi,

L. illisible

Lettre 6 et 6b

Mon cher Roger,

J’ai été très heureux d’apprendre hier la bonne nouvelle de tes fiançailles. Voici du moins un bon rayon de soleil, en ce temps si sombre et menaçant. Je te félicite bien affectueusement, et te prie de présenter mes hommages et mes compliments à ta fiancée que l’on dit tout à fait charmante. Tes parents et grand parents doivent être dans la joie.

Je reviens de Langlée et de Paris où j’ai été passer cinq jours. Les usines ne travaillent pas encore, car les stocks ont été mis sous séquestre par les Allemands et nous n’avons pas le droit d’y toucher. D’autre part, lorsqu’elles pourront de nouveau tourner, les usines ne pourront le faire qu’au ralenti, de façon à faire durer les approvisionnements en matière première, dont le renouvellement sera très difficile, sinon impossible.

Dans ces conditions, je ne crois pas qu’il y ait urgence à ce que tu rejoignes ton poste,et le mieux serait sans doute que tu restes mobilisé le plus longtemps possible, et que tu écrives à Mr Moire, qui est à Puteaux, pour lui demander quand tu devrais rentrer.

Nous avons créé à Vichy un petit bureau d’une douzaine d’employés, pour s’occuper des créances sur les clients dans la zone non occupée et sur les administrations. J’y reste pour le moment avec Raymond Dorces , en allant à Paris de temps à autre.

Nous allons tous très bien et sommes ici avec les Lévisalles et les Louis. Je te renouvelle, mon cher Roger, mes vives félicitations, et t’envoie mes amitiés bien affectueuses,

J. Sée

Mon cher Roger,

Les bonnes nouvelles sont rares et elles vous font grand plaisir quand elles touchent ceux qu’on aime bien. Je te félicite de tout coeur et j’espère faire dans un temps pas trop lointain la connaissance de ta fiancée. Peut-être l’ai-je déjà rencontrée ? N’est-elle pas une amie de Suzanne Grumbach ? Dis lui que nous sommes très heureux pour vous deux.

Je me réjouis pour les parents, plus encore pour les grands parents qui avaient, depuis si longtemps le désir de voir leurs petits fils mariés.

C’est triste d’être loin les uns des autres; espérons que cela ne durera pas.

On sait, depuis quelques jours seulement que Marc est prisonnier, de même mes neveux André Herish et Apda. Vu était depuis très longtemps sans nouvelles d’eux. Je ne savais pas les François et Françoise Dreyfus à Montpellier. Je crois que Pierre Birtrest y est encore. Je ne sais pas son adresse. Il était lieutenant dans les installations de télégraphes et TSF. Je pense d’ailleurs que tu seras pressé de quitter Montpellier. La vie militaire a pourtant quelques bon côtés en ce moment. Georges reste mobilisé pour X temps encore ; sa femme et ses ses enfants sont avec lui à Oloron Ste Marie.

Recois mon cher Roger pour toi et ta fiancée mes sentiments affectueux.

G Sée

Lettre 70 (carte postale)

Date : 25 Février 1942

Expéditeur : Catherine

Destinataire : M. Gaston Vite Weill Haute Serre par Vaour Tarn

Mon chéri, nous n’avons pas encore reçu de tes nouvelles depuis ton installation et nous sommes bien curieux de savoir ce que tu deviens et le détail de tes obligations. Ici la vie est toujours la même. J’ai beaucoup de travail en ce moment et suis très fatiguée mais toujours contente. Je suis hier allé rendre visite à Oncle Léon et Tante Emilie qui m’ont donné des nouvelles de l’idéale Francine qui travaille à Pau dans un labo idéal. un travail et des camarades idéaux ? Aussi tu vois que cela n’a pas changé. Maintenant tu es loins des cinemas et des parties de la ville mais je suis sur que bien que dur, le travail te plait. Ce sera en tout cas excellent pour ta décalcification. Il fait froid depuis quelques jours et nous avons rallumé. Vivement les vacances que nous passerons dans le tarn si l’on en croit les dernières nouvelles

Baisers Catherine

Lettre 69

Date : 9 mars 1942

Expéditeur : Catherine / Armand

Destinataire : Gaston

Mon cher Gaston,

Je viens de rentrer de l’hôpital et je viens de prendre un délicieux gouter complément d’un fort mauvais déjeuner, tout en lisant dans l’oeuvre une interview de M. Paul Couderc : “Promenades sidérales” très quelconque d’ailleurs. je suis très occupée en ce moment et sitôt rentrée, fais de la cuisine pour nourrir Ernestine à l’hôpital qui est fort bien et mange comme 4. Il fait un temps magnifique. Je m’interromps car Papa rentre avec ta lettre (j’écris le 8) et je la lis avec passion : c’est amusant d’essayer de te représenter dans la cour de ferme. Quel changement d’existence mais avec la belle saison tu n’as pas à te plaindre, si seulement tu peux rester. Evidemment papa est assez inquiet à ton sujet mais j’essaie de le persuader que tu te débrouilleras pour le mieux. Ici rien de changé. Je suis allé hier viviqter l’orphelinat de l’annexe de Drancy pour les vieillards. 200 malheureux malades et infirmes : triste spectacle : Je sors demain avec Monette leyna que je n’ai pas vue depuis longtemps. Mademoiselle est très bien ne fait pas grand chose et est revenue passer l’après-midi de vendredi avec moi. Je lis toujours pas mal dans le metro surtout car le sir après avoir aidé henriette à faire sa vaisselle j’ai grand hâte à me coucher. J’aimerais bien être à la campagne avec toi

Catherine

Bien reçu ta lettre réponse au questionnaire et la carte lettre du lendemain à Cordes. Ce qui m’intéresse surtout c’est ce que tu as ajouté dans un coin Et ma feuille questionnaire concernant une solution qui pourrait être efficace si certaines circonstances venaient à se préciser. Il faut à certains moments des initiatives même tardives. Je suis comme tu le dis que Roger est d’excellent conseil. Je viens de leur écrire pour leur souhaiter mafête. Ton salaire ne te permettra pas de folies. Je n’ai pas besoin de te le répéter. Demande à O. Marcel ce qu’il te faut

Je t’embrasse

Lettre 30 (carte postale)

Samedi 12. Il y a eu illisible aujourd’hui, O. Jean était révéillé de bonne heure ! J’ai vu tte Gilberte, bien agitée, et surtout pour les enfants. Je n’arrive pas à savoir, ell enon plus d’ailleurs, comment va Claude, comment va sa belle-mère. Une employé retourne ce soir à Albi. Je l’ai vue hier, je l’aie chargée de diverses choses pour toi. Cath. lui envoie ce livre portugais dont je t’ai parlé. Quand elle l’aura lu demande le lui ; il t’amusera et t’instruira. Vous me paraissez être de mieux en mieux avec vos aimables hôtesses et leurs familles ; j’en suis ravi. J’ai vu Pépé le moko, c’est en effet un bon film. Val. devait nous apporter hier un lapin et des pommes et venir déjeuner avec nous, mais elle a remis celà à vendredi prochain, jour de congé de Cath. Votre petit bistrot me semble parfait; pourvu que cela dure. Ici c’est toujours copieux et très convenable ; malheureusement Cath. n’en dit pas autant de l’hôpital. Je crois bien que J.J et François ont finir par réaliser leur désir. Je vais aller chez O. Léon. Je vous embrasse. Armand

lettre 29 - en fait plusieurs cartes postales

Mardi 1/ Bien content de ta bonne humeur et de ton entrain et que l’écusso reçu t’évite au moins la moitié d’une obligation désagréable. Pour l’autre, réfléchis bien pour te ménager certaines échappées. L’ancien employé de Renaud dont Paul m’a parlé n’a-t-il rien pu faire pour toi ? ( ceci rayon illisible Visite de Lucien samedi soir ; il avait eu un déjeuner de promotiion (une trentaine) ; il en est (2 je crois) qui ont déjà participé à la relève. Presque chaque dimanche je vais chez L. Folz. Avec marie H pleine de illisible et d’intelligence. Sa tante a regagné sa demeure. Il un temps très doux (10 au dessus) très appréciable dans nos conditions actuelles de chauffage. Je vais aller tout à l’heure m’enquérir de ton Bery Coustant. Mais est-ce une brochure séparée ou un fragment d’ouvrage ? Il paraît que c’est dans les oeuvres diverses” chez Garnier. Introuvable. Je viens d’écrire à Giselle. Je t’embrasse Armand

Mardi 19. J’aurai probablement de tes nouvelles demain par R. Je lui téléphonerai pendant le déjeuner. D’après ce que je comprends, l’ami Th. vous a été utile à tous deux. Quand vous le verrez faites lui mes amitiés ; je le verrai volontiers à un de ses voyages. Je pense que vous connaissez maintenant la réaction parisienne des fiançailles de Thierry. Solange traduit assez bien ce que nous en pensons. “Il est un peu dingo”. Je vois souvent tante Gilb., qui n’avait pas besoin de ce supplément de soucis. L’avenue Matignon passe en d’autres mains. Avant hier je suis allé à l’enterrement de la pauvre femme de François Lyon Cahen (3 petits enfants) ; c’est bien pitoyable. Je recevrai avec plaisir un exemplaire de ton travail, avec un peu d’application je ne doute pas qu’à mon tour je puisse redresser les culées du pont de l’Alma qui me semblent un peu affaissées. Quand pourrais-je te retrouver travaillant près de chez moi ?? Il est 9 h du matin je vais chez Thérèse; appelé par elle pour illisible

Mardi 2. Cette détermination ce changement que m’ont appris hier soir 3 cartes, de G., de Sol et d’oncle M. ne m’ont que modérément surpris. C’est sans doute mieux ainsi bien que cela n’aille pas sans doute sans quelques inconvénients. Momentanément au moins vous serez tous plus tranquilles. Mais la question travail aujourd’hui surtout demain demeure très importante ; peut-être la résoudrez vous.

Sol, j’entends bien que tu ne prennes d’aucune façon une charge une charge supplémentaire, au contraire. Arrangez vous avec O. M., à qui, comme dirait cet excellent Thierri, j’ai donné des instructions et ce qu’il fallait pour les appliquer. Depuis avant hier, thérèse ne pourra plus me donner de tes bonnes nouvelles, matinales … Tant pis ; elle viendra me voir. Lucien était ici Samedi ; je vais le prévenir. Et le droit dans tout cela ? ? Affectueusement, Armand.

Mercredi 27. J’ai reçu hier soir ta carte de la illisiblepas trop bien disposée et d’après ce que nous savons ici il semble que le principal se soit passé le lendemain. Je n’ai besoin de de dire que je pense à toi, à O. Marcel. Cependant je ne vois pas que cela ait à l’heure actuelle le même caractère que ce qui s’est passé ici ; ce serait d’ordre général et pour d’autres raisons. J’espère bien que tu as toujours sur toi une sorte de carte de travail de la maison avec l’indication de tes qualités de ton emploi ; c’est indispensable. Ne te laisse pas trop influencer par les bruits qui courent, le découragement un peu trop rapide de certains. Mais si, après mûre et intelligente réflexion vous estimez grave la situation, faites pour le mieux et sans trop regarder en arrière. D’après ce que tu me dis, ces de M. ne doivent pas être de mauvais conseil. Tache de me donner de tes nouvelles

Bien affectueusement Armand

Mercredi 17. La carte de Robert à laquelle Gaston a ajouté 3 lignes m’a fait en partie au moins comprendre la raison de son déplacement. Et il parait satisfait de cette visite. Je crains de n’avoir pas reçu une carte qui m’aurait donné qq. éclaircissement sur les possibilités réservées au jeune Laurence Mais avec les nouvelles dispositions pourra-t-il maintenant choisir ? ? Chaque jour apporte ainsi ses petites satisfactions Je comptais parler de tout ça hier soir à Lucien qui devait venir dîner mais sans prévenir il m’a fait faux bond. Je vais tâcher de savoir ce matin ce qui a bien pu lui arriver. Il fait beau et l’hiver parait se terminer sans avoir commencé. Si nous pouvions aussi voir la fin de tout ce qui pèse sur nos frêles épaules = Je vous embrasse Armand

Aujourd’hui, samedi 20. Le voici casé ; j’en suis bien content et vous en remercie mon cher Roger. Je sûr, autant qu’on peut être assuré de quelque chose en ces jours incertains qu’M y sera bien et s’intéressera à tes nouveaux travaux. Que ne puis-je être avec lui - et avec vous. et respirer librement les effluves campagnardes de ce printemps hâtif. Vous recevrez un petit colis d’effets qu’M m’a demandé. Je n’avais pas de pantalons bleus et j’ai décidé, pour les travaux carbonifères à lui envoyer des culottes blanches. J’espère avoir bientôt quelques détails sur ses occupations et conditions de vie.

Bien affectueusement Armand

Samedi 20. Jour du premier contact avec la terre et ses habitants ! J’espère bien tu me donneras des détails, qui ne seront pas cartographiques cette fois, et qui me renseigneront sur ton genre d’existence, tes occupations, tes conditions matérielles etc … Je suis très content pour toi ; tu te plairas à faire convenablement ce que tu as à faire et au bout de qq. temps je suis sûr que tu rendras des services. Je viens d’envoyer chez Solange ce que tu m’as demandé. Mais pas de pantalon bleu : je crois d’ailleurs que tu as pris les tiens avec toi ; je pensais qu’Henriette pourrait m’en donner ; elle ne les trouve pas. A trouver le diplôme de centrale; J’aimerais bien je t’assure être près de toi. Le charbon de bois donne peut-être des courbatures, mais quel bonheur de te sentir libre dans une forêt silencieuse et qui sent bon, aux abords du printemps. Affectueusement illisible

Lettre 14

Mon cher Gaston. Je parle bien souvent avec votre père et tout ce que vous faîtes m’intéresse. Particulièrement ce que vous faîtes en ce moment car j’y ai plus d’aptitudes qu’en Maths ! Que ce doit être merveilleux cette vie au grand air dans ce pays où l’air est doux, comme je illisible vos boeufs, votre sulfate, vos brouettes, ete votre purin ! et puis les bonnes soupes de Nandé ! et puis les fleurs bleues et le grand air qui souffle. Quand je songe à notre vie réduite à rien, sans espace sans horizon sans joie ! Je voudrais être avec vous et plus tard ce serait mon rêve de vivre à la campagne comme vous le faîtes.

Pour l’instant on attend dans son fauteuil, son lit, on cause … mais on est triste. Pas de nouvelles ceux qui sont loin. Et puis la tristesse est générale, les commerçants n’ont plus ni marchandise ni employés et puis plus rien à manger … Nous en sommes au “plat cuisiné” que nous sert le charcutier. Dans une petite gamelle il y a de la purée de haricots et au dessus de la saucisse. Il n’y a plus qu’à réchauffer ! et c’est cher et pas copieux. Il faudra bien en venir là. Heureusement que votre Père et moi recevons les bienfaits de notre protectrice bretonne, sans elle pas possible de vivre.

Je pense que le mariage de Solange et son mari vous est bien agréable, c’est un bonheur que vous soyez réunis. Espérons que 43 verra la fin de nos malheurs, et qu’un jour prochain je verrai votre bonne figure halée, votre mèche de cheveux que vous mettez à illisible en place ! Pour la grande joie de votre Père ! N’y a-t-il pas dans votre brousse une gentille sauvage à qui vous faites illisible ? J’aimerais que vous nous parliez de ce côté sentimental qui a bien son intérêt. Ne vous croyez pas obligé de me répondre, je n’en serai pas fâchée, car vous n’avez pas de temps à vous. Dites moi aussi si le dimanche, one ne peut se mettre tout nu dans un baquet d’eau tiède. Philippe faisait cela quand il était vacher dans le nord en 1940

Je vous embrasse, Th. G

Lettre 94 (carte postale)

Date : 31 janvier 1943

Expéditeur : Melle Siltz, 3 rue Marguerite

Destinataire : Mme R. Rambach, 8bis rue Puech Berandier, Albi, Tarn

31 Janvier 1943

Chère Solange, que deviens-tu ? Très occupée par ton ménage et pas fatiguée j’espère ni préoccupée et sans soucis. Je sais que tu as la société de la famille de ton mari et je pense que tu vois toujours les amis de Marc. L’hiver est doux à Paris , jusqu’ici, bien différent de ces dernières année si pénibles; le ravitaillement est suffisant puisqu’il y a pommes de terres, choux, carottes et navets mais il ne faut pas demander autre chose : le reste est fort restreint ; mais il y a des colis pour moi de Touraine qui me rendent ainsi qu’à T Louise de grand service. Tous les nôtres vont bien pour l’instant, je sais Catherine presque toutes le semaines soit chez B. Maman soit au quai ou chez moi, elle s’est fait faire une robe de laine ds les tons bordeaux qui lui va très bien. J’ai trouvé bonne mine à ton père que j’ai vu il y a peu de jours. Que penses tu de ton cousin Thieri et de ses projets matrimoniaux, il est vraiment bien enfant. Tante Gil est mieux, moins nerveuse, mais bien seul/ Chez Denise cela va. Marie Claire très grande, Pierre tout petit. Je t’embrasse tendrement chère petite. Mon souvenir à ton mari. T. Edith

Lettre 90

Date : 25 Février 1943

Expéditeur : Travaux Publics Gianotti frères, 33 Boulevard de la Liberté, Marseille

Destinataire : M. Gaston Vite Weill chez Madame Rambach 8b rue Puech Berenguier, Albi, Tarn

Courrier de Jean Gianotti à Gaston, le 3 dévrier 1943

Cher Monsieur,

Je vous remercie de vos nouvelles et suis heureux que vous ayez pu vous réfugier dans un climat plus favorable.

Je regrette évidemment que mon fils soit privé de vos conseils et de vos leçons dans ses études de mathématiques ,mais je comprends les raisons qui vous ont poussé à

à vous rendre chez votre soeur. J’espère que votre santé s'y raffermira et que vous pourrez bientôt trouver une occupation digne de vos connaissances.

Pour obtenir de l'Inspection du Travail votre libération de notre Entreprise, je vous demande de nous adresser une lettre datée de Marseille que nous transmettrons et qui exposera simplement que pour raison de santé vous devez rester auprès de votre famille •

Veuillez agréer,CherMonsieur, l'assurance de mes meilleurs sentiments.

Courrier de Gaston à Gianotti 3 Février 1943

Monsieur,

Je m'excuse de n'avoir pu retourner au bureau à la date que vous m'aviez fixée. Je suis en effet très fatigué et crains de ne pouvoir mener de front de façon satisfaisante mes études de droit et le poste que vous m'aviez confié.

J'ai donc l'honneur de vous demander de bien vouloir me considérer

comme démissionnaire à partir dr la fin du mois dernier. Je vous serai

très obligé d'autre part de bien vouloir me faire savoir si je dois

adresser une copie de la présente lettre à Monsieur l'Inspecteur du Travail, ou si les formalités qui seront remplies par votre société sont suffisantes pour me mettre en règle vis à vis de la loi.

En vous renouvelant mes regrets de ne pouvoir continuer mon travail qui m'intéressait vivement et mes remerciements pour votre attitude à

mon égard , je vous prie de croire , Monsieur, à l'assurance de mes sentiments respectueusement dévoués.

Lettre 151

Date : 13 mars 1943

Expéditeur : bonne maman

Destinataire : Gaston

13 mars 43

Mon cher petit Gaston, merci de ta bonne lettre du 8 mars écrite chez Solange et qui m’a fait bien plaisir. Les cartes postales heureusement supprimées étaient assommantes, elles arrêtaient toute intimité. Je sais que tu es heureux à Haute Serre chez de bons et illisible patrons que le travail est dur mais que tu le fais avec grand plaisir. et puis une bonne nuit après une longue journée vous retape et puis surtout le grand air. Le printemps doit être bien avancé et ce doit être un plaisir de voir la nature d’éveiller. Tu dis aussi avoir un parfait appétit et grandement satisfait. Cici ce qui manque c’est la campagne même proche; adieu les belles cueillettes de jonquilles à Senlis, les primevères, les violettes, et tous les illissible. Et puis la nourriture n’est pas abondante. Rareté de légumes, heureusement lorsqu’on a des pommes de terre on n’a pas le droit de se plaindre et on les trouve excellentes, même sans beurre, dont l’absence nous est pour ainsi dire complète. On peut dire “à la guerre, comme à la guerre”. A part cela, les santés sont bonnes, les années comptent doubles; on en prend son parti. J’ai la jeune Cath. qui vient toutes les semaines prendre un bain chez moi qu’elle apprécie, j’ai eu ce matin la visite de ton père, très bien, supportement alegrement ses 60 ans !

De Grenoble on demande des nouvelles de Sol. et regrette que tous n’écriviez pas. Je heureuse que Sol est illisible à faire bien et contente de son existence. Ce Roger doit être un bien gentil garçon ! On tremble un peu pour tous. J’espère que ton travail absolument nécessaire, où tu es, t’évitera des déplacements.

Je t’embrasse mon petit Gaston, bien tendrement de tous mon coeur. Ta vieille bonne maman, Marguerite

J’ai réclamé ce que je t’avais envoyé, c’est à dire le mandat.

lettre 38 (carte postale)

28.3.1943

Mon cher Gaston, je suis seule à la maison en cette fin d’après midi de dimanche et j’en profite pour t’écrire un peu. D’abord je porends mes vacanes tout de suite dès le 1er. Je suis très fatiguée, un peu déprimée, par les temps qui courent ce sera déjà ça de pris et rien ne m’empêche de me faire porter malade à la fin de l’été si j’ai encore envie de repos, surtout quand on pense que l’administration me donne généreusement 12 jours de vacances. Et on s’étonne après celà de ne pas trouver d’infirmières. J’ai l’intention de rester le main au lit, faire un peu de ménage (Ernestine est toujours dans ses terres), me promener, voir quelques amies, et tu te douted que ce sera vite passé. J’irai sûrement passer une journée à la chardes Quand je pense que demain illisible (changement d’heure) il fera nuit noire mais tous les bourgeons sortent et les marronniers à l’hôpital ont tous des feuilles. Je parie que ce n’est pas si avancé chez toi. Nous avons eu hier au soir la visite de Lucien qui nous amené ta lettre qui le rend fort perplexe et naturellement très désireux de venir mai c’est pour lui compliqué, car si Limoges n’est pas difficile, il y a la Creuse et l’obligation d’être de retour à Paris aprsè Pâques. Je regarde les pêcheurs en face si régulièrement alignés qu’on croirait voir des soldats. Melle Laurence est venue me voir Vendredi. Elle a une très sale illisible car ce n’est pas celui de tous ceux qui l’entourent. Je t’embrasse Catherine

Est-ce que tu commences à parler patois ?

Lettre 56

Mardi 12. Mon cher petit ta bonne et longue lettre m’a fait comme toutes les autres infiniment de plaisir et j’y réponds avec: d’autant plus de plaisir et pour une fois depuis de si longs mois je vais dire de Joie que j’ai près de moi ma chère Valentine qui m’est arrivée dimanche, aussi jeune, aussi belle et aussi charmante que jamais. Tu peux penser mon petit à toute ma joie et c’est gentil à toi de me dire que tu t’en réjouis. J’ai été avec quelle émotion au départ de Valentine à Saint Raphaël où ce long voyage ne l’avait pas trop fatiguée.: j’ai sauté dans le train et nous sommes venus directement à Villefranche où dans un calme parfait, un site adorable un petit hôtel charmant sur le port, nous allons vivre je l’espère des jours heureux qui ne passeront que trop vite : nous pensons rester ici une dizaine de jours : puis une semaine à Nice avec les jacques et après quelques jours à Antibes chez Roger. Probablement avec les Vvins qui arriveront le 26. Valentine repartira peut-être avec eux vers le 7 mai. Et la vie reprendra … Tous les détails que tu me donnes sur ta situation, tes inscriptions, tes cartes me tranquillisent et me font infiniment plaisir. Comme je souhaite pour toi que tout aille pour le mieux. Ne t’en fais pas pour Me de M. je lui ai fait régler par Paul (que j’ai vu deux fois ici) les mois de février et mars. Toute ma joie ne me fait pas oublier Léon et ton père. Je pense bien à eux, à leur vie. Valentine m’en a bien parlé. Ils sont aussi bien que possible ainsi que Catherine.: Emilie a bien maigri.

Je t’embrasse bien fort mon petit. Marcel

ajouté en haut de la lettre Embrasse bien Solange et amitiés à Roger quant tu les verras.

Autre écriture Bonjour mon cher petit grand Gaston. Joie que de vous écrire de ma chère Provence où vous n’êtes plus …. ce que je regrette tant. Après avoir quitté Paris, froid, triste, je ne puis réaliser ma joie est si grande ! Tout allait bien pour les chers vôtres, Catherine un peu illisible de ne pouvoir avoir mieux que ces quelques jours de vacances. Mais l’espoir est dans tous les coeurs illisible pas auprès de Solange de son mari si vous les voyez, je pense aussi à eux quelques fois et je vous embrasse bien affectueusement mon cher Gaston et je vous dis que je suis bien heureuse. Votre grande amie. Valentine.

Lettre 13

Mon vieux,

Voici le 1er bulletin de notre “promal” qu’Horaist m’a fait parvenir. J’ai porté moi-même les corrections que je connaissais et m’ont été fournies par les uns et les autres.

Que deviens-tu ? Donne-moi un peu de tes nouvelles et aussi de celles des camarades que tu aurais l’occasion de rencontrer.

Toutes mes amitiés

Ph. Boubert

Lettre 138

Date : Mardi 13 (avril ou juillet 43 ?)

Expediteur : Armand

Destinataire : Gaston

Cath et moi venons de terminer un excellent déjeuner. Ernestine n’est toujours pas rentrée; et nous sommes depuis son départ, et très naturellement, sans aucune nouvelle de sa précieuse santé ni de son retour et Cath. s’efforce, très bien parfois, de la remplacer. En ce moment elle est férue de pâtisserie. Bonne maman, Edith et Louise viennent goûter. Elle a fait un gâteau à l’anis, un gâteau roulé à l confiture et quelques petits gâteaux secs. Et tout cela est compliqué. Car il faut des oeufs, du sucre … et du gaz. J’attends les oeufs que Solange dit m’envoyer. Et toi mon vieux ? Tu ne trouves rien à expédier à ton vieux papa ?

Tu vas bientôt lancer un défi à Rigoulot; naturellement cette existence vigoureuse va te faire du bien et te muscler.

Fais seulement attention, en soulevant des fardeau, de ne pas de blesser d’effort.

Lucien viendra certainement ici avant son départ de vendredi. Il te posera certaines questions qui m’intéressent et auxquelles tu voudras bien répondre avec précision. Ce serait très bien et très gentil de la part de Mr Richard s’il pouvait venir passer 2 jours avec toi. Ta photo n’est pas très jolie. Tâche de m’en envoyer une autre. Il fait un temps splendide et les jours passent lentement.

je t’embrasse

Valentine est venue voir O. Marcel

Lettre 160

Date : Dimanche 18 (avril 1943 ?, seul dimanche 18 d’hiver en 43)

Expéditeur : Catherine

Destinataire : Gaston

Mon petit Gaston

J’ai reçu hier ta bonne lettre du 10 mais je ne sais pas si tu reçois les miennes. De Solange, je n’ai rien reçu depuis une lettre du 10. Tu me racontes des choses intéressantes (écris lisiblement je t’en supplie) et he me doute du sujet de tes entretiens avec Paul Il ne peut que bien te conseiller. Naturellement, je n’ai ni la possibilité ni le droit de te dire quoi que ce soit? Ne fais pas de bêtises, mais fais ce qu’il te semble être devoir fait (on dirait une de nos traductions latines).

Je suis tout à fait ressortie depuis vendredi. J’irai chez BM aujourd’hui retenue au lit depuis bientôt 10 jours. O. Maurice affirme qu’elle n’a rien mais a encore pour une quinzaine à être douloureuse. Elle est très entourée, a une charmante et bonne amie dans sa maison et au fond ce la repose.

J’ai passé hier une partie de l’après-midi avec m’selle; Evelyne passée me voir le matin est restée déjeuner avec ceux alertes successives. Température glaciale, je couds ou lis dans le petit salon avec la cape de papa qui m’enveloppe.

Pour moi aussi ce sera très long, à moins … Nos pronostics se sont si souvent avérés faux.

Je fais de la broderie, tu ne me reconnaitrais plus et le lis les lettres de Mme de Sévigné. Je relis Racine et La Fontaine. J’ai tellement pris l’habitude d’être seule que les journées ne semblent presque pas assez longue pour tout ce que j’ai à faire. Je fais aussi pas mal de musique et Henriette joue souvent pour sa fille qui coud auprès d’elle.

On a arrêté des ces derniers jours beaucoup de personnalités des pétroles dont les amis de Thérèse et de papa.

La vie est calme. Queues devant les boutiques vides, d’une longueur irréalisable. Trouvé 1Kg de carottes avec les fanes (6 à 8 car) pour 35Frs le Kg est illisible

Je t’embrasse bien tendrement

Catherine

Lettre 148

Date : Lundi 19 avril 43

Expéditeur : Armand

Destinataire : Gaston

Alors te voilà sacré “bûcheron”, mais c’est pitié que de mettre à bas ces grands et beaux arbres et tu dois bien souvent évoquer les chants qui rendirent célèbre la forêt de Gâtine.

Je pense qu’après demain tu verras Lucien; tu en seras bien content; lui paraissait ravi de venir te retrouver. C’est un si gentil garçon, si franc, loyal et je suis sûr qu’il envie ton sort présent, car i ne se fait aucune illusion sur celui qui lui est prochainement réservé.

Mais après tout est-on sur de quoique ce soit aujour’dhui et pour demain ?

M’zelle est venue avant-hier soir dîner et passer la nuit, mais Cath. partait de bonne heure avec son amie Cahen et la jeune Pouderoux qui habite au dessus de nous; elle a passé en plein air une bonne journée. J’ai bavardé toute la matinée avec M’zelle; elle n’a pas pu partir qu’assez tard, car il y a eu une alerte.

Ernestine rentre ce soir; Cath. en profite pour faire son dernier gâteau; j’ai invité Thérèse à déjeuner. nous avons été pendant ces quelques semaines admirablement nourris et à cet égard je regrette le retour de notre excellente et sympathique cordon bleu.

Vendredi nous sommes invités à goûter chez Paul L. et Cath. reprend son travail le dimanche de Pâques. La pauvre, elle aura eu peu de distractions pendant ses vacances. Mais elle est de bonne composition et toujours de belle humeur. Elle va demain passer la journée avec Denise.

Les Leyrma sont toujours si gentils!

Je t’embrasse,

Armand

lettre 11

Mon cher Gaston,

J’ai vu hier Catherine venue gouter avec moi; elle m’a donné de tes bonnes nouvelles qui m’ont fait grand plaisir. Je ne reconnaîtrai plus mon jeune neveu, tant forci, comme disent les bonnes gens que nous nous reverrons Qui nous aurait dir que tu prendrais goût au du métier que tu fais nous aurait bien étonnés. J’en suis heureux pour toi car j’en sais les beaux côtés.

Sans marche as-tu congé ce dimanche de Pâques et auras tu rejoint Solange et Roger. Catherine était toute mélancolique à la pensée de reprendre ce mati le chemin de l’hôpital. Elle aura vite repris son courage et son entrain car c’est une vaillante. Ses vacances n’ont pas été distrayantes comme tu peux le penser sachant quelle est notre vie, mais elle se sera reposée, ce qui est quelque chose. Ton père est très bien. JE le vois rarement car nous sommes loin les uns des autres, mal reliés par le métro et il a ses occupations.

Bonne maman est bien aussi. Elle est étonnante pour ses 77 ans que nous avons fleuri il y a quelques jours et après demain Tante Louise, tout aussi vaillante aura ses 79 ans.

J’ai eu une petite lettre de Marie Claire qui est allée passer les vacances chez sa tante à Amiens. Elle me dit la ville abîmée et changée. illisible et les architectes et les entrepreneurs auront de quoi s’occuper quand notre pauvre pays verra la fi de ses malheurs. Petit Pierre est resté à Paris et passe ses journées here reste avec son ami Charlie. Le temps a changé depuis

Lettre 33

Jeudi 13

Voici 8 jours que je n’ai pas de nouvelles - Tu m’avais habitué à plus de régularité - un petit mot seulement, si tu ne peux m’en dire plus me fait plaisir.

Voici ce matin le beau temps, de plein été revenu. Tous ces jours derniers un vent qui soufflait en tempête - et je remettais la nuit mes chaussettes de laine

J’ai téléphoné à Lucien pour savoir s’il était revenu. Il viendra me voir après demain et m’a confirmé son prochain emploi. Mais il travaille beaucoup voulant passer les examens de Science Po (pas de Droit). Je lui demanderai ce que vous avez bien pu faire de la veste dite Canadienne (bien que dénuée de peau de mouton)

A! J’aimerais bien que tu examines avec attention (voire avec Roger en cas de difficultés) la question des pommes de terre à m’envoyer fin de l’été (si toutefois ces envois peuvent continuer).

Il faut qu’autour de vous vous me trouviez quelque cultivateur qui veuille bien m’adresser 300 kilos (6 forces)

J’ai pu évidemment cette année m’en faire envoyer de Bretagne, mais par petits colis, difficiles d’envoi, et très dispendieux. Je compte sur toi.

Je suis allé voir hier au Palais le bâtonnier avec qui j’ai bavardé un long temps ; 2 jours avant j’étais allé chez de Chauveron

Je fais ainsi le tour de mes vieux amis et je suis content de pouvoir mettre leurs sentiments à l’épreuve. Ils n’ont pas varié et sont toujours les bons et chics camarades que j’ai connu. Il n’ya heureusement pas, comme le dit cette pauvre tante Gilberte qu’un humanité affreuse et pourrie.

Je viens de recevoir un mot de Leyrua m’invitant à aller lundi à Tav. passer la journée avec lui et casse une aile à un lapin reconnaissant. Je me réjouis de cette escapade. (qu’il en faut peu pour un instant de félicité !)

J’étais allé avant-hier faire une visite au père LeuvantIl avait vu Jacques et le petit et quelques jours après François. Excellent goûter. Une de ses cousines était là, le père du capitaine aviateur que nous avons vu à la Clem ; il a pu reprendre du service là où il voulait.

Une carte de Robert heureux de la visite de Den et de sa fille

la jeune Pouderoux doit quitter incessamment la maison pour Vaour et lui donnera de vos nouvelles

Je dois voir cet après midi Valentine de retour du midi ; elle a du aller hier chez O. Léon. J’y vais moi même chaque semaine le mercredi avant le déjeuner mais je ne le vois qu’un instant, car entre 11h et midi il fait toutes les courses et se donne beaucoup de mal. Heureusement son physique est demeuré étonnant et son moral aussi.

Je t’embrasse mon petit

Armand

Ce n’est pas très gentil de Solange de ne pas m’avoir retourné mon carton à oeufs. Depuis plus d’un moi que je le lui ai envoyé ! Mais je l’aime bien quand même

Je vais déjeuner chez Thérèse qui a reçu de son frère un magnifique 1/2 de dinde

Lettre 140

Date : Vendredi 21 (mai 43 d’après daniel)

Expediteur : Armand

Destinataire : Gaston

Tu sais, c’est un vrai travail que tu me donnes; je ne te dis pas, qu’il est pour moi sans agrément puisque tes lettres me font toujours le plaisir que tu sais et que presque toujours elles sont pleines de choses intéressantes. Mais tu les écris si vite et elles sont si pleines de fautes qu’il faut que je me donne un mal fou pour arriver à les déchiffrer. Enfin, je viens heureusement d’y parvenir pour tes deux lettres cachetées “à la Giselle”, écrites le même jour, mardi dernier. Quelle vie merveilleuse tu mènes et quelle chance tu as ! non seulement c’est une existence agréable, mais tu vas apprendre à connaître les choses qui te seraient demeurées jusqu’à la fin de tes jours étrangères et qui cependant sont essentielles. Comme ton patron me l’écrivait dans une lettre si gentille que je viens de recevoir et dont tu le remercieras, tu vas acquérir un bagage qui ne nuira en rien, bien au contraire, à ton bagage intellectuel et scientifique. D’autant que pour un esprit en éveil et un oeil exercé tout est intéressant, curieux ou instructif. Les machines sont-elles modernes ? Mais tu travailles comme jamais tu n’aurais cru pouvoir le faire ! Ce qui m’ennuie un peu c’est que ton sommeil soit insuffisant. Mais à la campagne, pendant les travaux des champs, on se lève et on se couche avec le soleil. je sais que c’est très dur. Je te dirai maintenant exactement le contraire de ce que je te disais il y a quelque temps. Fais attention à l’eau des ruisseaux même piqué contre la typhoïde. Toutes ces eaux qui coulent à ciel ouvert sont presque toujours contaminées

Lettre 67 (carte postale)

Date : 24 mai 1943 (1944 ? puisque il y a un samedi 20 mai en 1944)

Expéditeur : Catherine

Destinataire : M. Gaston Vite Weill chez M. Richard Haute Serre par Vaour Tarn

Mon cher Gaston,

Ta dernière longue lettre avec le compte rendu de la journée nous a bien amusés. Heureusement qu’il y a de petits roupillons dans la journée et ces peits casses croutes. Si tu te fais vacciné (je ne suis pas très sure que ce soit utile mais tu décideras) Fais toi faire en même temps que le vaccin anti thyphus le tetanos et la diphtérie, c’est 3 embêtements en un seul. NB : lorsque les deux tricots gris sans manche seront usés, renvoie les moi tels que et je te ferais un des deux qui sera comme neuf. Tout le monde fait ça en ce moment aussi n’oublie pas c’est très important. Je suis sure que tu as passé une bonne journée le dimanche où ton patron t’a emmené faire un tour dans le pays. S’il y a des arrangements de tricots à faire, envoie les moi et je me débrouillerai. J’i vu les leynec hier. Jacuqeline laneg d’apparence est la même lorsque les visites sont partie. Morette se dépense utilement pour les uns et les autres. je t’embrasse tendrement

Catherine

Lettre 141

Date : Lundi 31 mai (1943 ?)

Expediteur : Armand

Destinataire : Gaston

Lundi 31 mai

Reçu tout à l’heure tes 2 lettres de vendredi et samedi, après tes multiples pérégrinations.

Mais je crains bien (ou j’espère suivant l’interprétation qui va être donnée à l’instruction parue ce matin dans les journaux) qu’il va te falloir subir de nouvelles épreuves. En effet, pour ta classe, obligation de départ sauf exception : agriculteurs, fonctionnaires de police …. seras-tu considéré comme agriculteur ? Il semble d’après ce que tu me dis de ton passage devant le conseil d’Albi que la question ‘a pas été résolue - ou résolue dans un sens plutôt défavorable.

Mais avec les nouvelles instructions qui paraissent claires et formelles tu dois pouvoir exiger de ta carte de travail laquelle doit te permettre de rester en place ???

Et il reste toujours l’autre question dont les journaux ne font pas mention - et que tu n’as pas manqué d’invoquer. Comme dans ton département vous ne devez pas être nombreux à en faire état, je crois qu’elle servira. Tiens moi bien au courant par un mot seulement si tu n’as pas le temps de m’écrire longuement, mais que je ne sois pas sans nouvelles. Je t’embrasse. as-tu reçu les leggins ? Je crains bien que tous les projets de Lucien s’effondrent devant les nouvelles dispositions. Je ne l’ai pas vu samedi.

Lettre 93

Date : 5 juin 1943

Expéditeur : Tante Edith

Destinataire : M. Gaston Vite Weill chez M. Richard Haute Serre par Vaour Tarn

5 juin 1943,

Mon cher Gaston,

Je sais par Catherine que j’ai vue chez jeudi chez B. Maman que tu as de grosses préoccupations, aussi je pense doublement à toi et souhaite que tu t’en tires le mieux possible. Ce serait une grande et heureuse chance si tu pouvais continuer ton travail qui te réussit à tant de points de vue.

D’ici je peux te donner de bonnes nouvelles de ton père quoiqu’il y ait un certain temps que je ne l’ai vu mais en parle avec BM ou Catherine que je rencontre toutes les semaines chez Bonne Maman à peu près régulièrement. Elle est en ce moment moins absorbée par son travail ; tu sais ce que c’est il y a des périodes où l’occupation de chaque jour devient une routine et il faut faire un effort pour s’y intéresser. J’ai vu aussi Mlle Laurence qui vient de temps en temps comme nous sommes assez voisines me demander après vous. Je peux même te donner des nouvelles de ta tante Emilie que j’ai vue la semaine passée chez B. Maman. Elle m’a paru en forme, parle beaucoup ravitaillement, cuisine et des trop nombreux malheurs parmi ses connaissances et les nôtres. Hier je me suis trouvée chez Tante Gil. avec B.M. et Louise, bonnes lettres des trois filles qui cherchent pour l’été une pension dans la montagne, Grenoble étant très chaud. Ce n’est pas facile toute la région étant surpeuplée. Chez Denise, les enfants vont bien et partiront cet été sauf imprévu tous deux chez leur oncle. Marie Claire doit passer aussi un mois chez des amis : elle devient tout à fait grande fille, se coiffe soigneusement les cheveux d’une résille, tient à sa toilette, lis déjà “les Misérables” ! Bref ce n’est plus la petite Marie-Claire ; mais est une petite jeune fille bonne et gentille; Pierre se développe très bien, très débrouillard et indépendant, bon classement en cours, grandes lectures à la maison, mais est toujours petit, tout petit

A part celà le ravitaillement est très difficile, légumes rares et pas un fruit : il faut s’estimer heureux quand on a quelques pommes de terre et des pâtes. Comme nouvelles pas davantage: il semble que nous soyons en période de statu quo.

Je t’embrasse mon chef enfant, avec toute mon affection, fais en autant de ma part à Solange quand tu la verras

T. Edith

Lettre 139

Date : Mardi 8 juin 1943

Expediteur : Armand

Destinataire : Gaston

Les photos sont très gentilles et avec ma loupe j’ai pu en saisir tus les détails. Tu me parais bien élégant en faux col et cravate; mais il s’agissait aussi d’un dimanche à Fraus. Je trouve que Sol est une bien petite chose. n’a-t-elle pas maigri ? Roger est très bien. J’irai vendredi matin voir Madame Pécourt qui sera là-bas le lendemain et je lui remettrai un petit souvenir pour Sol. Je n’ai pas encore reçu la visite de cette dame que vous m’avez annoncée. Bien content que les leggins te soient bien parvenues et tu verras que la veste imperméable te sera bien utile. Naturellement je n’ai pas ici les textes que vous pouvez consulter là-bas, mais seulement les résumés qu’en donnent les journaux. Mais d’après ce que tu me dis, il semble que ta situation particulière ait fait l’objet d’une mention spéciale. Dans le décret ?? Est-ce cela ? Et cependant tu me dis que si le régime de 42 était appliqué à 41 et 40, tu risquerais le départ. Je croyais que tu avais depuis le début de ton installation ta carte d’agriculteur. Mais évidemment si tu ne l’as que depuis quelques jours, il n’est pas évident que puisses la faire valoir. D’ici je ne puis te donner aucun conseil, je suis certain que bien conseillé comme tu l’es tu agiras au mieux et j’espère bien que tu resteras là où tu es.

Je n’ai pas la même confiance pour ce pauvre Lucien qui est venu le jeudi de l’ascension persuadé qu’il partira. Il devait avoir samedi dernier un dîner de promo. et recueilli les avis et impressions de ses camarades. Mais il ne se fait aucune illusion. Tu as reçu de l’association l’annuaire de Centrale que j’ai feuilleté avec intérêt. N’as-tu pas le nom de ce monsieur devant lequel tu es passé à Albi et qui nous connaîtrait O. Jean et moi ?

Grande semaine pour Ernestine dont la nièce vient de se marier avec un gardien de la paix. Dîner à fond casses mais cet heureux événement n’a pas modifié son humeur. Cath. a l’intention de prendre son congé les trois dimanches à venir et d’aller se promener d’abord chez Denise. J’irai moi-même peut-être un jour voir Valentine.

Lettre 89

Date : 10 juin 1943

Expéditeur : Catherine

Destinataire : M. Gaston Vite Weill chez M. et Mme Richard Haute Serre par Vaour Tarn

Mercredi 9 juin

Mon cher Gaston,

Je ne t’ai pas écrit depuis pas mal de jours n’ayant rien de bien intéressant à te raconter et n’étant pas d’ailleurs très en train sauf à l’hôpital où le travail agit sur moi à la façon d’un excitant. Ce soir je ramène d’ailleurs de mauvais bruits à la maison; j’espère que ce ne seront rien d’autre mais nous étions trop tranquille depuis deux mois. Nous organisons à cinq de l’hôpital un picnic pour lundi prochain . Train à 6h20 (ce sera tout à fait reposant pour moi) nous irons du côté des étangs de Hollande et + loin si nous nous en sentons le courage. Ce qui nous manque le plus en ce moment c’est de changer un peu d’atmosphère, sortir de l’hôpital et aller dans la campagne. Tes photos nous ont fait très plaisir, la tienne est absolument excellente mais Solange parait bien amaigrie. Est-ce exact, elle a l’air d’avoir quinze ans?

Reçu des nouvelles de Thieri qui a atteint le but de son voyage. J’ai beaucoup de travail en ce moment et samedi je serai entourée de nouvelles collègues car les autres prennent en même temps leurs vacances ce qui me gêne beaucoup. Papa rentre à l’instant et est allé consulter le journal officiel pour “consulter les textes” comme tu le lui a recommandé car tu te doutes que ton sort lui tient à coeur. Mais ces “textes” ne sont ni des lois ni des décrets et il n’a rien trouvé du tout ; aussi s’en tient-il à des explications qui sont fort embrouillées

Je t’embrasse bien tendrement

Catherine

Lettre 143

Date : Samedi 12 juin 1943

Expediteur : Armand

Destinataire : Gaston

Bien reçu les oeufs.

Parfaitement j’ai bien reçu ton petit papelard bleu écrit de Fraus. en collaboration avec Sol. et tout à l’heure j’ai reçu ta lettre de mercredi avec moult détails sur ta vie champêtre. Tu ne perds pas ton temps et le soir tu dois être éreinté. N’avez-vous pas maintenant la sieste de l’après dîner ? Je pense bien que tu ne te couches pas tous les soirs à minuit pour te lever à 5h1/2. Mais, à cette époque, les travaux des champs tant vanté par Horace sont très durs. Malgré tout je suis très content de te savoir là, et tu demeures parmi les privilégiés. Il suivra son sort, et nous pouvons l’imaginer. Je suis allé consulter le Journal Officiel pour ce qui te concerne. Mais je n’y ai rien trouvé, car ce n’est pas en vertu d’une loi que vous êtes convoqués, mais d’une simple décision gouvernementale. Madame Pécourt que j’ai vue hier matin me rapportera mardi quelques précisions que je voudrais bien avoir. J’avais rendez-vous chez elle avec Paul L. et nous sommes rentrés de là-bas en bavardant.

Par extraordinaire, hier vendredi Cath. n’avait pas congé (car elle doit piqueniquer après demain lundi avec illisible) et je déjeunais chez Oncle Léon et j’ai justement reçu la visite de cette dame qui m’était annoncée par vous. Ernestine l’a reçue et j’ai eu par elle de vos nouvelles, ainsi qu’une belle boîte pleine de choses comestibles.

t’ai-je dit que Thierri avait terminé sa tournée ? Il va bien. Tante Gilb. est plus tranquille. Hier trois ans depuis notre exode et demain 13 un an depuis ce départ précipité !!! Toujours aucune nouvelle de François et JJ mais d’assez récentes des enfants de Thérèse.

Lettre 86

Date : Lundi 14 juin (1943 ? puisque il y un lundi 14 juin 1943 et après son séjour à Albi))

Expéditeur : Suzanne (Grumbach ?)

Destinataire : Gaston

Mon cher Gaston,

J’avais pourtant bien reçu votre petit mot et le remords cuisant de n’y avoir pas répondu m’a poursuivi pendant de longs mois. Je veux aujourd’hui mettre fin à ce cri intolérable de ma conscience !

Je ne voudrais surtout pas que vous puissiez croire que c’est parce que du coquet gentleman, mondain et même un peu swing (car lors de mon séjour à Albi, j’avais eu quelques échos de “dancing parties” en compagnie des plus charmantes jeunes filles) dont vous aviez, semble-t-il adopté le personnage, vous êtes devenu valet de ferme et agriculteur, que c’est dis-je pour cette métamorphose, que j’ai laissé sans réponse vos galantes lignes.

“Il n’y a point de sot métier, il n’y a que de sottes gens”, dit un vieil adage populaire, dont j’approuve sans réserve l’affirmation pleine de bon sens.

Et loin de moi la pensée de vous reprocher les cochons que vous gardez ou le fumier que vous retournez. Du reste je ne peux qu’adhérer avec enthousiasme à toute tentative de retour à la ferme. ! Et je m’incline respectueusement devant vos mans calleuses et votre figure tannée.

Pour moi, je reste toujours une intellectuelle enragée, et je suis enchantée du point de vue de mes études, de cette année qui vient de s’écouler, ayant eu la veine de tomber dans une faculté extrêmement agréable, avec des professeurs très intéressant; et enfin d’être reçue à mes certificats.

Vous devez être content du voisinage de Solange et Roger.

Continuez à ratisser, labourer, traire, herser, avec la même ardeur.

Bien amicalement,

Suzanne

Lettre 142

Date : Mercredi 16 juin 43

Expediteur : Armand

Destinataire : Gaston

Je viens de quitter Madame Pécourt. Evidemment, maintenant je comprends; mais je viens de relire ta lettre; bien malin celui qui aurait pu y trouver ce que tu avais cherché à y mettre. Mais avec ce que je sais maintenant je suis bien plus tranquille, car il y a là une décision de caractère officiel et il n’est pas vraisemblable qu’elle soit maintenant modifiée.

Je sais aussi que tu as belle mine et que tu es content. Mais tu n’as pas vu Sol. pendant ces fêtes. Tu étais allé n’est-ce pas déjeuner le dimanche chez le Docteur ?

J’ai vu Lucien lundi. Nous sommes restés assez tard ensemble et je me demande si je le reverrai car il doit partir demain dans le centre mettre en pratique le cours de Lecomte (celui dont je t’ai envoyé récemment un extrait concernant les bois), mais pas comme ingénieur, ce sera dur pour lui et je me demande si il pourra s’y faire. En tout cas il est très courageux et puis il faut encore que ce la se réalise, et ce ne l’est pas encore. Le dîner de promotion de samedi n’était pas gai, chacun à ses préoccupations, mais un certain nombre cependant espère que leur emploi leur permettra de rester. Je sais que tu as reçu les papiers de Joubert; comme Lucien lui avait versé 50 , je l’en ai remboursé et tu n’as rien à faire. Si par hasard tu lui as déjà envoyé pareille somme, elle sera affectée aux envois de l’année prochaine

Lettre 84

Date : 19 juin 1943

Expéditeur : Suzanne Maurel 25 rue d’Aubagne, Marseilles

Destinataire : Gaston

Marseille,

Cher ami,

N’attribuez pas un silence prolongé à un refus de vous écrire ; mais comme vous devez le comprendre mon examen me préoccupait beaucoup.

Votre dernière lettre m’a un peu étonné mais j’avoue que je n’ai pas été trop surprise car lors de votre passage à Marseille j’ai eu une légère intuition du sentiment que vous portiez à mon égard.

En retour vous avez certainement compris que vous m’étiez très sympathique puisque je n’ai jamais décliné vos rendez-vous, et j’avoue que vous n’avez pas dû me trouver très expansive; or attribuez cela à deux choses ; tout d’abord je suis timide et vous ne sauriez vous imaginer combien il est difficile de se rendre hardie lorsqu’on ne l’est pas de nature; enfin bien que désapprouvant tout à fait les menées de la situation actuelle, je n’ai peut-être pas eu le courage de m’affranchir de ces menaces en prenant à votre égard une attitude affirmative, vus, surtout les peines et soucis qui se sont déroulés autour de moi.

Mais cela ne saurait empêché il me semble d’être de bons camarades : ne pensez-vous pas ?

Avec ma plus profonde sympathie

Suzanne

Lettre 87

Date : 21 juin 1943

Expéditeur : Catherine

Destinataire : M. Gaston Vite Weill Haute Serre par Vaour Tarn

Mon cher Gaston,

Quand je reçois une de tes lettres j’ai bien plus envie de répondre tout de suite -. nous n’avons rien compris à ton histoire de femme en couche et Robert ne nous l’avait pas raconté. J’ai passé hier avec Evelyne une excellente journée en forêt de Marly. La semaine précédente nous étions en bande nous avons “été copieusement arrosés , mais hier il faisait magnifique et nous avons sillonné la forêt de Saint nom la Bretèche à la porte St James puis au désert de Retz et retour par Saint Germain en picorant groseilles et framboises le long de la route, vol inqualifiable dirait papa mais bien agréable quand on ne voit jamais un fruit. Nous devions aller à la clem chercher des fruits mais il y avait trop de monde et Denise n’en avait plus. Aussi je ne rêve plus que de ballades en forêt et j’en ai une grande combinée pour Dimanche en 15 en forêt de Rambouillet avec toute une bande. Beaucoup de travail mais pas désagréable et nous avons eu en ce moment un ensemble de malades sympathiques. Antoinette C doit venir à notre prochaine promenade et je dois aller voir demain Mme Faure qui vient d’voir une petite fille. Sa sour part après demain pour Vence. Nous irons voir demain Tante Gilberte qui revient d’un petit voyage auprès de ses enfants. Je t’embrasse bien tendrement

Catherine

Lettre 88

Date : 21 juin 1943

Expéditeur : Oncle Leon

Destinataire : M. Gaston Vite Weill Haute Serre par Vaour Tarn

21 juin 43,

Nous avons été très heureux mon cher Gaston de recevoir ta bonne lettre ; elle noua fait grand plaisir. Bien entendu, ton père, qui vient régulièrement nous voir les mercredi, nous tient au courant de tes faits et gestes. Mail il est cependant plus agréable de tenir les renseignements de toi-même. Catherine qui a profité d’un pue de liberté, est venu nous voir aujourd’hui ; elle sort d’ici, et par elle, nos avons appris toutes les péripéties qui cont marqué ton passage à la commission. Nous espérons ta tante et moi que les suites seront favorables et que tu pourras continuer ta vie charmante de bougniat et de garçon de ferme. Quel changement pour toi que cette existence! Mais je sais que tu la supportes vaillamment, que tu es bien nourri, que tu engraisses et que ta mine est florissante. Et c’est l’important. Ici tu dois le savoir le ravitaillement est toujours bien difficile; je m’y emploie de mon mieux ; mais malgré l’aide bienveillante de nos clients, nous n’engraissons pas ta tante et moi; nous perdons du poids régulièrement mais néanmoins nous nous portons bien, et nous n’avons pas lieu de nous plaindre. Quand tu auras un moment écris nous de nouveau, mon petit Gaston; nous serons toujours très heureux de te lire. Continue à bien te porter. Ta tante et moi nous t’embrassons affectueusement. Léon

Lettre 8

Tu sais quel plaisir j’ai à recevoir de tes nouvelles ! Pourquoi faut-il que ce plaisir soit gâché par les énormités orthographiques mises comme à plaisir dans ta correspondance ! Au hasard : “Cà ne m’étonne pas que tu n’es rien trouvé à l’officiel”, “d’ici 4 jour”, “Eh ouin voilà un an …” D’ici là bien des choses “pourrons commencer”. Voyons ça n’est tout de même pas sérieux. Je sais bien que pour garder des betteraves il n’est pas indispensable d’écrire comme Mad. de Sévigné - mais tout de même. Naturellement tu te dis : mais quand je m’en donnerai la peine. Non mon enfant, les mauvaises habitudes - comme les bonnes - une fois prises ne se perdent pas. Ne m’en veux pas de te morigéner ainsi, mais crois moi, il n’est pas possible que tu ne fasses pas plus attention. Je t’embrasse

Et cependant ——— Je viens de chez O. Léon qui m’a montré la lettre presque parfaite que tu lui as envoyée et qui lui a fait bien plaisir. Je suis également ce matin allé porter à ravi Pécourt quelques indications qui m’avaient été demandées par le père de Roger. Une dame de chez eux doit partir demain, que j’ai vue, a qui vous donnera de vos nouvelles, mais je ne sais si tu seras là bas dimanche, je ne le crois pas puisque vous étiez réunis dimanche dernier.

Rien de Lucien. J’ai déposé chez sa tante un mot pour savoir quelque chose il y a 3 jours déjà. Aucune réponse. J’ai vu que Curtrade avait offert au cours d’une grande cérémonie son épée d’académicien scientifique à Mr Portevin.

Je t’embrasse bien

Armand

Lettre 85 (carte postale)

Date : 24 juin 1943

Expéditeur : Lucien

Destinataire : M. Gaston Vite Weill Haute Serre par Vaour Tarn

Mon vieux Gaston

Quand on dit que piston mène à tout ! N’est-ce pas vrai ? Me voila mineur depuis 5 jours. Le métier est claquant; travaille 9h par jour près 11h en moyenne. Le reste du temps je dors ou me repose. Eu de telles crampes dimanche que je pouvais couper ma viande à table. tes occupations sont sûrement préférables. Je ferais volontiers l’échange même actuellement. L. Brun 8 rue de Bussieres, La Machine, Nièvres Photo du puit où je travaille. Les mineurs sont très gentils et compréhensifs. Ecris aussi une carte à ton père. Pas mal de pistons ici comme moi. Trouvé une chambre. Donne moi bientôt de tes nouvelles. Y en a-t-il d’autres de la promo qui soient partis ? Amicalement à toi

Lucien

Lettre 82

Date : Samedi 26 (juin 1943 par cohérence d’aures lettres ?)

Expéditeur : Oncle Marcel

Destinataire : Gaston

Samedi 26

Mon cher petit Gaston. bonne et longue lettre très détaillée qui comme toutes celles que tu m’envoies me font le plus grand plaisir, car tu me manques et je suis heureux de recevoir de tes nouvelles et de bonnes. J’ai aussi eu Solange qui est contente de te retrouver en fin de semaine elle parait bien et aussi de papa qui me semble pas trop mal disposé. Valentine est bien aussi; nous étions sur le point de vendre Saint Tropez. L’acheteur éventuel est parti sur plage et doit donner sa réponse au retour. Suivant tes recommandations (car ainsi que moi tu es un garçon précis mais qui laisse trainer trop longtemps sa correspondance) je ne surlignerai pas sur l’enveloppe ni Vaour ni Haute Serre encore bien comme tu me le recommandes tout en ne comprenant pas l’inconvénient du trait que je ne pourrais tracer et qui ne t’a jamais empêché de recevoir mes lettres. Je suis si heureux de te savoir encore à bercer faner et boulotter dans ton coin. Loin des mollesses de ses poussières (le travail dur doit te convenir infiniment et te fera un bien énorme. J’en suis sûr. Le mien je te l’assure ne m’absorbe que fort peu et les journées seraient abominablement longues si nous n’avions pas depuis peu un bridge intéressant et sérieux. Qui nous prend presque tous nos après-midi. Je m’y défends très convenablement. Toutes facilités pour se déplacer mais je n’ai nulle intention de bouger. Sauf peut-être à la Rade où le docteur ne pense à aucune imprudence si j’y allais. Jean Pierre doit partir pour la relève le mois prochain au désespoir de ses parents.

Plus de nouvelles des de M. la maman m’a paru triste et tourmentée au téléphone

Je ‘embrasse bien

Marcel

lettre 20

Vendredi 2

Très gentilles les petites photos avec les explications au verso. Je pensais bien que tu n’aurais pas quitté ton coin ou les environs immédiats dimanche dernier; Après demain vous vous retrouverez à Grau Mais quel déjeuner chez tes bons patrons ! Ici c’est plus maigre, de + en + d’ailleurs, mais on finit tout de même, avec des pommes de terre légèrement gratinées par s’en tirer. As-tu pensé à ce que je t’ai demandé pour le début de l’automne ? J’y compte très fermement, car ces envois de Bretagne sont pour moi très difficiles, compliqués et très onéreux.

j’ai vu tes bonshommes dans l’annuaire,. L’un est ingéneiur en chef des travaux du fored; l’autre s’ocupe d’expertises de travaux publics, il habite Albi, 80 route vieille de Cordes. Donnes-tu parfois de tes nouvelles à ton ancien patron, Gedric ? O. marcel l’a rencontré; il lui a dit que si tu étais resté il aurait pu te donner du travail sur un chantier à Brignoles dans le Var ????

Je crois qu’il ne serait pas mauvais de toutes façons que tu conserves le contact; il a toujours été avec toi des plus convenables. Je me propose d’aller lundi voir la maison d’O. Marcel, chez Valentine, ce sera une petite distraction, Cath. doit pique niquer après demain. Elle sera ce soir après son hôpital chez les Levy ma que je n’ai pas vu depuis quelque temps déjà.

J’ai pensé à ceci, tacherai

lettre 21

Vendredi 29 octobre 43,

J’envoie à Sol. une caissette contenant maints accessoires de 1er âge confectionné par Cath. (ce qu’elle se donne de mal) et pour toi (pas pour Bécassine). Une 3ème chemise de flanelle qui te fera certainement illisible: C’est dommage que je n’ai pas pu avoir cette salopette de malheur !

Voilà le mauvais temps, m’écris-tu; d ela boue; du frois, illisible et des journées courtes.

Comment vas tu employer tes soirées ? Tâche d’avoir de la lecture. Et puis, j’espère bien fermement que ce ne sera plus très long. Naturellement ce que tu me dis au sujet de Paul est exact. Mais que faire ? Ce que je fais peut-être, c’est à dire rien. Mais combien à attendre ce sont fait prendre !

J’ai reçu la visite du collègue patron de Roger, lequel sollicitait mon avis relatif à une certaine cotisation. Je me demandais d’ailleurs si vous alliez la verser ? Je suis maintenant renseigné. Aucun inconvénient à cette désignation de résidence. Au contraire.

Une bonne lettre d’O. Marcel que ton ami fait travailler comme un j. homme. Il rentre le soir fourbu. Mais bien disposé et bien nourri, trop bien. Il a une crise foie. N’attrapez vous jamais par chez toi un lièvre ou un faisan à la course ? Ce n’est pas mauvais avec ou sans marrons. J’espère bien que Roger n’a rien d’embêtant. Comme se fait-il qu’il ne reprenne pas forme illisible ? Je t’embrasse

Lettre 79

Date : 14 juillet 1943

Expéditeur : Catherine

Destinataire : Gaston

Mon petit Gaston, je t’ai envoyé par l’entremise de Solange un pantalon de toile blanche teint en marron qui a pris deux mois pour obtenir la vilaine couleur que tu verras. J’espère en tout cas qu’il t’arrivera avant septembre et qu’il te sera utile. Nous suivons chaque semaine vos déplacements et papa a calculé que tu pourrais en tout cas recevoir ce pantalon que 8 jours après son arrivée. Marie-Claire était hier chez BM. où elle m’attendait pour me dire au revoir partant ce matin chez leur oncles Jacques où ils sont ravis d’aller. Marie-Claire a dévoré une douzaine de livres que je lui avais prêtés. Je prends deux jours de repos qui ajoutés à mon vendredi habituel m’en font trois; c’est simplement Pâques et Pentecôte joint aux autres. Ils seront réservés pour le début de septembre ajoutés à quelques jours en plus pour les grands projets dont je vous ai déjà entretenus. Je ne peux les réaliser en août car je remplace la surveillante en vacances. Temps très beau sans pluie se plaint-on partout avec une atmosphère excellente pour certaines choses et détestable pour d’autres. J’irai demain me promener au bois avec deux camarades “collègues”. Evelyne sortira avec moi l’après-midi. Dimanche je déjeune chez BM et irais voir Antoinette C. l’après midi. Je ne pas grand monde comme tu le vois et malgré la lecture, les jours passent très lentement. Heureusement que je fais des châteaux en Espagne. Je toussais depuis longtemps et me suis fait faire une radio dont le résultat a été excellent .

J’imagine que la tienne doit être maintenant impeccable; quand à la décalcification !!!

Je t’embrasse tendrement Catherine

Lettre 80 (carte postale)

Date : 20 juilett 1943

Expéditeur : Solange

Destinataire : M. Gaston Vite Weill Haute Serre par Vaour Tarn

Mon cher Gaston,

Bien reçu ta carte. Merci pour le charbon. Nous n’irons pas à Frau dimanche mais tu peux y aller si tu es invité. Tout va bien.

Nous t’embrassons

Solange

Valise envoyée

Lettre 149

Date : 19 juillet 1943

Expéditeur : Thérèse Gompel ?

Destinataire : Gaston

Lundi 19 juillet 43. Mon cher Gaston. Il fait jour et il pleut et je profite de ce répit dans mon jardinage pour venir m’informer de l’état de vôtre âme et de votre coeur ! Je sais par votre père que le physique est bon, les photos que j’ai vues en sont une preuve, et votre poids aussi. Mais il y a le côté spirituel qui ne doit pas vous laisser indifférent. La belle jeune fille qui s’était attaquée à votre coeur vers Pâques, qu’est-elle devenue ? Est-elle dans le désespoir ou dans l’extase ? peut-être ni l’un ni l’autre. Je continue à vous envier vos bois, vos potagers, vos vignes, nous qui ne pouvons pas bouger d’un pouce. Regrettez-vous beaucoup la Capitale ? Je le suppose car généralement on regrette ce que l’on n’a plus. La vie ici est des plus réduites et heureusement que j’ai le jardin qui est une occupation et une cure d’air. Votre Père m’aide beaucoup, il taille, il arrose, et si bien que nous aurons des tomates dont il pourra profiter. Les lectures occupent aussi le temps, heureusement qu’on nous a laissé nos yeux pour lire. Je n’ai plus plus le téléphone et j’en suis ravi, je crois que je ne l’aurai plus jamais, par contre j’écoute les concerts et en ce moment ils sont joliment bien.

Je croisais hier le docteur Sée qui est parmi nous, je l’ai vu des années dans le service du Professeur Debré; où je suis allée pendant 5 ans, il est très gentil. Je ne connais pas sa femme, on m’a dit qu’elle est charmante. Autour de nous tout vas à peu près, Gilberte a bien mauvaise mine et est surtout d’une nervosité impressionnante. Si j’étais elle, j’irais auprès de mes filles. Vous avez su sans doute que j’avais eu des nouvelles de mes 3 larrons, du 15 mai, j’en ai été bien soulagée. Comment est Solange avec sa nouvelle coiffure, je suis sûre que cela lui va mieux que ses cheveux tout tirés.

Parlez-vous quelques fois “math” avec Roger ? Ou bien avez-vous décidé d’oublier le passé ? Avez vous gardé quelques rapports avec votre patron de Marseilles ? Peut-être serez vous content de le retrouver un jour.

Paris est bien vide maintenant, je me demande où tout le monde arrive à se nicher pendant les vacances. Notre ravitaillement n’en est pas amélioré hélas, et vous devriez battre la campagne pour nourrir votre famille ici.

Au revoir mon cher Gaston, peut-être à bientôt, qui sait ?

Je vous embrasse sur vos bonnes joues, surtout le Dimanche quand elles sont lavées !

Thérèse

Lettre 83

Date : Mardi 20 (juillet 1943 ? par cohérence avec lettre 81 et mardi 20 juillet 1943 existe)

Expéditeur : Oncle Marcel

Destinataire : Gaston

Quelle belle bonne et grande lettre tu m’as envoyée mon petit Gaston mais que de précautions il faut s’entourer pour ne pas la déchirer en l’ouvrant. L’idée de vendre St Tropez est remise à date ultérieure, c’était chose faite quand l’acquéreur s’est refusé à traiter le tout au comptant et peut-être est-ce mieux ainsi quoique la vente était intéressante. Mais celà nous permettra d’y aller peut-être fin août car Valentine a sa place retenue pour le 23 Août et tu dois facilement juger de toute ma joie. Pourra-t-elle mettre à exécution ce beau projet. Je le souhaite sans trop cependant l’espérer … et il est bien difficile maintenant de dire ce que l’on pourra faire quelques jours plus tard. Je suis si heureux de ta stabilité qui te donne tant à travailler et autant à manger. Je ne fais ni l’un ni l’autre ici, l’âge m’interdisant l’un et la pénurie de ravitaillement l’autre. Je n’en ai pas moins bonne joie et ne dépéris pas. Plus aucune nouvelle des de M. après cependant coup de téléphone et lettre. Je n’y comprends rien : pourvu qu’elles ne me fauchent pas mes complets. Je n’ai rien compris à la santé de la mère qui a du être altérée par les conséquences de cette fausse couche dont tu me parles ?? Suis je borné ? Je ne fiche rie et le temps passe quand même assez vite : je deviens champion au bridge plafond Beaulieu (marque chère mais très dure) et tous mes après-midi y sont consacrées; c’est une bonne distraction à domicile par ces chaleurs : mais une bonne brise de mer nous les fait allègrement supporter. Reçu hier une très longue lettre de Catherine et papa. Ils vont bien mais le temps doit leur paraître si long. Tout ne devant pas être rose .

Je t’embrasse toujours bien fort mon petit. N’as-tu besoin de rien. Ne te gêne pas et compte sur ton vieil Oncle.

Lettre 150

Date : Mercredi 21 juillet 43

Expéditeur : Armand

Destinataire : Gaston

Je n’ai vraiment pas grand chose à te dire ou, ce qui revient au même, j’en aurais beaucoup de trop. Mais je ne veux pourtant pas que tu restes sans nouvelles, et puis je veux t’envoyer ce gentil mot de Thérèse. Ah ! j’ai bien travaillé cet après-midi, et il faisait chaud ! Une énorme branche qu’elle avait sciée le matin et qu’il a fallu émonder et débiter. Mais je n’ai pas fini et j’aurai encore à peiner demain. Et dans la matinée j’étais allé à pied chez O. Léon en passant par la porte Maillot. Tu vois que la soixantaine ne m’affecte pas trop. Comment as-tu trouvé ma photo ? (celle pour Solange). J’aimerais bien en avoir une de toi à peu près convenable.

Cath. vient d’aller se coucher. Nous avons terminé un mot croisé et je n’ai plus rien à lire car j’ai terminé après le déjeuner mon livre quotidien (une affaire judiciaire, par Bouchardon). Il en fait un certain nombre qui vraiment sont toutes pas mal. J’ai écrit un mot de remerciement à ton patron, je lui enverrai après demain.

Le ravitaillement en fruits de la Capitale est assez pauvre, mais j’ai cependant mangé, cet après-midi, 1 pomme et trois prunes et ce soir une pêche excellente et une poire louisbonne. Et j’oublie 3 pêches pochées à déjeuner. Mais ne crois pas qu’il s’en va chaque jour ainsi. Je t’embrasse

Lettre 78

Date : 28 juillet 1943

Expéditeur : Catherine

Destinataire : Gaston

Mon petit Gaston

J’espère que ma lette arrivera à temps pour te souhaiter une bonne fête. je ne pourrai encore pas t’embrasser cette année mais ce ne sera pas pour longtemps et tu sais que mes projets tiennent toujours et mieux que jamais : Ici très beau temps et très chaud. Je reviens de faire ma visite hebdomadaire à tante Gilberte que j’ai trouvée pas mal. Elle part rendre visite à ses filles en fin de semaine qui sont installées maintenant dans un petit appartement mais qui lui causent toujours des tas de soucis. De Thierri elle a par excellentes nouvelles et très précises dans une école près de la capitale. Je suis en train de prendre mes fonctions de surveillante ce qui consiste en beaucoup de paperasseries et de papotages. Mais il y aura peu à faire et je pense ne pas avoir trop de mal. Mamie est venue hier au soir, elle avat une commission à me faire faire. N’oublie pas ce que je t’ai dit au sujet des tricots gris. S’ils sont usés renvoie les moi et de deux je ferai un neuf. Le dernier envoi de Solange est arrivé en mauvais état mais la boîte est bonne à jeter. Les lyons-Caen illisible déjeuner vendredi pour partager une acquisition de charcuterie commune qui s’est révélée au bout d ehuit jours pleine d’habitants. Paris est bien calme en ce moment; beaucoup sont partis en vacances et il y a bien peu d’animation Nous allons descendre chez nos amis commenter les nouvelles du jour et échanger nos impressions de la journée; en ce moment on a beaucoup de choses à se raconter et les potins ne manquent pas. Je vais demain chez B. M. comme tous les jeudis ce que je ne pourrais faire le mois prochain ne sortant pas de l’hôpital avant le ?

Je t’embrasse bien tendrement,

Catherine

Lettre 76

Date : 29 07 1943

Expéditeur : Tante Edith

Destinataire : Gaston

Mon cher Gaston,

Je t’envoie toutes mes affectueuses pensées et mes voeux pour ton anniversaire en te souhaitant de tout mon coeur que ces derniers se réalisent : espérons quoique l’avenir sit si incertain que la vie sera plus sûre et plus stable l’an prochain et que nous serons réunis pour te fêter. Peut-être pourras-tu passer ce prochain dimanche avec Solange et son mari : si oui tu embrasseras la petite pour moi et lui diras que je pense souvent à elle.

Tu dois travailler dur en ce moment de grands travaux sous le soleil brûlant de juillet et te rendre compte de ce qu’est la vie du paysan. Il faut, je crois, avoir un peu de terre à soi poir l’aimer tout à fait et en comprendre le sens profond.

Ici notre vie continue dans les mêmes conditions, il ne faut se plaindre de rien tant que ceux que nous aimons peuvent la continuer sans entrave. Catherine a fort à faire; elle va pendant un mois faire fonction de surveillante du service. Elle est d’ailleurs très vaillante, heureuse et gardant sont entrain. Je vois rarement ton père mais le sais en bonne santé. Bonne maman toujours énergique, Denise bien, les enfants heureux en Mayenne. Tante Louise a eu la joie de la visite de sa Claude; celle-ci était enchantée de sa venue à Paris et s’est bien amusée. C’est une belle enfant un peu trop grosse et petite, mais gaie, affectueuse et bien douée. Elle s’est beaucoup informée de toi.

Tu vois que tu n’es pas oublié.

Je t’embrasse très affectueusement mon cher petit

Ta Tante Edith

Lettre 74

Date : 2 aout 1943

Expéditeur : Bonne Maman

Destinataire : M. Gaston Vite Weill Haute Serre par Vaour Tarn

2 août 43

Aujourd’hui, mon petit Gaston tes 23 ans ! Tous mes voeux, tu sais ceux que je forme et que du fond de mon coeur, mes désirs sont les vôtres. Soyez heureux en cette nouvelle année qui commence pour toi. Cath m’a lu la lettre de Solange disant qu’elle attend une seconde bécassine et en est toute heureuse; ce matin j’ai du reste reçu une lettre d’elle et elle paraît bien contente et dit elle en bonne santé. Nous avons eu très chaud, en ce moment il fait délicieux. Un excellent orage avec pluie nous a rafraichis et cette après-midi on respire un bon air. espérons que le soleil ne deviendra pas trop ardent et que les légumes reparaîtront. Quant aux fruits, on ne les connait plus. Espérant que cela changera et quelle orgie on fera ! Autour de moi les enfants sont biens. Marie-Pierre et Pierre, toujours en Mayenne. Catherine bien occupée par sn nouveau grade et elle va avoir beaucoup à faire. Tante Diet et tante Louise bien. Pas grand chose à te raconter, on vit au jour le jour. Je t’embrasse bien tendrement. Je sais que tu travailles dur que les blés sont superbes et que les vignes donneront beaucoup. Bonne santé, compliments à ton patron. ta B. maman

Lettre 77

Date : 2 aout 1943

Expéditeur : Solange

Destinataire : M. Gaston Vite Weill Haute Serre par Vaour Tarn

Mon cher Gaston

Puisqu’aujpourd’hui c’est ta fête et (sur les bons conseils de Manon); je t’envoie un mor pour te souhaiter une bonne fête. J’espère que ton moral est redevenu excellent et que tu ne t’ennuies pas. Tâche de venir un jour à Albi. Si nous ne venons pas à Frau avant nos vacances. J’écoute ce que tout le monde dit et écris en l’air. Encore bonne fête et je t’embrasse bien fort.

Solange

Jean Louis

Bonne fête, Madeleine

En 1944, quai Louis Bl ! Un bécot sur l’oeil droit illislbe

Roger - Jacqueline

Lettre 73

Date : Samedi 7 (probablement 7 août 1943, etant donné lettre 71)

Expéditeur : Marcel

Destinataire : Gaston

Samedi 7

Mon cher petit. Je pense que pour l’instant c’est la dernière lettre que je t’envoie d’ici : après visite au docteur et après les grosses chaleurs que nous traversons, il m’a conseillé de monter un peu sur la hauteur : comme je suis sage je l’écoute et vais monter cette semaine rejoindre les Jacques qui y sont depuis trois semaines et pas mal avec leurs petits enfants. C’est à Thorenc (Alpes Mmes) Hotel du Parc et des Pins. C’est à 1200m et on y va d’ici en car, 60 km. J’aurais certainement préféré rester ici avec mes bonnes habitudes mais puisqu’il est sage que je monte, je m’incline. Ce qui me navre c’est que j’ai arrêté le voyage de Valentine qui devait arriver le 24 et nous en sommes désolés tous les deux. Mais les déplacements en ce moment sont ils bien prudents. Ta longue lettre m’a fait si plaisir. Tu me gâtes. On y bouffe bien paraît-il : petit hôtel de montagne. joly pays. J’ai eu téléphone et lettre charmante de Me de M. elle s’ennuie tant après nous ! on illisible un peu et inutilement d’ailleurs les derniers jours de là-bas. Son mari l’a abandonné complètement. Willy est gentille avec elle. Thérèse difficile. Jo. y couche, rentre et sort et c’est tout. Toute la famille Paul est à Paris depuis 15 jours. Jean-Pierre étant sur le point de partir : ils voient beaucoup Valentine et ont passé 24 heures à Chevreuse. Il est resté chez l’ami de Paul à ton père 34.700 Penses-tu que je me resservirai bientôt de ma bicyclette. Le fils Gianotti a été recalé ! J’ai vu ton père demandant toujours après toi. Continue à être bien. C’est mon voeu le plus cher. Ecris-moi !

Je t’embrasse bien fort

Marcel

Lettre 81

Date : 9 aout 1943

Expéditeur : Catherine

Destinataire : Gaston

Mon cher Gaston,

C’est de l’hôpital que je t’écris car si je suis très prise ne sortant pas avant six heures j’ai pas mal de temps libre dans la journée maintenant que tout le monde est à peu près organisé et que la routine est prise. Mais j’ai pas mal de difficultés avec toutes ces infirmières qui se chipotent entre elles comme toutes les femmes bien entendu. Tu mènes une vie bien dure en ce moment mon pauvre Gaston et Caroline qui était hier en forêt de Rambouillet me disait qu’elle pensait bien à toi en voyant les meules s’élever et l’effort que tout ce travail demande. Que deviendras-tu après la guerre, c’est bien là ce que je me demande bien souvent ? Je ne vois plus personne. Tout le monde est en vacances et j’ai d’ailleurs bien peu de temps libre. Je crois que Giselle se propose de venir faire un petit tour du côté de chez vous et ce sera bientôt le tour de Caroline qui ne se tient plus de joie. La Veinarde!! Je vois défiler parmi mes malades internés tout un lot bizarre depuis le marchand jusqu’au président de la cour de cassation. Nous vivons de drôles de temps. Comme tu es ma 3eme lettre

Puis un “menu de l’hôpital” pour Nourrisson

Pour surveiller le régime de ton futur neveu ou nièce

lettre 1.

Dimanche,

Mon cher Gaston,

Madame la surveillante ayant laissé son stylo dans la poche de son tablier se voit forcée d’écrire au crayon. Les journées passent trop lentement à mon gré car je voudrais déjà être à ce début de septembre.

Encore une semaine et ce remplacement prendra fin. Pourvu seulement que des événements extérieurs ne viennent pas contre carrer mes projets. Caroline est tellement occupée que je vais lui prendre demain son billet. Elle partira jeudi soir 2 pour arriver vendredi matin 3 et ira prendre ou essayer de prendre une place elle me des jeudi prochain selon les facilités ( ?) pour retenir une place. Elle voyagera en 2eme ou en 3eme.

Ai eu hier M’selle (Gisele ?) de retour de vacances en Haute marne. Elle est seule à Paris avec la plus jeune qui se présente au bachot en Octobre ayant été malade en juin. Je n’ai pas l’adresse de Sol dans son trou. J’espère qu’elle ne partira pas trop tôt pour Caroline. Mais que cette fille peut être égoïste de me parler tout le temps de ce voyage à moi qui ne peut partir. Evelyne rentre de vacances demain elle aussi. Je serai contente de la revoir. Un grand convoi de bateaux passe sous mes fenêtres, c’est joli et comme tu l’as toujours connu. C’est dimanche, il n’y a pas d’autos et seuls passent les cyclistes qui s’interpellent et les enfants qui contemplent les pêchers à la ligne. J’envie ta promenade en foret au clair de lune.

Je t’embrasse tendrement

Catherine

Lettre 71

Date : 25 août 1943 ? (basé sur probablement un mercredi 25 aout)

Expéditeur : Marcel

Destinataire : Gaston

Hotel du Parc et des Pins

Thorenc( Alpes Maritimes)

Mercredi 25

Mon petit Gaston. Tu me laisses royalement tomber car je crois bien t’avoir écrit avant mon départ de Nice qui date de 15 jours et je ne sais rien de toi depuis ce temps. Est-ce parce que j’ai laissé passé le 2 août sans te souhaiter ta fête : je m’en excuse et je m’en étonne car ma mémoire me fait rarement défaut. Pas plus d’ailleurs que je n’ai souhaité le 18 l’anniversaire de Solange auprès de qui je m’excuse. Puisque tu passes près d’elle tes week-end et tu l’embrasseras bien fort.

Dans une des trois lettes que je reçois de Valentine ce matin, elle m’apprend que Catherine doit venir voir Solange. Je n’en reviens pas : quelle joie sans fin mes petits enfants vous allez avoir si ce projet se réalise et comme je m’en réjouis pour vous : comme vous allez être heureux et que je regrette de ne pouvoir participer à votre bonheur, moi qui viens d’anéantir le mien en empêchant sagement Valentine de venir : nous en avons été désolés tous les deux. Mais comment ses occupations lui permettent-elles de venir …. j’espère qu’elle ne fait aucune blague. Je m’ennuie copieusement ici, quoiqu’avec les Jacques Arnold est aussi monté pour une dizaine de jours Pays de petite montagne très quelconque mais on mange très convenablement, is tout reste dans l’ordre mes craintes auront été vaines. Je compte redescendre le 2 au West End ou je pense trouver tes nouvelles et après quelques jours aller à la Rade chez Paul et y passer un bon moment après les vendanges. Puisses-tu être toujours tranquille et bien.

Je t’embrasse bien fort

Marcel

Lettre 72(carte postale)

Date : 25 aout 1943

Expéditeur : Roger

Destinataire : M. Gaston Vite Weill Haute Serre par Vaour Tarn

Mon cher Gaston, nous passons ici d’épatantes vacances pantagruéliques qui se terminent, hélas, dès dimanche prochain. Le pays est beau, le temps agréable. Nos relations sont nombreuses et variées (le maire, l’adjoint, l’entrepreneur de battage, notre ancien propriétaire de Carmaux, estivant, un directeur de construction de barrages, estivant)

Pour la venue de Catherine, nous avons retenu du dimanche (ou du lundi) ou jeudi à Vinderc. Mme Violon nous nourrira et nous logerons chez l’habitant. Je projette peut-être d’abandonner un jour Sol et de monter avec Cath à vélo te voir - avec retour par St Antonin. Nous déjeunerions à Vaour

Meilleures amitiés à Richard et à son épouse

Roger

Lettre 162

Date : 30 août 1943

Expéditeur : Roger

Destinataire : Gaston

Mon cher Gaston. Catherine doit arriver le vendredi 3 à midi. Nous pensons aller à partir du dimanche à Vindrac. Tu devrais demander congé les vendredi 3 et samedi 4 et venir à Albi. Giselle doit aussi peut-être venir. Pas de certitude.

Nous rentrons après-demain à Albi.

Affections

Roger

Si Cath est d’accord, nous irons aussi te voir à vélo de Vindrac un jour entre le 5 et le 10, jour de son départ

lettre 23

Vendredi 27,

Depuis 2 jours nous avons un vrai temps d’automne, il pleut; il ne fait plus chaud. et les jours raccourcissent - le sir je dois aller me coucher avant 9h1/2 car je ne veux pas fermer les volets et je ne puis lire après 9 heures; il fait presque nuit. Allons-nous repasser en hiver ? Et cependant les signes du ciel sont favorables. Comme toi je me préoccupe de Caroline. J’espère que tout se passera bien. Je vais voir ce matin Paul L, je pense qu’il a depuis un certain temps déjà les nouvelles que tu me donnes de son fils. Sans doute il a perdu une année, mais qu’aurait-il pu faire d’autre si ce n’est ce que tu fais toi-même.

Comment se fait-il qu’avec les jours moins longs tu ne puisses te coucher avant minuit ? 6 heures de sommeil c’est vraiment peu, trop peu. Sans doute le corps finit par s’habituer à bien des choses mais trop souvent au détriment de la santé.

Je suis très inquiet sur le sort de ce pauvre François Lepoutre. On est venu le chercher . Il a 3 jours et je ne sais encore ce qu’il est définitivement advenu de lui.

Par contre François et Jean Jacques ont pu donner de leurs bonnes nouvelles; ils ont terminé leur petite ballade.

Vous allez être bien contents pendant quelques jours … que ne puis-je partager ces joies ?

Je vous embrasse tous comme je vous aime. Je vais voir pour les chaussettes mais plus très riche en l’espèce.

lettre 24

Jeudi 2

Le courrier est plus rapide; hier ta lettre de dimanche et aujourd’hui ta carte de lundi. Tout s’est bien passée pour la jeune Bécassinnette N°2 mais je comprends que Sol. ait eu quelqu’émotions. Elle nous écrit toujours gentiment, avec tant de complicité et de laisser aller.

Nous parlons beaucoup de vous en ce moment avec la voyageuse. Elle passé cette nuit à la maison et est venue ce matin bavarder avec moi dans ma chambre, surprise de mon bonnet de coton.

Elle rapportera différentes petites choses de layette et pour toi une p. de chaussettes, tes chaussures de ski puisque tu me les demandes et la salopette que j’ai pu enfin avoir. N’oublie pas de mettre sur le devant la toile double. Naturellement comme tout le monde, tu n’as pas grand chose à te mettre. Mais fais-tu ce qu’il faut pour renouveler dans la mesure du possible ce qui s’en va. Tu dois pouvoir obtenir des bons de chaussure, de galoches qui te seront bien utiles et économiseront tes chaussures. De même pour un vêtement de travail. Il faut être un peu dégourdi et ne pas seulement attendre ce que je t’envoie, ce que malheureusement je n’ai pas plus que toi-même.

Pour tes vêtements, Cath. va mettre de côté les bouts d’étoffe que tu me demandes. J’ai bien souvent pensé à cet élargissement nécessaire de tes frusques. Tu devrais dès maintenant trouver quelqu’un, à Albi ou autre part qui pourrait te faire des travaux. Autrement quand dans 6 mois ou dans quatre ans tu reviendras tu ne pourras mettre aucun de tes vêtements. Et puis insiste pour que tout ce qui est encore à M. te soit envoyé.

Un peu de débrouille, un peu de débrouille mon gars - Cath et moi recevons une invitation à goûter après demain chez les Rouvray.

lettre 22

Je viens d’envoyer un mot à Albi, mais ne sachant pas si tu en as connaissance je te donne très rapidement des nouvelles. Caroline nous en a raconté ! Mais j’avoue que cette période est out de même exceptionnelle, elle rappelle les mauvais jours. Que de questions, que de réponses avez vous dû échanger ! Et comment j’aurais voulu être là? Aurais-tu pu prendre 2 ou 3 jours de congé ? Mais de toute façons, d’après ce que je crois savoir l’installation de Caroline aura facilité cos rapprochements réciproques.

Ce matin beaucoup de bruit à proximité, mais je me promenais du côté de Passy. Le malheureux François Lyon C. n’a pu échapper à son triste sort, le voici près d’O. Jean. Ses parents sont désolés. Caroline ne t’a qu’en partie apporté ce que tu demandais. Je t’embrasse

Papa

lettre 27

Jeudi 9

J’ai en ce moment beaucoup de chance. J’avais reçu en 2 jours les lettres de Cath. j’ai eu ta carte de Viendrac Je vis avec vous depuis jeudi; et voici la semaine. Que de choses j’aurai à savoir à demander ! Et ce sera bientôt la fin des illisible ; les nouvelles de ce matin le font bien présager.

Tu as pris quelques bonnes journées de vacances, or j’ai hâte de savoir comment tu as été trouvé hier mercredis au milieu de tes occupations domaniales. Je fais comme à l’ordinaire peu de choses, naturellement beaucoup d’allées et venues au 3ème où je prends des repas vraiment très acceptables. Henriette sans en avoir l’air se donne un illisible ! Ce soir elle nous fait une charlotte aux pommes. J’ai envoyé un mot à Lucien dont tu as maintenant la nouvelle adresse; quel heureux changement pour lui. Demain matin Gilberte verrra Gisellle. Cela me fait bien de la peine de la ,savoir ainsi meurtrie.

J’étais ce matin chez les Lyon C. je les vois beaucoup et je vois qu’il est content quand je suis avec lui. Mais que lui dire ? Que je serai content samedi matin

Il parait que tu es formidable mais à cette époque, on peut être formidable physiquement, intellectuellement, moralement. Je serai bientôt fixé. Tous mes plus affectueux baisers

. Je illisible

lettre 26

Il me semble que voilà bien longtemps que je n’ai reçu de tes nouvelles. Notre voyageuse part ce soir ; peut-être la verras-tu demain. Elle emporte différentes choses pour vous

Elle est gentille compréhensive, sérieuse, mais quelque fois aussi assez instable, un peu comme sa mère.

La pauvre petite n’a pas une vie bien drôle; elle ne manque pas de courage. Elle trouve trop encombrante les chaussures que tu lui demandes. Tout bien considéré, elles seront en meilleur lieu chez toi que chez moi. Je te les enverrai prochainement.

Es-tu content de tes grises ? J’aurais presque pu les mettre ce matin car il est tombé la première neige. Elle n’est pas restée. Depuis plusieurs jours la température est aux environs de 0 et j’allume le poêle. Je sors maintenant le matin assez tard et bien souvent je ne fais que quelques petites courses dans le quartier.

Robert va bien mais reçoit depuis plusieurs semaines déjà l’hospitalité de voisins. O. Marcel est très satisfait et trime dur. Aucune nouvelle ni de Bernard ni d’Arnaud.

Je t’embrasse

papa

lettre 25

Mardi 14

Je me suis levé en même temps que Cath. à qui je viens d’offrir une tasse de café bouillant. Pour la 1ère fois hier soir, ne me contentant pas de mes chaussettes j’avais mis dans mon lit une boucle d’eau chaude. La fermeture a sauté 10 minutes aorès m’être couché et malgré tous mes efforts de sauvetage, j’ai été en partie inondé pendant toute la nuit. Ce matin j’en avais assez, je viens de bassiner les parties encore atteintes avec le fer électrique et maintenant je vais lire la chronique des Pasquier (10 Vol.) en attendant la soupe de cette excellente Titine.

Mon thermomètre marque toujours 0 et le baromètre remonte de + en +

Il doit faire bon du côté de Koresten ! Si nous avons cet hiver la température d’i il y a 2 ans, je me demande comment la maison et nous-mêmes le supporterons (faut-il un s ou un t ?) Grammaticistant:

Je vais maintenant tous les lundi matins (faut-il un s ?) chez Roland. Nous bavardons 1 heure avant qu’il ne descende faire des achats. Il m’a donné hier 2 énormes bouquins sur l’étude comparée des religions que je ne lirai probablement pas. Mais lis et étudie ce que je t’ai envoyé, tu verras que tu en seras content.

Je pense que Giselle t’aura illisible mais tu n’y trouveras pas l’existence d’un paysan français.

Je t’embrasse

Papa

Lettre 94bis (carte postale)

Date : 5 novembre 1943

Expéditeur : M. A. Vitteweill

Destinataire : M. R. Rambach, 8bis rue Puech Berandier, Albi, Tarn

Vendredi 5 Reçu ta carte de samedi. Si content de cette oasis retrouvée. Je crois que tu as eu raison beaucoup ont actuellement pris la place réservée la première fois à on Jean. Après les premiers moments d’euphorie, il faudra si tu le comprends aussi bien que moi, que tu examines les choses possibles ici ou là, là peut-être plutôt qu’ici. As-tu des nouvelles de Jean Jean et Pauly ? Dis leur que je pense à eux. Inutile d’adresser des cartes à Cherper ; elles arrivent aussi bien. Je pense bien que Sol. ne te donne pas trop de mal et que les hommes lui apportent l’aide nécessaire. Vu hier assez longuement Paul L. J’irai sans doute la semaine prochaine voir avec lui les grands parents de Roger. Bien affectueusement

Lettre 144

Date : Samedi 6 novembre 1943

Expediteur : Armand

Destinataire : Gaston

Samedi 6 novembre 43

Voici le froid qui vient. Il fait à peine 5 le matin. Je suis déjà allé dans ta chambre, chercher si dans ton armoire je ne trouvais pas un peu de papier gauffré. Tu sais que j’y vais souvent dans ta chambre ! Il me semble que je t’y retrouve un peu; et ta place t’attend, avec un peu plus de poussière qu’avant. L’année dernière elle était avec la salle de bains voisine une resserre à p. de terre. Mais je viens de faire ranger celles que je viens de recevoir (j’en ai pour mon hiver) dans le garage à côté de celles de Mtre Bassaler (mon Dieu que mon stylo sur ce papier écrit mal !) Je préfère continuer au crayon . J’espérais que vous auriez passé ensemble la Toussaint à Frau. Mais tu me dis que roger n’tait pas toujours d’aplomb. Pourvu que sa santé générale soir bonne !

T’avais-je dit que j’étais allé voir O. Georges, que je n’avais pas vu depuis près de 20 ans. Il n’a guère changé, a beaucoup de cran, j’irai le revoir, en même temps que les Lesson

Pierre a reçu mardi soir u mot de Robert. Son jaseline a reçu de mauvaises visites et il a manqué de peu qu’il ait de graves ennuis. Je me demande si il va y rester.

Demain l’anniversaire de grand-maman. Je cherche vaguement ma paire de bas gris. Tu as dû emporter la verte. mais n’aurais-tu pas également la grise, très épaisse ? N’oublie pas de me le dire.

Comment as-tu ces quelques livres qui te touchent dans la main ? Par Loubers ? Par ces longues soirées qui vont venir, tâche de lire le plus possible, et prends bien courage(je sais que tu n’en manques pas). Tu verras que ce ne sera plus long. Je t’embrasse

Lettre 4

Paris, le 10 novembre 1943,

Mon vieux Gaston,

Que deviens-tu dans ton bled lointain ? J’ai parfois de tes nouvelles par Lucien avec qui je suis en correspondance fréquente. Tu trouveras ci-joint des nouvelle d’un grand nombre de camarades vu ( ?) la convocation au dîner. Tu me ferais grand plaisir en venant, mais je crains que ce ne soit difficile …

De toute façon envoie moi de tes nouvelles

Bien amicalement à toi, une vigoureuse poignée de mains

Lettre 146

Date : jeudi 16 décembre 1943

Expéditeur : Thérèse Gompel

Destinataire : Gaston

Mon cher Gaston

Je pense beaucoup à vous parce que je vous aime bien, et que je crois comprendre que vous vous ennuyez un peu dans votre bled, avec des nuits longues pas grand chose à faire et déparé depuis si longtemps de votre petit Papa. et je trouve que quand on est jeune on n’est pas là pour avoir une vie triste comme celle que nous menons. Mais hélas nous ne choisissons pas et il nous faut supporter. Lorsque j’avais votre âge j’ai vécu l’autre guerre, je n’en ai pas souffert de la même façon que de celle-ci, d’ailleurs ce sont 2 guerres différentes. Et puis on supporte mieux quand on est jeune, on réagit mieux. Je me dis que vous allez merveilleusement réveillonner, votre Patron doit préparer un fameux festin.

Est-ce que Solange prépare aussi un festin de Noël ? Sa vie va être bien changée avec un poupon et elle va être débordée d’ouvrage, ne se fera-t-elle pas aider ? Vous nous raconterez comment il est cet enfant lorsqu’il sera là, je compte sur vous, cela me distraira. Espérons en 1944, il me semble que c’est un bon chiffre !

Je vous embrasse

Thérèse G.

Lettre 15

Mon petit Gaston,

J’ai reçu hier sir ta lettre. Je t’envoie ci-joint quelques lettres sympa et une liste de celles reçues. J’ai répondu à tout. Naturellement, il y a beaucoup de monde qui ignore encore. Je t’envoie un colis de vêtements comme tu me l’as demandé. Je n’envoie pas le pantalon marron verdâtre qui fait partie d’un complet et qui fera le bonheur d’un malheureux .
Pour les affaires, ne te fais pas trop de souci, je sais quand même pas mal de choses et il t’est impossible de me donner des conseils cas tu n’es absolument pas au courant. Ex : il ne reçoit plus aucune mensualité depuis longtemps. Il ne faut pas de faire exagérément du souci pour tout cela. On attend tranquillement les convocations et on fait l’idiote en disant qu’on n’est pas au courant. Je vais avoir à faire maintenant la double déclaration d’impôts pour moi et pour papa, je n’ai q’à copier les feuilles de l’année précédente en les soumettant à oncle Léon.

Revenu = néant. C’est pas compliqué (moi j’ai un revenu).

Ils me préviennent Oncle Léon, Pierre H quand il ya quelque chose à faire. Je me suis installée ce matin chez papa. Je travaille à la maison avec un loden et des gants. En venant me chauffer toutes les 1/2h c’est à peu près possible.

J'ai été déjeuner chez BM et suis rentrée car j'avais à faire ici. Je suis déjà retenue pour quatre des dimanches à venir et Antoinette C. m’avait envoyé un pneu pour se promener Mais j’ai trop à faire ces temps-ci mais le ferai surement plus tard.

J’ai un travail fou à l’hôpital qui m’absorbe corps et âme. illisible des malades, des chirurgiens et de la direction, je te promets que ce n’est pas de tout repos. J’ai de très grosses responsabilités mais ne m’en plains pas et vraiment, médecins ou directeurs ils sont très chics avec moi. Evidemment je pourrai louer l’appartement et aller ailleurs; je crois que je n’arriverai jamais à prendre une pareille décision.
Sais tu que Tante Louise de papa est tout près de toi à St Antonin Mme Charles Leblanc. Hotel Dufaut Va la voir elle est très gentille et je l’aime bien. Jean son petit fils est ici avec sa femme.

j’aurai demain l’agrandissement des photos et tu les auras dans ma prochaine lettre.

Je n’ai rien eu de Sol. de toute la semaine passée. J’espère qu’ils vont tous bien. Qu’as-tu fait aujourd’hui ?
Je t’embrasse mon cher petit Gaston

Bien tendrement,

Catherine

Lettre 91

Date : 1er Janvier (probablement 1944 puisqu’elle annonce la naissance proche du bébé)

Expéditeur : Catherine

Destinataire : Gaston

Ne crois pas que je t’ai oublié mon cher Gaston, mais te croyant à Albi, j’y ai envoyé une longue lettre collective (je ne peux pas t’écrire j’ai les mains gelées). Tous mes voeux mon cher vieux pour cette nouvelle année qu’elle nous apporte la paix et la liberté ; tout le reste viendra avec. J’imagine qu’en ce jour tu fais ripaille puisque tu es resté là-haut et que tu auras un déjeuné analogue à celui de Noël où t’avais évoqué parmi tes gardes forestiers. J’ai eu congé pour le jour de l’an n’ayant pas eu Noël. Je vais déjeuner chez BM qui q du recevoir un poulet et je lui apporte une glace transportable que tout le monde achète en ce moment. Nos serons bien peu nombreux cet après-midi chez BM. Marie-Claire est partie hier avec son oncle passer trois jours dans la Sarthe où elle retrouvera Pierre. Nous avons à l’hôpital de nouvelles émotions tous les jours qui sont plus ou moins conséquentes. L’hôpital semble tendre à ne laisser en ce moment soigner qu’une certaine catégorie de malades; les autres dont l’assistance publique s’en vont. Que fera le personnel dans tout ça ? Attendons.

Caroline viendra faire n petit tour par chez vos aussitôt le bébé né; le mieux serait pour l’accueillir à domicile et aider la maman pendant une semaine à la maison. Sans aucun doute Aristide suivra. Il en parle tout le temps mais se préoccupe d’un tas de petites choses que Caroline arrangera très bien avec vous tous.

Le feu n’est pas allumé et je gèle bien qu’il ne fasse pas très froid ; papa emmitouflé à côté de moi dans sa doublure, sa casquette et ses gants d’intérieur, lit en tenue de nuit , il est charmant en chaussettes, bonnet de coton, écharpe, chemise de nuit, caleçon et tricot. Je lis toujours pas mal et termine une 2eme paire de chaussettes de vraie laine pour papa.

Je t’embrasse bien tendrement

Catherine

Lettre 92

Date : Lundi 1er février 1943 ou 1944 ? (1943 parce que lundi 1er février mais il parle de l’héritier de solange ?!?)

Expéditeur : Macel

Destinataire : M. Gaston Vite Weill chez M. et Mme Richard Haute Serre par Vaour Tarn

Un mois de plus mon petit et c’est autant de pris. Le gros de l’hiver par ici est passé et nous n’aurons pas à nous en plaindre car il n’aura pas été bien rigoureux et depuis une dizaine de jours c’est presque le printemps, aussi faut-il mettre les bouchées doubles pour labourer, semer, ensemencer, et planter mais le travail est bien avancé. Ce qui est le plus long c’est la taille des pêchers et des vignes.

C’est à deux cartes que j’ai à te répondre mon petit : tu avais été gentil de me donner des nouvelles de Solange et de son héritier : dommage qu’elle ait eu ce petit accident qui lui a causé une forte fièvre et l’empêche de nourrir. J’ai eu des nouvelles de Roger. Dis leur à tous deux quand tu les verras bien des choses.

Ton ami Arnaud a du repartir à l’heure actuelle et j’ai eu une bien grosse désillusion de ne pas l’entendre au bout du fil. Cela m’aurait donné tant de joie et chaque soir depuis vendredi j’y comptais tant : mais sûrement cela lui aura été impossible : pourvu qu’il soit bien rentré. Comme il a du être heureux et vous aussi ! Comment l’as-tu trouvé ? Pas trop changé physiquement et moralement ! Mais quel gros coeur pour repartir. Tu me demandes d’écrire à Me de M. et de lui réclamer ton traitement mais je n’ai aucun pouvoir sur elle et si tu réitères ta demande elle ne manquera pas d’accéder à ton désir. Elle a toujours tant à faire. Moi j’ai mes affaires à Nice et je pense qu’on va me les envoyer. Jean-Pierre à la suite de sa varicelle a été réformé définitivement et va reprendre ses études tout en travaillant chez son oncle (armateur). Tu penses si ils sont heureux. Quand penses-tu me rejoindre

Je t’embrasse bien fort,

Marcel

lettre 108 - carte postale

2.2 1943

Que d’émotions mes chéris ! Enfin j’espère que vous avez agi pour le mieux et il est si difficile de savoir quoi penser quand on est au loin. en tous réunis c’est déjà une bonne chose et je comprends que même en ce moment on puisse être tenté par les voyages quel qu’ils soient. Je suis tout à fait remise de mon accident bien qu’ayant recommencé à travailler probablement un peu trop tôt et je suis assez fatiguée. L’atmosphère à l’hôpital est toujours très sympa bien que tendant de + en + vers l’A.P. (assistance pub.) d’où avantages et aussi inconvénients. Je vois beaucoup mon ami Evelyne que je dois emmener demain et Denise à St Mandé. Toute ma famille est folle d’elle surtout les femmes B.M. et tante Gilberte en tête. Chopard se sent très isolé depuis qu’il n’a plus le téléphone et se réfugie dans le trois derniers Stendhal qu’il vient d’acheter. Je vous embrasse tendrement

Lettre 99 (carte postale)

Marseille le 18,

Cher ami,

Voilà déjà longtemps que j’ai reçu votre lettre et vous devez croire que j’oublie mes anciens amis. En réalité il n’en est rien; mais à cause de mon travail je n(ai pas beaucoup de temps à moi. Tout d’abord je dois m’excuser pour le papier sur lequel j’écris mais il faut vous dire qu’ici à Marseille on ne trouve plus rien même pas du papier à lettre, et c’est un peu cela quissi qui a retardé ma réponse.

Comme vous me l’avez dit, je suis allée chez Mlle Willie de Mazieux pour chercher le paquet de farine. Ma grand-mère en a été heureuse car elle a pu faire ainsi quelques gâteaux mais hélas pas pour la réunion d’amis que je m’étais proposé de faire.

Vu les événements nous avons trouvé préférable de ne rien faire. De plus la plupart des jeunes filles et jeunes gens invités étaient tous partis au ski à Megève en particulier ma cousine illisible

Depuis votre départ la vies est toute bouleversée ici à Marseille. On n’entend parler que de rafles, de relève, de zone interdite. On craint pour beaucoup de jeunes gens qu enous connaissons !!!

A part cela rien de neuf. Au point de vue études, on a toujours beaucoup de travailau lycée et surtout des périodes de composition comme dans quelques jours. illisible m’aide pour étudier la philosophie car tout de même il y a quelques points obscurs pour moi.

Assez parler de moi, maintenant que devenez-vous. Vous m’avez dit que vous abandonniez votre métier, mais alors quelle préoccupation avez vous trouvée là-bas près de votre soeur ? VOus devez trouver que je suis bien curieuse et en effet cela ne me regarde pas mais je voulais tout de même savoir ce que vous devenez. Excusez moi de vous poser tant de questions.

Nicole est partie elle aussi de Marseille avec sa mère et son père. elle arrête ses études et ne sait pas du tout si elle va reprendre au lycée de Nice.

Comme vous le voyez tout le monde déserte marseilles, comme si la peste y régnait .

Il est déjà huit heures du matin et je dois m’apprêter pour aller au Lycée pour suivre pendant deux heures un cours de philo.

Vous avez peut-être appris que nous avions six jours de vacances pour le mardi gras. C’est la première fois depuis que nous sommes au lycée que nous en avons. Quelle cance on pourra u peu se reposer

Voilà je vous ai raconté ce que nous faisons ici. Nous vivons attentivement les événements de la guerre. Cela nous passionne.

A bientôt de vous lire, une amie, Suzanne

lettre 107 - carte postale

18.2.43

Mes chéries, nous avons rallumé le poële car il fait frais depuis deux jours et en rentrant, je suis contente de trouver une pièce chaude d’autant que le travail est très dur et que je suis fatiguée. Gaston ne m’a jamais dit si il avait bien reçu la paire de chaussettes et si elles allaient bien. J’en finis deux paires pour papa car je ne peux vraiment plus racommoder les veilles grises. Lucien devait venir dîner hier au soir(très bon dîner) mais il n’est pas venu et celà sans explication; naturellement papa était inquiet. Je me fais arranger une dent en ce moment j’ai Mlle Villain car canaray pour changer voyage ; elle est d’ailleurs beaucoup moins que lui mais bien plus chère; J’ai envie de faire transformer le manteau chiné en jaquette mais entre le jour où je me décide arrive un événement qui me fait trouver bien futile ces préoccupations. Maintenant que nous n’avons plus de téléphone c’est assez compliqué pour se répondre. Ernestine m’apprend a l’instant que Lucien a oublié hier soir de venir var il avait reçu l’ordre de faire au plus vite certain voyage que fait en ce moment tout le monde et cela l’avait un peu tracassé. Et Gaston ? C’est aussi légèrement tracassant et que de tracasseries en ce moment surtout qu’on nous en promet encore de nouvelles à la fin du mois nous concernant particulièrement. Dès que Mme Lachaud sera revenue de zone libre Ernestine entrera à l’hôpital. BM est bien, très alerte encore (77 ans) et a de charmants voisins qui seront à côté d’elle en cas de besoin.

Je vous embrasse tous trois comme je vous aime. Bien des choses à Marcel et Manon.

Catherine

lettre 121

Mon cher Gaston

Que d’excuses … mais que de travail (qui occupe mon temps le jour et bien souvent la nuit).

Reçu toutes vos lettres et je n’ai pas répondu

Oui vos chaussures étaient dans l’armoire de votre oncle. Tput n’allait pas dans la valise. On va vous faire un colis. J’ai du attendre jusqu’à ce jour pour pouvoir vous faire radier vous ayant déjà fait valider.
Je vous envoie donc : la carte, la radiation, et la radiation de votre carnet de fournisseur.

J’ai un paquet de tabac à vous envoyer, précieusement lis de côté, après avoir usé et abusé de votre permission, car j’ai touché 2 fois votre ration soit 1 paquet tabac, 2 de cigarettes et je me sens bien fautive , mais vous savez ou plus tôt vous ne savez pas ce que c’est ! mais il m’a fallu une grande dose d’honnêteté pour ne pas fumer cette dern!ère ration.

Pauvre cher Gaston, si vous saviez comme vous et votre Oncle manquez à la maison et comme l’atmosphère a changé depuis votre départ. Il est vrai que les soucis ont augmenté aussi, et que le tout aidant il y a bien des soirs où le courage fait défaut.

Je viens de recevoir un mot de votre Oncle qui attend la chère visite pour Dimanche. Je vais de suite lui envoyer un mot pour lui dire la joie que j’ai de la sienne.

Donc entendu on va vous faire un beau colis avec tout dedans même le tabac. je pense que la vie n’est pas trop dure et que l’air la bonne nourriture vont vous faire une santé magnifique. Donnez de vos nouvelles cher petit Gaston?

Je vous embrasse bien fort pour nous trois

G de M

Jo n’est plus à la maison.

lettre 105

Mon cher Gaston,

Ta lettre m’a fait grand plaisir, je suis heureux de te savoir si bien, satisfait de voir presque toutes les semaines Solange et son mari et content du travail rude, mais sain que tu exerces. De tout mon coeur je souhaite avec toi que tu puisses le continuer. Depuis ces quelques mois où je ne t’ai pas vu, que de choses tu auras apprises, que de gens tu auras vus t’enrichissant par des expériences successives. Ta forêt pleine de primevères et de pervenches me donne envie; où sont nos belles promenades dans les bois de Sl-enllis dans une confortable auto que nous remplissions de Joncquilles ?
Je viens cependant de recevoir un joli bouquet; Melle Laurence vietn de me faire visite et m’a apporté des jonwquilles doubles apportées de Crèvecoeur ce matin. C’était bien aimable à elle. Nous avons comme tu peux le penser parler de vous; elle est très touchée que vous insistiez, Solange et toi pour qu’elle vienne vous voir et elle compte le faire sitôt qu’elle aura des vacances.

J’ai vu ton père chez B. Maman samedi dernier et lui ai trouvé bonne mine; malgré tous les soucis, il ne parait illisible pas son âge. Je compte voir Catherine demain, toujours chez B. Maman; c’est plus facile de la rencontrer à mi-chemin : le quai Blériot est loin à prése,t que le métro est le seul moyen de communication.

Rien de changé ici; même situation, toujours comme le lièvre tapi dans un sillon, une oreille dressée en alerte, en écoute d’un mauvais bruit. Les on-dits continuent à circuler , à la même cadence rapide, se détruisant l’un l’autre. L’abolition de la ligne de démarcation n’a pas changé grand chose à la vie de beaucoup, sauf pour quelques privilégiés qui voyagent plus facilement ou peuvent aller revoir leurs propriétés si elles ne sont pas occupées. La maison de Gaston, le Talou, dont tu te souviens sûrement est maintenant vide et vidée. Il n’y reste que le buffet de la salle à manger, oublié sans doute ou abandonné, le camion de déménagement devait être trop plein, ; en revanche des trous dans les parquets. Toute la côte devait être dans le même état et dans les communes ou villes tous les premiers illisible hôtels, villas, :illisible rasés. Si jamais il y a la paix, il y aura de illisible pour les architectes.

Bonne maman va bien; tante gilberte n’est pas trop mal, mais s’inquiète pour Thierry. Chez Denise, cela va. Maurice très occupé, on ne le voit jamais. marie-Claire aura 13 ans le 29. J’ai eu grand peine à lui trouver un livre; tout ce qui est bon a disparu et il n’y a plus de rééditions.. T Louise a été contente d’avoir ces jours ci la visite de sa belle fille venue avec son grand homme de père ministre, elle a eu ainsi de bonnes nouvelles toute fraiches de son fils, de Claude et de Philippe.

Voilà un vrai bavardage ; je regrette de ne pouvoir le faire de vive voix et vous embrasser pour de bon Solange et toi. Toute notre affection, mon cher petit et si tu vois ta soeur, embrasse la pour moi.

Ta tante Edith

lettre 123

Mon vieux Gaston,

Je suis un peu paresseux, même beaucoup et ne t’ai point répondu. J’ai bien reçu ta lettre il y a environ une semaine. Je suis allé voir ton père peu après et lui ai expliqué qu’il me serait peut-être difficile d’aller te voir, car je pars le dimanche des Rameaux avec le convoi d’étudiants et dois revenir le jeudi après Pâques car Louis Bertagne avec lequel tu as parfois joué au bridge chez moi se marie ce jour là et je ne puis faire autrement que d’assister à son mariage? D’autre part j’ignore les projets de ma mère pour Pâques. J’ai demandé à mon père qui est revenu de Limoges dimanche, quels étaient les projets de ma mère. Il n’a rien pu me dire. Je vais lui écrire pour connaître ses projets. Si nous montons à Faux il me sera bien difficile d’aller te voir car maintenant il n’ya plus que 3 autobus par semaine qui montent et ils seront vraisemblablement remplis à craquer. Or je crains de ne pouvoir faire autrement que d’y monter, car si actuellement les prélèvements de main d’oeuvre y ont commencés et que l’état d’esprit est mauvais, dans quelques mois ce sera pire. Enfin je ne puis rien t’assurer. J’accepte donc avec plaisir ton invitation, mais je ne suis pas sur de pouvoir y répondre comme je le voudrais. Enfin je t’écrirai quand j’aurai des détails à ce sujet. De toute manière je ne pourrai rester que quelques jours: 2 ou 3 car je tiens à rester aussi avec ma mère et mon frère quelque temps. Tout ceci est bien malencontreux, mais je n’y puis rien changer, tu dois bien le comprendre.
A part cela mauvaises nouvelles de la promo. Il y a une semaine 8 étaient partis. Delime Lalite Delaplance Dupont Monnier Courtet Charpentier Massin. Notre groupe est fortement touché. Monnier est à Essen et pose des tuyaux de fonte. Il est chef d’équipe. Courtet est parti la veille du dernier déjeuner de promo. Massin, pris dans un chantier parce qu’il manquait du monde est à Stettin je crois et Dupont est dans une verrerie en Bohème. A part celà j’ai bon moral ayant vu ma mère et mon père récemment. Ma tante est à Faux pour le moment et va bientôt revenir. J’ai vu il y a 5 jours ton père et ta soeur qui sont en bonne santé.

J’accepte donc ton invitation mais malheureusement sos toute réserve. Enfin je te donnerai tantôt d’autres détails. Sarcles bien, cultive bien. Je voudrais bien pouvoir en faire autant. Amicalement à toi. Lucien.

Lettre 129

As-tu bien donné mon petit cadeau à Jacotte ? Elle a longuement écrit et ne l’a pas mentionné. Reçu une gentille lettre de Lalouette qui te fait dire bien des choses. Je fais la déclaration « avoirs à l’étranger ». Je deviens très experte.

Dimanche 2 avril

Mon petit Gaston

Depuis que Gilberte est là, je ne peux plus écrire du tout et j’avoue que j’attends avec impatience qu’elle file. Je rentre tard le soir, fatiguée, et c’est pour entendre des lamentations qui me tuent. Elle essaye toujours d’améliorer sa situation à Paris, celle des ses enfants et de ce qu’elle possède. Evidemment elle arrive à quelque chose à force d’embêter les gens mais je n’en peux plus et elle recule de deux jours en deux jours son départ. Autre sujet d’embêtement : la sécurité de BM. Les vieillards semblent spécialement visés ; elle tient à sa tranquillité chez elle (je la comprends et lui propose soit la campagne chez un ami, soit chez moi en règle car je suis protégée assez bien en ce moment. Mais des meubles. Tout cela est bien compliqué et one sait que faire pour bien faire. Si on était seulement sur de quelque chose.

Je devais sortir avec Antoinette C. mais elle n’est pas libre. Je suis allée avec Gilberte voir Thérèse ce matin et je suis rentrée déjeuner à la maison pour pouvoir enfin écrire et faire mes comptes tranquillement. J’ai reçu de bonnes nouvelles de Sol rassurée sur son fils ; c’est ennuyeux qu’ils doivent déménager.

Notre magnifique source de lard semble tarie subitement, peut-être cela ne durera-t-il pas trop longtemps mais la bonne femme qui nous l’envoyait est la première navrée. Pourrais tu nous en envoyer un peu ou d’une matière grasse quelconque. Autrement on est vraiment terriblement à cours. Le reste va (100f. le kg de champignon) dont nous ne touchons pas.

J’ai beaucoup de choses à faire toute la semaine et il se prépare dès demain à l’hôpital de grands déménagements qui n’ont rien de réjouissants. Valentine est rentrée chez elle et il faut que j’aille la voir cette semaine. Vendredi les ::leyrac :: en fin d’après-midi toujours.

Je t’embrasse tendrement

Catherine

lettre 120

8 .4. 1043

Mon cher Gaston, mes réactions dois-tu trouver ne sont encore plus paresseuse qu’avant pour écrire. Ce n’est pas de la paresse mais un cafard noir qui se dissipe non sans mal et dont vous êtes la cause principale. Enfin j’en prends mon parti et passe ces exquises vacances à faire du ménage et nettoyer à fond les armoires. La seule chose qui m’ennuie vraiment est de faire des gâteaux. D’ailleurs je suis très occupée et ai à peine assez de temps pour arriver à faire tout ce que je veux. J’essaie de me promener un peu et tes forêts et tes champs. Il fait froid depuis deux jours mais j’ai passé avec Evelyne la journée de dimanche à Chaville où il faisait magnifique. J’irai à Montmo un de ces jours et à la Clem aussi mais je deviens tellement sauvage et rien ne me fait plus plaisir. Papa va rentrer de sa visite hebdomadaire aux Lyon Caen, moi je ferai celle de BM cette après midi pour le loin Je t’embrasse tendrement Catherine

Lettre 132

Date 10 avril 1943

Expediteur : Armand

Destinataire : Gaston

Je vais t’envoyer un petit paquet qui comblera, je l’espère; tes desiderata vestimentaires. J’ai essayé de tous côtés de te trouver un bleu; impossible; ceux qui restent sont donnés aux employés qui partent pour l’Allemagne. J’envoie le paquet à Solange.

De ce qui s’est passé Dimanche dernier, les journaux en ont assez parlé. Exactement la même impression qu’il y a près de 3 ans. Dès les premiers coups, à la fenêtre; j’ai pu voir les premières arriver. Et cela n’a pas duré longtemps . Il y a, hélas ! bien des victimes.

M’zelle est venue hier passer l’après-midi avec Catherine. Elle n’a pas très bon esprit, un peu le même que celui d’Ernestine.

Antoinette a dîné hier soir avec nous. Cath. s’était surpassée : une galette de pommes de terre (avec oeufs) et un gâteau à l’anis qu’elle avait confectionné. Naturellement elle ne reste pas inoccupée à la maison. Elle ne se lève pas avant 9-10h; c’est son vrai repos; tout le reste du temps elle range, fait les armoires ou la cuisine , ce ne sont pas des vacances parfaites. Elle en aurait souhaité d’autres, d’aller vous retrouver. Je l’en ai dissuadée, et elle m’en tient un peu rigueur. Dimanche nous avions à déjeuner son ami Evelyne; elle revient demain. Elles descendaient outes deux après le déjeuner pour aller vers Chaville quand elles ont été arrêtées par l’alerte. Quelques minutes plus tard, elles auraient été en plein dans la bagarre. Lucien viendra sans doute ce soir, et partira vraisemblablement aujourd’hui en 8. Fais toutes mes amitiés aux Rambach, et dis leur combien je suis content de les savoir près de vous et que je leur suis bien reconnaissant de vous accueillir aussi affectueusement.

J’aimerais bien aussi avoir des nouvelles de Thérèse mais il est probable que ce sera long. Je vais aller voir Arlette qui retourne dans le midi voir des amis. Je t’embrasse bien.

lettre 116

Voilà bien longtemps que je n’ai reçu de tes nouvelles; certainement une semaine ! Qu’as-tu fait le 15 août ? Sol et Roger ont du partir hier. Avaient-ils de la place quelque part ? Roger gardera quelques jours pour l’arrivée de Caroline (le 3 au matin sauf empêchement). Elle aimerait bien te voir dans ton domaine. Jusqu’à présent tu n’as pas été inquiété par d’autres sollicitations de services. Mais ouvre l’oeil et n’oublie jamais les suites possible de certains déplacements. D’autant qu’en ce moment de nouvelles mesures paraissent en voie d’être prises.

J’ai vu ces temps derniers plusieurs fois le jeune et grand Paul des Roux qui me donne à lire des choses fort intéressantes. L’autre jour je lui parlais de toi et il m’assure qu’à ton retour ?? Il te trouvera une situation selon tes goûts. Mais naturellement il pense que dans un bureau d’études tu n’auras jamais une situation d’avenir. Il aimerait mieux pour toi quelque chose de plus actif, de plus directement intéressé à l’entreprise. Je ne sais exactement ce qu’il fait. Sans doute quelque chose dans le genre de Planus, mais il est certainement très occupé, avec profit, et entouré de pas mal de collaborateurs. Un jeune centrale de cette année, croit-il, Pierre Jacque, travaille depuis sa sortie de l’école, avec lui.

On a des nouvelles de Thérèse qui est dans une école préparatoire. Je ne crois pas que Gisele vienne voir Sol. en septembre. Je ne sais au juste ce que font Claude et Agnès. pas grand chose sans doute.

Cath. travaille beaucoup ; je sais que jacques et en général ceux avec qui elle est sont très satisfaits de la façon dont elle remplit ses nouvelles fonctions.

Je vais aller retrouver à la Muette Lyon C.; c’est mon jour de promenade avec lui … mais il fait bien chaud !

Les tomates poussent bien rue de l’Assomption

Je t’embrasse bien fort

Armand

Lettre 163

Date : 20 avril 1944

Expéditeur : Edith

Destinataire : Gaston

20 avril,

Mon cher Gaston,

Je te remercie de m’avoir répondue si affectueusement. J’en ai été touchée et ta lettre m’a fait du bien. C’est vrai que je me démoralise de temps à autre, mais tu as raison, il fat faire de son mieux et tâcher de prendre le dessus. Ton père était en effet optimiste et cela le maintenait dans les soucis pour nous et lui. Je pense souvent à lui, avec vous et toujours avec une grande amitié

J’espère que ton patron se remet de sa mauvaise grippe et qu’il se soigne bien. Ma nièce Andrée, la fille d’O. Georges m’a écrit que le fermier qui leur loue leur petite maison et qui est pour eux un ami, a eu dernièrement une grosse diphtérie; avant qu’il ne se décide à appeler le médecin, toute la famille proche ou éloignée venait lui rendre visite et comme il étouffait il s’est fait apporter un fil de fer qui servait à déboucher les tuyaux engorgés et s’est raclé la gorge avec. Il n’en est pas mort mais se remet lentement, ceci comme exemple du développement de l’instruction en France, même chez le paysan riche.

C’était hier la fête de B. Maman nous lui avons donné des fleurs, il n’y a plus rien de bon à offrir. Je vais retourner chez elle aujourd’hui pour rencontrer Catherine que je n’ai pas vue depuis près de 3 semaines. Je t’ai expédié aujourd’hui 2 boîtes à oeuf pour si tu fais à ta soeur un nouvel envoi. J’en reçois de ma nièce et ne peux les lui envoyer, aussi j’ai pu t’en adresser ce qui évitera la catastrophe comme dans ton dernier envoi. J’y ai joint des contes de Voltaire qui te plairont si tu ne les a pas lus.

Je t’embrasse bien affectueusement mon cher Gaston

T. Edith

Mlle Laurence a passé un bon moment avec moi la semaine passée, elle revenait de vacances dans la Marne et en avait illisible

Lettre 133

Date mercredi 28 avril 1943

Expediteur : Armand

Destinataire : Gaston

Mercredi 28

J’ai hâte d’avoir de tes nouvelles (par Lucien); après demain Vendredi; je l’espère. Votre petit mot commun m’a fait bien plaisir; mais c’est dommage que vous n’ayez pas pu passer comme tu l’escomptais cette journée de Vendredi; peut-être tout de même cela a-t-il pu s’arranger. Lucien me parle de projets … Il me dira tout cela. Es-tu content de ta veste canadienne ? Tu pourras remercier tante Gilberte qui l’avait envoyée à Thieri. N’en ayant plus besoin, il la lui avait retournée. Si tu le désires, je puis également t’envoyer la salopette (petit pantalon court et flottant qui recouvre les jambes jusqu’au mollet et qui se porte sur les pantalons); elle te protègera les cuisses par gros temps. Et j’aimerais bien savoir également si tu as reçu mon carton avec les vieux effets que j’y avais mis (chemises, mouchoirs, ma culotte de Bourges ….) On m’avait promis un bleu, mais je n’ai toujours rien.

Des nouvelles de Thieri : il est à bon port , se repose, et prêt à faire un nouveau fond. Tante Gilberte a toujours bien des soucis. Hier encore elle était à la maison à 7h1/4. Elle a un cran une intelligence, une volonté admirable; mais c’est trop pour elle et les soulagements que je puis lui apporter sont bien minces.

Dimanche dernier (Pâques) Thérèse avait un goûter qu’elle espérait dans son jardin merveilleusement entretenu (ta lettre était gentille, or j’ai conservé le poulet de Pâques) (mais toujours autant de fautes d’ortho, je suis à cet égard particulièrement et régulièrement favorisé

lettre 118

2 mai 43,

Aujourd’hui, dimanche, 2 mai, fête du travail libre; conscient et organisé. Alors soyons joyeux ! Vous devez l’être réunis tous trois, si j’en crois cet excellent Lucien qui a passé avec vous ses 2 soirées d’hier samedi et d’avant hier. Il avait tant à nous raconter que je lui ai demandé pour achever de compléter son récit de venir dîner hier soir et je crois qu’il pourrait continuer ce soir et demain ! Nous l’attendions avant-hier à 9h1/2, ne le voyant pas venir nous sommes allés nous coucher. 5 minutes après il sonnait; en veston de gala (prêté par un ami )et souliers vernis. Il revenait de la noce où il avait été garçon d’honneur. Déjeuner à tout casser, messe de mariage admirable, et lunch où il avait bu presque autant de boissons variées que de vin à Haute terre ! Et il a alors, et jusqu’à 11h (je n’avais plus qu’un désir que Cath. aille se coucher), commencé de raconter toutes les péripéties de son voyage, et les 3 journées passées avec vous. Tu penses que je lui ai posé quelques questions; il était inlassable; répondait à tout et toujours avec précision et intérêt. Et toutes les petites histoires d’amour ou de passion (sans a). Je les sais maintenant toutes (j’avais d’ailleurs entre les mains un partie du corps du délit, Thérèse G. m’ayant donné le poulet du 1er avril).

Tout ce qu’il m’a dit m’a fait plaisir et rassuré, autant qu’on peut l’être dans ces temps étranges et incertains. Roger t’a certainement donné d’excellents conseils. Pour me faire comprendre combien lui et Sol. sont heureux, lucien me dit et répète “Ils sont comme deux tourterelles” C’est vraiment gentil.

Lucien devrait retourner ces jours ci à Limoges où il espérait trouver une place d’un vague fonctionnaire, et rester près de sa mère, mais hier en allant rendre visite à son association d’orphelins, on lui a promis une place à Paris, bien rétribuée, d’adjoint à un fonctionnaire de l’artisanat. Alors il doit partir mercredi soir pour Limoges; il y restera jeudi pour informer sa mère et l’embrasser, et repartira jeudi soir et compte commencer son service lundi prochain en 8. il pourra peut-être continuer en même temps Sciences Po, en tout cas il paraissait très content. Pourvu maintenant que ces projets et promesses se réalisent.

Je ne sais toujours pas si tu as reçu mon carton avec les effets usagés et il paraît que ma canadienne t’a laissé assez indifférent. Tu verras comme elle te sera utile.

Naturellement, si tu peux nous envoyer des lentilles elles seront très bienvenues. J’espérais recevoir des oeufs de Sol. mais je ne vois rien venir; l’omelette a peut-être été dégustée en route.

Je suis allé il y a quelques jours voir l’ami Léon; très bien reçu comme toujours, se souvenant parfaitement de vous deux et t’envoyant toute son affectueuse amitié. Je vais chez tante Gilberte; j’espère que les jours au sujet du quai et d’autres choses vont se calmer. Avant-hier vendredi; revue O Heare que j’avais rencontrée est restée toujours la même. Elle a un fils de 20 ans qui était mariée à Toulon et télémétreur.

Lettre 128 (incomplet ?)

Jeudi 6 mai 43,

J’aurais bien envoyé ce mot à Frausseille , puisque vous y serez sans doute réunis quand il vous parviendra ; mais je ne sais pas où exactement l’adresser (tu peux d’ailleurs me l’indiquer). J’espère que vous avez passé ensemble une bonne journée. Hier soir j’ai reçu tes trois pages de dimanche. Tout cela me semble assez bien. Et je suis content pour toi et pour vous.

Mais 1° Tu devais ignorer la canadienne ; cependant Lucien l’avait sur le dos en quittant Paris, il a dû te l’apporter. Comment se fait-il que tu n’en aies rien su ? 2° aucune nouvelle de la boîte à œufs (en bois) que j’avais envoyé à Sol. Avec des subsides lui permettant de la faire voyager à ::Reid :: (pas madame Pécourt ; la boîte à œufs) Lui est-elle parvenue ? L’a-t-elle retournée ? Dois-je faire une réclamation ???

Entendu éventuellement pour la salopette – et les ::leggins ::. Si ça se trouve et j’en doute un peu. Je veux conserver les miennes car je n’ai plus maintenant la ressource de mes bandes molletières si je veux aller chasser la grouse dans le département de la Seine.

lettre 122

Mon petit. J’ai bien reçu ta bonne et longue lettre et chaque fois tu me fais bien plaisir. Comme bien tu le pensais Valentine m’a quitté lundi dernier et je n’ai pas besoin de te dire que son départ m’a laissé quelque peine ! Mais nous avons eu un tellement beau mois et inespéré qu’il serait injuste que nous nous plaignions : elle est repartie aves les Wins qui ont passé une bonne quinzaine ici et j’ai de ses bonnes nouvelles. Ce pauvre vieil Oncle Charles est mort : tout comme maman il s’est laissé glisser doucement sans heurts et s’est éteint telle une lampe jeudi soir. Sans aucune souffrance. Six mois après maman et sept mois plus jeune : même vie, même caractère, même fin ! J’ai été presque chaque jour cette semaine à Cannes et nous l’avons enterré hier matin.

Je t’envoie par le même courrier un petit colis avec du linge qui était resté mélangé au mien et qui certainement doit te faire défaut. J’ai téléphone à cette brave Mme de M : au début de la semaine : elle ne me parait pas bien gaie ni bien heureuse. Thérèse était dans l’isère Avec Willy ça ne doit pas aller tout seul. Quant à Jo après l’avoir plaquée, elle est revenue au bercail sans prendre ses repas ! Ne t’en fais pas pour ce qu’elle a à toi : je viens enfin de recevoir différentes choses réclamées depuis plus de deux mois. Ici temps merveilleux. C’est le plein été ! les vacances faciles. Mais combien cela durera-t-il ? Je ne suis pas de ton avis et il eut été très dangereux pour toi que soies resté à ton béton. L’air est irrespirable là-bas. Pas de nouvelles de Solange, de bonnes de papa et de Catherine. Tout le monde, tous mes amis me demandent toujours après toi. C’est un on souvenir que tu leur as laissé ! et j’en suis bien heureux. Tout est bien calme ici. en tous points.

Je t’embrasse bien. Marcel

Adresse de tante Louise: Hotel Belle Place Cannes

Lettre 101

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Samedi 22 mai 1943,

Mon cher Gaston,

Je vois que tu t'es totalement transformé en paysan et tu as l'air de fort bien t'accomoder de ta métamorphose. Je suis contente pour toi que cela ne te paraisse pas trop dure et que malgré tout ta vie actuelle soit suffisament stable.

Nous serions bien heureuses de ta visite mais je crois que tu ferais bien dl'avancer car nous serons prrobablement absentes de Grenoble au mois d'Août. Tu sais que mon amie Nadine Trève est fiancée, avec un garçon que tu ne connais pas, moi non plus d'ailleurs, mais qui porte un nom fort apprécié en ce moment ! Ta tendre amie Jacqueline Muller dite boutons-boutons ou Mumu est également fiancée mais elle a choisi parme le mauvais tas et reste à mijoter dans les em........ Ceci sont les derniers potins mondains.

Quoi te dire d'autre ? La vie continue pour nous monotone. Quelques amis malgré tout, mais peu de distractions. Chaleur accablante depuis 8 jours. Peut-être verrai-je Nicole cet été. En tous les cas je l'espère. Son père a fait le même voyage que le fiancé de Lise et avec sa femme ! Quant à NIcole elle travaille. Te rappelles tu de Denis Blanc le sympathique garçon avec qui nous avions pique niqué ? Il est venu ici et je l'ai vu durant un mois, nous avons fait des ballades ensembles mais maintenant il est voué au même sort que toi.

Mon vieux, je termine cette lettre rapide pour de multiples occupations et je t'embrasse.

Claude (Dalsace ? meme papier que Giselle de la lettre 102)

Lettre 102

22 mai,

Mon cher Vieux, merci de ta lettre et ai été contente d'avoir des nouvelles du paysan en herbe ! L'Oncle Jean avait raison de te nommer son poulain, il était dit que tu ajouterais de la prairie ! Enfin tu dois au moins bien manger, et avec l'appétit que je te connais ce n'est pas à négliger. Nous serions en effet bien contente de te voir, mais si l'envie de prends de venir nous visiter, avise-moi préalablement, car tu risquerais fort de nous point trouver. Cet été je compte au mois d'Août aller dans un bled avoisinant, et ceci non pour notre plaisir, tu connais mon affection pour la campagne, mais pour maint raisons. De :::C:: bonnes nouvelles car il serait d'ici 10,15 jours à destination mais mauvais moral. Je suis occupée actuellement pour lui faire parvenir de nos nouvelles. La vie ici continue sur le même ton ou plutôt moins agréable encore depuis le dernier départ. En dehors de cela rien de nouveau.

Bien affectueusement

Giselle

Lettre 136

Date : Dimanche 4 (peut être Dimanche 4 avril ou 4 juillet 1943)

Expediteur : Catherine

Destinataire : Gaston

Mon cher Gaston Il fait une journée magnifique ce qui me navre car j’avais projeté aujourd’hui un grand picnic en bande dans la forêt de Rambouillet. Mais des conseillers avisés et de malheur m’ont dit qu’il était préférable de ne pas quitter Paris en ce moment. Mais il paraît que la chose doit être facilement arrangeable et nous pensons avoir Dimanche une réponse affirmative. Seulement le beau dimanche sea passée et j’aurai du mal à reprendre un jour de repos autrement qu’en semaine. Nous sommes allés à pied papa et moi jusque chez tante Gilberte à qui il fait une visite hebdomadaire le Dimanche matin où l’on rencontre en général Mamie H et Kathie G. Ce matin elle avait décommandé des dames et était si mal disposée que j’ai fini par m’en aller en la laissant seule avec papa à qui elle raconte de nouveaux embêtements qui lui tombent dessus. Il me racontera cela tout à l’heure. La pauvre femme est bien

Lettre interrompue

Lettre 135

Date : 7 juillet 1943

Expediteur : Lucien

Destinataire : Gaston

Bien cher Monsieur et cher Gaston,

Je vous écris à tous deux en même temps car j’ai plusieurs raisons pour cela. Economie ‘un timbre (toujours ça de gagné et cela ne vous coûtera que la peine d’ajouter cette feuille à celle que vous écrivez à Gaston) Mais surtout économie de temps (puisque je dirais la même chose) et économie de papier à lettres (car ici c’est la crise à ce point de vue).

Actuellement je suis au repos ayant reçu un caillou, un schiste sur le pied. J’étais en sabot heureusement car ils ont absorbé la plus grande partie du choc. Très légère plaie, mais très gênante car les chaussures flottent sur la plaie. Aussi restai-je à la chambre ce qui me permet de me reposer de mes fatigues. Je dors pratiquement toute la journée. Et je n’ai pas trop de temps en conséquence pour écrire les nombreuses lettres que j’envoie à droite et à gauche. J’ai eu des nouvelles de mon père et de la mine. Vous avez peut-être su par les journaux qu’il y a eu une inflammation de grisou la bas. 60 blessés dont quelques uns graves. Tous, sauf 4, sont russes. Ils ont commis une imprudence car la poche de grisou était bien repérée. je les plains et les excuse car je sais par ma propre expérience combien l’on est maladroit quand on ne connaît pas le métier. Je dis je les excuse. Le terme est mal choisi. Je veux dire : je comprends comment l’accident a pu se réaliser. Je n’ai pas d’autres détails. Ici le métier est toujours rude. 9h au fond. 11h avec les déplacements, les changements d’habits, la douche. Le reste se passe pratiquement à dormir. Actuellement je suis engaineur. Au bas d’un plan incliné j’amène les bennes vides, les accroche après le cable du treuil et remporte les bennes pleines. Beaucoup de travail. Ereintant, mais je travaille dans une atmosphère pas trop chaude, ce qui est fort appréciable. Je travaille avec un brave polonais. Le dessin ci dessous aidera à mieux comprendre mon travail. J’amène les bennes vides de A en B, les accroche au cable du treuil. Elles montent en C en C on redescend une benne de charbon du remblai. Il descend en B je la décroche, la fait tourner et la passe de B en A. Maximum réalisé 24 bennes en 1 poste. Cela ne vous laisse que le temps de manger le casse croute.

J’espère que vous aurez compris ce petit dessin que je destine surtout à Gaston, que ses souvenirs de descriptive aideront peut-être à comprendre . Gaston a-t-il reçu ma carte ? Il faut que je vous quitte , car le courrier va bientôt partir. Comment vont Catherine, Solange et Roger ? Croyez mon cher Monsieur à ma respectueuse amitié et pour toi mon cher Gaston. mes meilleures amitiés, mon bon souvenir à Catherine et Solange.

Lucien

Lettre 134

Date : 10 juillet 1943

Expediteur : Armand

Destinataire : Gaston

Samedi 10

Voici plus de huit jours que je suis sans nouvelles. Je n’en suis pas inquiet, mais cela m’ennuie et demain dimanche, je n’en recevrai pas non plus. Qu’allez-vous faire demain ? Peut-être resteras-tu dans les environs. Une dame m’a remis au début de la semaine 2 photos prises par marcel chez lui qui sont très bonnes : dans le coin du bois et les Vignes du Seigneur. Mais j’ai peine à reconnaître Solange dans cette jeune personne à la chevelure de star. J’espère que la petite crise de Marcel n’aura pas eu de lendemain. Je lui ai écrit pour le remercier, en même temps que le docteur qui te reçoit si gentiment. A propos de photos, j’en avais fai faire pour te contenter, de mon aimable personne. Mais elles sont si mauvaises que je ne te les envoie pas. J’ai le visage de traviole et un appendice nasal qu’aurait envié le roi Salomon.

Je t’envoie la lettre de Lucien. J’étais allé voir sa tante il y a quelques jours et elle m’avait demandé de faire aujourd’hui la connaissance de son mari. J’y suis allé “prendre le café” et y suis resté une bonne heure. Naturellement avec tout ce qu’elle entend, elle n’est pas tout à fait rassurée pour Lucien et elle craint aussi pour sa santé car, ce que j’ignorais, quand il était en seconde il a eu une très mauvaise pneumonie.

Cath. était allée hier voir Denise, mais il est probable qu’elle n’y retournera pas de longtemps pas plus que moi illisible ou valentine. Il est plus sage de refuser ces petites distractions.

J’ai reçu en son lieu et place la visite de M’zelle qui, je le crains, à cause du recalage de sa jeune élève, n’ira pas vous voir. Elle doit la faire travailler pendant le mois d’Août. Le jeune illisible a été reçu à son bachot et Claude naturellement recalée mais pleine de confiance pour Octobre !!!

J’ai retrouvé dans un de tes tiroirs la ceinture qui m’est très utile, car je n’en ai pas d’autre, et 2 paires de gants presqu’entièrement décousus et que j’offre à Thérèse pour des travaux des champs. Aujourd’hui, 10 Juillet, elle est très occupée et très attentive.

Vu cette semaine Lyon C; et Paul L. Son fils admissible à l’X et aux mines doit passer ses oraux quelque part.

Jean-Louis a du vous répondre aujourd’hui.

Je vais écrire à Lucien

Je t’embrasse bien fort

Armand

lettre 110

Lundi 1er septembre 1943,

Mais en aucune façon, mon petit, je n’ai voulu; quand je parlais de Sol. et de ses lettres, te laisser entendre que tu écrivais avec moins de gentillesse ou de laisser aller. Je voulais simplement dire qu’elle racontait toutes ses histoires et spécialement celles concernant Bécassine avec une sincérité et un un besoin d’épanchement très maternels. Mais au contraire j’aime tant que tu me mettes au courant de tout ce que tu fais et si ce n’étaient les séances d’ortho. (d’ailleurs moins nombreuses) je n’aurais jamais eu la moindre intention de reproche à ton égard. Si je te disais que j’ai depuis ton départ conservé toutes tes lettres ! Et je suis bien ontent que tu aies devancé le désir que j’exprimais tant au sujet des bouts de galoche que de la remise en état de tes frusques. Il est probable que maintenant tu as illiisble pour un certain temps du développement maximum et comme tu ne dois pas utiliser fréquemment tes vêtements de ville, tu auras à ton retour ?? qque chose à te mettre sur le dos.

Il paraît que tu as essayé les bottes ? Mais c’était pour Roger; je saais que pour toi elles seraient trop petites. Vous êtes vous comme je l’écrivais tout à l’heure à Roger servis du tire bottes que j’avais joint ? Il est indispensable et permet une extraction dans douleur et assez rapide. As-tu commencé de lire ce que jet ‘ai envoyé ? Les gants vont-ils te servir ? Il y avait bien deux paires de moufle ; ceux de peau fourrée et une paire de laine ? J’espère que Roger illisible que tu nous envoies. je t’en remercie. Les matières grasses sont si difficiles à trouver. Il fait froid. je t’embrasse bien fort

lettre 125

22 10 43

Mon cher Gaston

merci pur ta gentille lettre. je me demandais un peu ce que tu devenais. J’ai appris par une lettre de ma tante que tu avais quelques ennuis du côté du travail. J’espère que la convocation que tu as reçue n’a pas eu de fâcheux effets. Je persiste à croire que tu es parfaitement tranquille et que tu resteras où tu es pour pas mal de temps encore. Actuellement j’ai un travail intéressant. Après avoir fait le relevé des machines à air comprimé je m’occupe actuellement de déterminer les salaires pour les travaux d’avancement de galeries. C’est un peu la méthode Bedaux qu’il faut appliquer pour déterminer les salaires. Comme tu vois je m’occupe de tous les problèmes qui se posent au fond sauf ceux de l’exploitation proprement dite car ceux-là sont résolus par les ingénieurs d’exploitations. Mais enfin ce que je fais est très intéressant quand même. J’ai vu Cayrol quelques fois. Je lui transmettrai ton bonjour.

amicalement à toi,

Lucien

lettre 115

Vendredi 29,

Et nous voilà mon cher petit au bout du mois : ils passent vite. Mais le temps est bien long quand même malgré que pour moi depuis ces deux ans je ne me suis pas aussi agréablement occupé ! Je continue toujours ma vie champêtre et campagnarde et je ne m’en lasse nullement : il est vrai que l’activité débordante de mon ami Paul m’empêche de trop penser à tous nos maux et tous nos soucis. Ils ont été sensibles au petit mot gentil que tu leur avais ajouté à ma lettre : ils ont de bonnes nouvelles de Jean Pierre qui leur écrit très régulièrement et qui a l’air de faire contre mauvaise fortune bon coeur. Il est infirmier dans un camp de travailleurs et en tant que sanitaire est bien nourrir et mieux logé, je crois. La récolte des chataignes est presque terminée elle a été belle et il ne passe pas de jours que nous n’en mangions et elles sont exquises : nous allons aussi au ramassage des champignons et on s’en colle tant et plus à l’ail ou à la crème et je t’assure qu’ici aussi tu te régalerais. Les Paul sont toujours plus que charmants avec moi : ils sont de temps en temps à Marseille et c’est moi l’intendant qui règne en maître dans la maison. Me de M. m’a téléphoné à illisible pour m’annoncer les fiançailles de Willy avec un monsieur qui travaille chez l’orthopédiste de la rue de Rome. Elle en était si heureuse et nous regrette tant ! Elles étaient parties à Toulouse présenter le fiancé au père . Toute la famille m’a parlé au téléphone et cela m’a fait plaisir; Comme nous étions bien là-bas et comme nous avons eu un heureux temps. enfin il ‘est plus à faire : donc combien de temps penses-tu me revoir toi le prophète ? J’espère que Roger est tout à fait bien ainsi que Solange : embrasse la bien pour moi. j’ai un petit chat que tu aimerais bien qui vient de me grimper sur les épaules paragraphe illisible

Marcel

Lettre 145

Date : Samedi 18 décembre 1943

Expediteur : Armand

Destinataire : Gaston

Je t’ai envoyé hier (à Solange) un carton contenant tes chaussures (par express). Mais tu ne les auras sans doute qu’au jour de l’an puisque tu resteras où tu es pour la Noël. Vous réveillonnerez sans doute. La dinde sera-t-elle à point ? Reçu ce matin la valise de retour, vide. J’ay ai vainement cherché la graisse annoncée. Roger me l’enverra sans doute plus tard.

Je suis très content que tu t’intéresses à mon bouquin. Je ne m’étonne pas que tu aies de ci de la rencontré quelques difficultés, mais comme je te l’écrivais; ne te laisse pas rebuter par elles, et c’est un livre dont tu dois tirer plaisir et profit. Je crois même qu’il contient des parties illisible algébriques qui éveilleront chez toi des réflexions que je n’ai pas pu faire. Et puis n’oublie pas les brochures de la CEGOS que doit avoir Roger. Il a dû les lire avec qq intérêt mais il pense que cette organisation n’est que de la fichaise. Il a peut-être raison à en considérer les résultats que j’ignore. Il n’en est pas moins vrai qu’elle a su grouper autour d’elle et de Deteuf des collaborateurs de premier ordre. Il illisible par ton intermédiaire. Tu peux avoir qque chose à ce seul pt de vue son intérêt m’apparait déjà primordial.

Mais pas du tout avec Rouvray nous avons eu sur les événements actuels une conversation intéressante. Il ne manque pas de jugements. Je t’ai donné dernièrement des nouvelles de Robert; quand à Pierre A. il doit physiquement être assez changé; autrement tel que tu l’as connu. Il a quelques occupations et fait des réussites. Il dort toute la journée.

Tu ne m’as pas dit si tu étais content de tes paires de gant, de ton passe montagne et de tes chaussures ?

Lettre 137

Date : 16 Févvrier 1944, carte de visite

Expediteur : Robert Revel (Notaire)

Destinataire : Catherine

Mademoiselle,

Permettez de venir vous dire la part que je prends à votre grand chagrin.

Je sais la grande tendresse que votre père avait pour vous et combien sa disparition doit vous être cruelle.

Je vous prie de croire à mes sentiments très sincères et à ma bien vive sympathie.

R. Revel

lettre 124

Le 17 février,

Mon cher Gaston,

L’existence est cruelle, et nous ne pensions pas que ce serait Armand pour qui nous n’aurions plus d’espoir - comme je l’écris à Solange, sa dernière joie et elle a été grande a été sa visite à Albi.

Je sais que tu dois avoir un grand chagrin - je suis encore plus attristée pour Catherine, quelle va être sa vie, je me le demande avec angoisse.

Je ne te parlerai pas de moi-même - les devoirs seules me rattachent à une triste existence.

Je t’embrasse avec toute mon affection

Gilberte

Je projette d’aller voir Catherine dans quelque temps

Lettre 165

Date : 17 février 1944

Expéditeur : Rolland Boris

Destinataire : Catherine

Chère Catherine,

Marthe et moi nous sentons atterrés devant la nouvelle incroyable que nous apprend votre tante Louise. Nous avions pour votre père une spéciale affection; une particulière sympathie intellectuelle m’unissait à lui, et Marthe goûtait sa finesse et sa distinction de manières. Le tout lui donnait un charme exceptionnel dont one se sent atrocement privé; mais vous, que n’avez vous pas perdu !

Je le croyais auprès de votre soeur, et ne me préoccupais las de n’avoir rien entendu de lui depuis quelque temps, mon regret est douloureux des occasions remises ou manquées de la voir et d’échanger en confiance nos réflexions et nos espoirs.

Je garde chèrement son souvenir, comme d’un témoin de ma jeunesse, et aussi de jours récents où la reprise d’une ancienne intimité se montrait si heureusement illisible pour nous et lui paraissait également agréable !

Je veux écrire à son frère Léon, mais c’est à vous que je demande d’être l’interprète de Marthe et de moi auprès de Marguerite et de Louise et d’Edith, votre grand-mère et vos tantes, vers qui va notre affectueuse affliction.

Laissez nous vous embrasser en profonde et bien triste émotion

Rolland Boris

Lettre 158

Date : Vendredi 18 Février 44

Expéditeur : Mademoiselle Laurence

Destinataire : Gaston

77 rue de Prony

Vendredi 18.2.44

Mon petit Gaston,

J’ai voulu attendre que vous ayez reçu la lettre de Catherine pour vous dire combien je suis triste de vous savoir si loin et tout seul dans votre grand chagrin. Nous avons accompagné votre papa au cimetière et maintenant il repose auprès de votre maman. Il y a quinze jours aujourd’hui j’avais été le voir pour avoir de vos nouvelle, il m’avait raconté son voyage très en détails et il était si heureux de vous avoir revus tous les deux et de la bonne journée qu’il avait passé avec vous dans votre petit coin. J’étais loin de penser en lui disant au revoir que je ne le reverrai plus; le soit même il ne s’est pas senti bien et Catherine vous a dit le reste.

Pauvre Catherine dans sa grande tristesse a eu le bonheur de le soigner elle-même jusqu’à la fin. Il laisse derrière lui tant d’amis sincères, il n’y avait pas un seul indifférent derrière son cercueil hier. Je pense au chagrin de ceux qui sont loin et de qui il était l’ami. J’ai vu Catherine tous ces derniers jours et elle est bien courageuse, mais comme elle va se sentir seul dans ce grand appartement. Je sais qu’elle a à faire aujourd’hui et que ce soir elle doit avoir quelqu’un, demain samedi j’irai passer une partie de l’après-midi avec elle. Elle doit reprendre son travail lundi malgré tous les ennuis qui s’ajoutent à son chagrin. il vaut mieux qu’elle recommence tout de suite. Je vais terminer car je veux que vous sachiez combien je pense à vous. J’espère que vous pourrez aller un peu chez Solange qui comprendra votre chagrin et vous comprendrez le sien mieux que n’importe qui. Je vais aussi lui écrire un petit mot avant de sortir. Vous savez que je suis constamment avec vous par la pensée.

je vous embrasse bien fort.

A. Laurence

lettre 127

22.2.44

Ma chère Catherine,

Votre lettre m’a littéralement atterré. Rien ne me faisait prévoir pareil catastrophe et je ne puis me faire à l’idée que votre cher père, mon bon et vieil ami de 30 années, n’est plus. Une vraie et profonde amitié, vous le savez, nous unissait, née naguère au front, fortifiée ensuite par tant d’idées communes sur tant de choses, de faits et de gens

cimentée enfin par les souffrances endurées depuis plus de 3 ans. J’aimais si fort en lui cette belle simplicité, mêlée à une si parfaite distinction d’esprit et de manières à une si profonde culture, à une si rare élévation de caractère. Depuis cinq mois, son absence me pesait beaucoup et ma pensée se reportait sans cesse à nos longues et agréables promenades- causeries, où nous échangions nos idées sur les événements et qui me manquent singulièrement. Vous voilà ben seules, tous trois, dans la vie maintenant ; il va vous falloir bien du courage ; mais votre père vous a donné l’exemple et inculqué des principes propres à illisible par votre craractère. Vous spécialement, ma chère Catherine, qui avez montré tant de courage, n’allez vous pas vous rapprocher des vôtres ? Je n’ai pas leur adresse ; dites leur que je suis de coeur avec eux. J’ai appris que votre soeur avait eu son bébé ; votre père a dû en être ravi et j’avais l’intention il y a quelques jours de l’en féliciter. Ici cela va a peu près avec beaucoup d’aléas et d’incertitudes. Charles a eu son second enfant, une petite Catherine. Mais nos amis de Champs ont appris qu’il y a un mois et demi, tut avait été cambriolé chez eux. Mais assez parlé de nous. Je pense avant tout et m’associe à votre immense douleur et je pleure avec vous. changement d’écriture Au cas où où mon premier petit mot se serait égaré, je tiens aussi à vous dire combien j’ai été bouleversée par l’affreuse nouvelle. Votre cher père était pour moi comme pour mon mari un très bon ami que nous avions toujours un plaisir infini à voir. De tout coeur je prends part à votre chagrin et je vous charge de le dire à vôtre frère et soeur car nous savons quelle perte irréparable vous faîtes. Partagez avec eux ma profonde sympathie . je vous embrasse

Lettre 166

Date : 22 février 1944

Expéditeur : Irene

Destinataire : Catherine

Ma chère Catherine

Mon mari est rentré bouleversé ce matin; après vous avoir vue. nous savions votre Pre malade par notre ami de Vire-Vent mais nous ne pensions pas apprendre une nouvelle aussi tragique !

Mon coeur partage votre peine; dans l’époque si douloureuse que nous traversons, je pense que votre Père a cessé de souffrir de nos tribulations ; mais quelle douleur pour vous, de continuer seule, la route déjà si difficile que vous avez à suivre !!

Nadine se joint à moi pour vos pour vous assurer de notre sympathie, que vous voudrez bien partager avec Gaston et Solange.

Dans une période de vacances, j’espère pouvoir vous voir ? Je vous envoie en attendant ma chère Catherine, les pensées fidèles de notre trio

Irène

Lettre 167

Date : 29 mars 1944

Expéditeur : Catherine

Destinataire : Gaston

Mon cher Gaston,

Depuis que Gilberte est là je n’ai plus une minute pour écrire. elle est fort gentille mais je ne serai pas mécontente de la voir regagner ses pénates tant elle est fatigante. Elle rengaine sans arrêt les mêmes histoires en pleurant et maudissant l’indifférence générale et l’égoïsme en particulier; elle cherche toujours à caser ses filles ailleurs, multiplie les demandes et assomme ses connaissances. Je ne peux même plus me coucher de bonne heure. Je crois qu’en réalité elle me montre combien la compagnie que j’avais autrefois était plus chaude et combien elle me manque.

Travail fou à l’hôpital; tout le monde me dit que je maigris et ça m’impressionne illisible atmosphère affreuse. Quand cela finira-t-il ? Je tremble tous les jours pour BM. et nos vieilles tantes qui sont (surtout Edith) terriblement déprimées. Et j’entends tous les jours tant de situations épouvantables.

Je t’écris de l’hop. où j’attends la visite d’un personnage officiel : tout est paré pour le recevoir mais sans sourire.

Je sors dimanche avec Antoinette C., Monette, Evelyne et des amis communs. pourvu qu’il fasse beau !

De Solange de très bonnes nouvelles. Elle semble vraiment très contente et bien installée. Iras-tu à Pâques la rejoindre ? Il fait très beau, un vrai temps de Printemps. Tu dois déjà beaucoup travailler. En quel honneur as-tu hérité des beaux souliers ? Nous avons eu des nouvelles d’un monsieur parti avec oncle Jean dans les mêmes conditions physiques. C’est quand même quelque chose. Lui reviendra peut-être !

Tout ce qu’on croit prévoir dans cette guerre ne se réalise qu’à l’envers.

Je t’embrasse tendrement

Catherine

lettre 126

Ma bien chère petite Catherine,

Nous ressentons une peine immense de la mort de ton pauvre Père que j’aimais réellement plus qu’un neveu en général. Il nous aimait bien aussi. Mais c’est sur toi ma chère Catherine que je dois m’apitoyer car c’est toi qui va ressentir le plus grand vide, heureusement que tu es très occupée et c’est le meilleur remède aux plus grands chagrins. Je t’ai déjà vue si courageuse à la mort de ta pauvre mère et cependant tu étais bien bien jeune que je ne doute pas de ton courage ni de ton énergie. Tu suis par les moments que nous traversons et on pense à tout le monde illisible que dans les heures de l’ennui.

Je souhaite si c’est possible que nos relations quoique lointaines ne soient pas interrompues car j’ai toujours considéré la famille de ton pauvre Père comme ma propre famille.


Je t’embrasse ma petite Catherine, très très affectueusement

Louise Charles Leblanc

Hotel Dufaux

St Antonin

Tarn et Garonne

lettre 16

Mon cher petit Gaston, avant de me coucher je tiens te trouver un peu et dès demain matin cette lettre sera mise à la poste; je ne sais au juste ce que le courrier mets de temps pour te parvenir. J’ai reçu ta lettre du 24 février avant le dîner courier du soir, assez chiche comme lu le trois. Je sens votre grand chagrin à toi et à Solange et je le comprends. Tu penses s’y j’y prends part, je ne peux réaliser que votre cher Papa n’est plus là. Il a été enlevé si rapidement que l’on ne peut y croire, même moi qui le voyais tous les jours, je m’inquiétais de le voir si abbattu, mais j’avais de l’espoir et ne pensais pas qu’i ne pourrait se remettre d’autant plus que le Dr Rollo et notre oncle avait trouvé l’auscultation bien meilleure, les poumons s’étant dégagés et voilà que le mal l’a terrassé complètement. Je te parle d elui mon chéri et je vais encore te faire pleurer mais ces larmes sont pour lui. Fais comme Catherine, elle travaille et le travail l’empêche de penser. Elle est bien courageuse et j’espère que cela ne la fatiguera pas trop car elle est très prise depuis le matin jusqu’au soir illisible mais elle préfère le travail de surveillante à celui qu’elle avait avant. Hier elle est passée chez moi 5 minutes pour que je ne sois pas inquiète de ne pas l’avoir vue depuis toute la semaine et aiujourd’hui je suis allée chez elle toute l’après-midi. Edith Demiche Marie Claire et Thérèse G. étaient venues également. Aussi un ami de ton Papa. Il a dit combien il aimait ton papa, ils avaient été toujours amis depuis leurs études de droit, ton cher Papa laisse beaucoup de regrets. tout le monde l’aimait et l’appréciait. Mon petit, le froid doit très vid où tu es, fais bien attention, couvre toi bien, et bois bien chaud.

Solange écrit bien gentiment, elle est ravi de son bébé qui pousse bien et est très sage. Il ne faut pas qu’elle se fatigue trop. Elle écrit que roger est fiévreux, j’espère que le illisible surcroit de fatigue.

Lettre 17

Jeudi 2-3-44 77 rue de Prony

Mon petit Gaston,

Vous devez penser particulièrement à votre papa ces jours-ci moment de son anniversaire. J’ai reçu votre longue lettre, je sais bien quel gros chagrin vous avez. J’espère que vous allez voir Sol. aussi souvent qu’il vous est possible. Nous avons tant de bons souvenirs ensemble et malgré la tristesse que j’avais en lisant votre lettre, je n’ai pu m’empêcher de sourire à celui des “bonbons” en voyage, ou le sifflet du reveil matin. Avant trop longtemps j’espère nous les revivrons et vous verrez comme cela sera bon de parler du vieux temps. Avez-vous eu des nouvelles de votre oncle Marc. et de Robert F., c’est aussi une grosse perte pour eux.

Voilà plus d’une semaine que je n’ai vu Cath. Elle remplace la surveillante pour le moment, elle quitte la maison vers 7h mais elle rentre aussi plus tard vers 7 heures. Il est donc bien difficile de la voir. Elle a ses dimanches libres. Je vais essayer d’y aller dimanche matin. Dimanche dernier elle a eu sa bonne maman et ses tantes. J’ai encore été ce matin chez votre tante Edith pour avoir des nouvelles ; c’est si triste de la sentir seule dans un grand appartement. Ernestine couche naturellement en bas dans ma chambre. Quand Cath. rentre, elle dîne et se couche de bonne heure; son travail est bien pénible en ce moment et heureusement elle dort bien. Je suis heureuse qu’elle soit occupée.

Voilà quinze jours aujourd’hui que nous accompagnions votre papa au cimetière et pourtant j’ai de la peine à réaliser qu’on ne le reverra plus, surtout qu’il avait l’air si bien le vendredi de son retour, je suis contente d’y avoir été ce jour là pour avoir de vos nouvelles toutes fraîches. Je l’avais trouvé si bien et je le lui avais dit, il était si content de vous avoir vu tous les deux et son petit fils aussi. Il m’avait raconté bien en détails la journée qu’il avait passé avec vous, il en était si heureux. J’espère que vous m’écrirez bien longuement pour mon anniversaire, vous savez que votre lettre me manquerait si elle n’arrivait pas. Je voudrais bien vous faire une petite visite ; cela ne m’est guère possible pour le moment, j’espère pourtant le faire avant trop longtemps; à Pâques si peux.

Je vous embrasse bien fort et bon courage. Embrassez Sol. et Etienne pour moi.

Mlle L

Lettre 131

Date 9 mars 1944

Expediteur : Marguerite (Silz ?)

Destinataire : Gaston

9 mars 44

Mon cher petit Gaston, Mes pensées sont avec vous en cette date du 9 mars et je sais combien vous auriez été heureux de souhaiter la fête de votre pauvre Papa, comme vous auriez pensé à lui faire plaisir par un gentil cadeau et maintenant tout est fini , il vous a été trop tôt enlevé … Je vais aller tout à l’heure sur sa tombe penser à lui. Il fait très beau soleil qui réchauffe, as le fond de l’air est bien froid. J’ai eu hier au soir Cat qui est venue. Son travail finit 6 ¾ jusqu’à chez moi, elle m’a parlé des ennuis de Sol. mais  qui s’arrangent, mais la pauvre a dû être bien tourmentée. elle a dû laisser le petit Etienne à sa bonne maman,; peut-être sont-ils de nouveau ensemble. Toi, tu es seul mon pauvre Gas, tu dois sentir le vide. J’ai eu un mot de Gis avec son adresse. Que d’ennuis de tous côtés. Ici c’est toujours d’autres choses qu’on entend et ce n’est pas toujours gai. Lis-tu un eu ? Après le travail tu es probablement fatigué et n’aspire qu’à retrouver ton lit. Je t’embrasse tendrement.
Marguerite

Donne moi de tes nouvelles de temps en temps.

Lettre 9

Mon pauvre vieux Gaston,

Je songe bien souvent à toi, à ta peine, au désarroi dans lequel tu dois te trouver. J’ai bien reçu ta triste lettre et t’ai répondu sur le champ. J’espère que tu as reçu ma réponse. Quels sont tes projets d’avenir ? J’avoue être un peu inquiet pour toi à ce sujet. Je pense que pour toi le mieux actuellement est f’attendre la fin du conflit dans ta situation actuelle, car c’est celle qui t’offre le plus de sécurité à tous points de vue. Tu n’ignores pas que de toutes parts l’exaspération commence à gagner les coeurs et les esprits, ce qui se traduit par des actes plus ou moins brutaux, plutôt plus que moins d’ailleurs. A ce propos je t’annonce la nouvelle non confirmée d’ailleurs d’un sort pareil à celui de Michel et de Lucien pour Franck de notre promo. Mais il se pourrait que celà concerne un de ses frères. Ici, peu de changements. Je t’ai déjà dit que je m’étais installé dans une maison de la compagnie avec Bellier. Cela nous a procuré pas mal de tracas. Mais avec l’aide de nombreuses gens, nous avons réussi à nous installer à peu près confortablement. Toujours beaucoup de travail. Cette nuit je sui descendu pour assister à la mise en place de matrices de toiles. C’est fatiguant lorsqu’on a déjà fait une tournée dans la matinée. Aussi ne me suis réveillé qu’à 2 h. Mais le métier me plait. Je me rends compte d’ailleurs de mon impuissance à diriger seul tout cela. Il faut pour cela une longue expérience. La troupe scoute a bien démarré. Je suis pour le moment à la tête de 11 garçons. Cela donne pas mal de travail aussi. Aussi n’ai je que peu de moments de loisirs. Je passe ceux ci à voir des amis et à lire. Donne moi dans ta prochaine lettre des nouvelles de tes deux soeurs et de toi. Je serais heureux d’en avoir. Que fait cette pauvre Catherine ? Je suis bien peinée pour elle. Peu de nouvelle de la promo. Fèvre et Couture (promo 42A) ont eu un fils et une fille à 1/4 d’heure d’intervalle. Curieux synchronisme. Ecris moi bientôt. Amicalement à toi; ton vieil ami. Lucien

Lettre 74

Date : mardi X 1944 (puisque Etienne est né)

Expéditeur : Tisom

Destinataire : Gaston

Mon cher Gaston

Que deviens-tu ? Nous n’échangeons vraiment pas une correspondance très nombreuse. Ici cea va bien. Nous attendons les nouvelles. Etienne est tjrs très mignon et beaucoup plus sage la nuit que lors de ton séjour. Nous n’avons plus revu notre comtesse. Roger a eu la visite d’un X de 2 promos plus vieux qui habite au village à 4 km d’ici, qui est à Paris actuellement pour un examen mais pense revenir et que nous verrons peut-être un peu. Il est sympathique et en tant que camarades roger et lui se tutoient ce que je trouve comique. Cath dont je reçois des lettres (elles mettent 8 jours environ) a l’air bien quoiqu’un peu fatiguée. Dommage qu’elle ne puisse se reposer chez nous quelques temps. Reçu une lettre de Thérèse. Peu de nouvelles autrement. Rien à te dire. Mouchette, Eudoxie, Rosalée, Etienne, Roger et moi t’embrassons (Ns avons rendu les deux petits chats à la proprio faute de boustifaille)

Solange

Lettre 75 : duplicata de la 74

Lettre 62

Date : 12 mars 1944 (cachet de la poste)

Expéditeur : Marcel (lettre postée de Collobrieres dans le var)

Destinataire : M. Gaston Vite Weill Haute Serre par Vaour Tarn

Vendredi,

Mon petit Gaston,

Tache de m’envoyer un colis, n’importe quoi, car il n’y a absolument rien à manger ici et les colis semblent encore arriver. Des légumes, des oeufs, fromage, ce que tu trouves et ne t’attache pas au prix qui n’a pas la moindre importance à l’heure actuelle. On fait pour le pain des queues épouvantables quant aux légumes, 1 fois tous les trois jours on trouve une romaine et une autre fois 1 Kg de carottes avec toutes les fanes pour 35F. Je vais très bien et sprtirai jeudi prochain.

Je t’embrasse. N’attends pas 10 jours pour le colis

lettre 114

Lundi,

Je vous avais écris une longue lettre hier à Albi mais après avoir reçu la tienne ce soir Solange, je vous écris à Fraus. J’étais naturellement étonnée de ce long silence dont j’ai découvert l’explication. Ernestine ira demain matin voir Mme P. car je ne peux y aller. Pourvu que ce ne soit pas trop grave. je vais encore passer une nuit agitée (peut-être moins que la votre la nuit du dérangement)) Avez vous pu au moins emporter quelques affaires, ce qu’il faut pour Etienne. Venez donc à la maison, on y est si tranquille. Enfin je vais voir ce que idra MmeP. Je n’aime pas beaucoup Toul. qui n’est pas non plus de tout repos en ce moment. Enfin qui ne fait rien n’a rien. J’espère que la numération globulaire de Roger et sa “formule leucocytaire” ont été normales et que le toubib n’aura rien trouvé de trop grave. Quant à toi, ma chérie, c’est désagréable tes petits ennuis mais pas très grave. Comme tu n’as qu’à aider à la maisonnée et t’occuper de ton fils, ce doit etre en ce moment moins dur pour toi mais j’aimerais quand même mieux te voir réintégrer ton domicile.

Ici rien de bien neuf. L’ancien personnel râle toute la journée en s’attendant à être mis à la porte et le nouveau est absolument incapable. Charmant comme tu le vois. Je suis restée hier à la maison où j’ai encore rangé, écrit et cousu.

Je lis un peu et rentre très tard, pas avant 7h1/2. j’ai quittté en génral l’hôpital un peu plus tôt et je passe voir une fois Thérèse, BM, oncle Leon, le coiffeur

Je viens d’être interrompue par la visite de M. Priviet rasant comme toujours qui regrette les visites matinales de papa. Reçu ce soir un charmant mot de Michel très touché ! Robert Janal et Emile Ponzu

Je vous embrasse tendrement

Rassurez-moi vite

Boum Boum nous sommes une fois de plus en alerte

Catherine

Lettre 169

Date : 17 mars 1944

Expéditeur : Marcel

Destinataire : Gaston

Dimanche. Mon cher petit, tu vois que je ne tarde pas à répondre à ta lettre d’il y a huit jours. Tu as raison mon petit restant isolé en pensant que ce que tu as est insuffisant et vais t’envoyer comme tu me le demandes 15’ je ne sais encore sous quelle forme. J’attends le retour de Paul et si je n’ai d’autres moyens je te ferai 3 mandats. Tu sais que je prends ça sur ce que je dois à illisible et Armand et je dois te dire que cela vous appartient à tous les trois. Tu en tiendras donc le compte.

Oui mon petit chéri, je suis très malheureux et très triste (je ne fais que penser à mon pauvre Armand et la cruelle réalité me dépasse : je ne puis toujours croire que je ne le reverrai jamais plus ! Et cette pauvre Catherine, si seule là bas et si près de tout lui. Que je regrette de n’être près de toi et ne pouvoir évoquer tous les souvenirs que je garde si vifs ! Mais nous ne devons pas nous laisser aller. Il nous faut et nous faudra encore tant de courage ! Ma petite Valentine va mieux mais est si faible et ne peut toujours pas m’écrire. Elle ne quittera pas l’hôpital avant la fin du mois : quel mauvais sang je me suis fait et je me fais encore. Et puis je suis si seul. Les Paul ne viennent presque plus : alors pas âme à qui parler. Mais ne nous plaignons pas. Mon petit, je suis peiné pour toi que Roger et Solange te quittent mais c’est sûrement après mûre réflexion et par sagesse qu’ils le font. Tache de me dire ce qu’il fera et où ils seront, mais tu dois te trouver bien seul. Ne t’en fais pas pour moi, je ne demande qu’à pouvoir rester ici. Mais sait-on de quoi demain est fait ? Ce n’était que par pure précaution que je te demandais un asile possible. Tu me dis avoir beaucoup de travail et mauvais temps. Que faîtes-vous ? Labour, semailles ? Ici presque tout est fait. Sauf les patates; mais il n’y a plus d’hommes pour travailler. Tous sont requis. Il fait un temps merveilleux et cela aide un peu à la vie.

Dès que je le pourrai je t’enverrai ce que tu me demandes. Tu te rappelles bien je l’espère ce qu’à Chevreuse tu avais rangé au four.

Je t’embrasse bien fort mon petit

Marcel

Lettre 170

Date : 17 mars 1944

Expéditeur : Catherine

Destinataire : Gaston

Mon cher Gaston

Je reçois à l’instant ta lettre. Je voudrais bien que tu reçoives la valise et je t’envoie une boîte à oeufs contenant diverses petites choses et les photos. C’est Thérèse qui a choisi les agrandissements. Elles sont fort jolies mais à mon avis un peu grandes. Pas un mot d’Armand et Massine c’est un peu exagéré et c’est vraiment les seuls. Tante Louise m’a écrit une très gentille lettre après ta visite qui lui a fait très plaisir.

As-tu amené le bois jusque chez Solange ? C’est ce que je comprends. Que signifie la phrase de la participation aux affaires avec le beau temps. Je profiterai de Mme Pec pour t’envoyer ce que tu m’as demandé.

Je suis prise tous les dimanches. Le prochain j’irai chez O. Léon, le suivant chez T. Denise. Les Leyna m’ont demandé mais je ne suis plus libre d’ici longtemps.

Toujours beaucoup de travail à l’hôpital avec de nouveaux soucis tous les jours et on s’étonne chaque jour d’être encore dan son lit. Ne me parle plus de Taki, c’est absolument passé de mode et ça m’agace. J’ai autre chose que Taki, tout près ou plus loin (Monette) Cette dernière n’a aucune nouvelle de son fiancé depuis fort longtemps./

Il y avait comme hôte forcé aujourd’hui à l’hôpital de qui j’ai fait la connaissance, le fils écrivain de la tante Eugénie; on se retrouve dans de drôles de circonstances.

Je t’embrasse tendrement. je vais préparer l’envoi de la boîte

Catherine

Lettre 172

Date : 18 mars 1944

Expéditeur : G. de M.

Destinataire : Gaston

18 mars 44,

Mon petit Gaston

J’ai su par un coup de téléphone de votre oncle, l’affreux malheur qui vient de vous arriver et je m’en veux de ne pas déjà vous avoir écrit. Mais je mène une vie si tourmentée que je n’ai que bien peu de Temps à moi et que le soir arrive, emportant tout mon courage.

Je n’étais pas là lorsque votre oncle a téléphoné, c’est jo qui a reçu la communication mais c’est à vous d’abord que je veux écrire, pour vous dire toute la part très grande que je prends à votre chagrin. Je sais combien vous étiez lié à votre cher Père, et combien sa disparition va être dure pour vous.

Je vous ai laissé dans un bien grand silence, mais je veux espérer que vos ne m’en voulez pas.

Depuis le mariage de Willie la maison d’est encore vidée puisque Thérèse est à la croisille depuis 15 jours aussi je vous avoue que je suis très très seule et lorsque je regarde en arrière et que je pense aux belles soirées vécues grâce à vous deux, c’est avec encore plus de regret que je considère le présent.

Willie est très heureuse, elle a épousé un garçon charmant qui l’aime et qu’elle aime et je suis si heureuse de leur bonheur.

Je suis très gâtée par eux et je dois dire que ce mariage est le couronnement de ma vie.

J’espère que vous êtes enfin en possession de votre costume tant désiré tant attendu.

Vous m’excuserez mais je vous assure que c’est par excès de travail et de lassitude que vous en avez été privé.

Je serai toujours heureuse d’avoir de vos nouvelles. J’ai gardé un si touchant souvenir de votre séjour ici, que je ne vais l’oublier. Je garde à votre oncle une fidèle affection, et une si grande reconnaissance de toutes les délicieuses attentions qu’il a eu pour nous toutes. La chère Jo est toujours ma fidèle et nocturne compagne, elle continue les stations auprès du feu. Et je suis ravie de sa compagnie longue J’ai la joie de me rencontrer avec elle. Elle est occupée elle aussi.

Je vous assure mon petit de toutes mes pensées les meilleures et vous renouvelle encore l’assurance de mon affection attristée.

G de M

Lettre 168

Date : 25 mars 1944

Expéditeur : Catherine

Destinataire : Gaston

Vendredi soir,

Nous avons reçu très bien ton colis d’oeufs; cela fait vraiment plaisir à recevoir. Veux-tu que je t’envoie un peu d’argent pour les payer à part, ou tu prendras sur la somme que je t’enverrai par un tiers ? Juste deux étaient fêlés que nous avons eu hier au soir. Ce soir nous avons des harengs fumés que des bonnes femmes vendent à chaque bouche de métro dans des valises à 12F pièce. Gilberte vient me voir demain et passera la journée de dimanche avec moi. Semaine très occupée, tous les jours autre chose. Je ne suis jamais rentrée avant 7h3/4. Ce soit j’allais dans le fin fond des Lilas chercher du matériel d’hôpital.

Reçu de bonnes nouvelles de Solange. J’espère que tu pourras y aller à Pâques. Ils ont l’air vraiment très bien. Si cela pouvait durer !

Le temps se radoucit, les lilas du jardin bourgeonnent, c’est le printemps qui vient. “Vous verrez comme le jardin est joli au Printemps”, dis-je aux internés.”Puissions nous ne pas le voir” est la réponse invariable. Beaucoup de monde arrive toujours et des gens de connaissance : une brave dame avait du dansé autrefois avec papa, un autre travaillait avec son frère, etc.

Monotte est venue m’y chercher et est rentrée dîner avec moi. Elle était en train, moi pas trop fatiguée et j’ai passé une bonne soirée. Ernestine avait fait des crêpes.

Si j’ai bien compris, c’est en chaussure que tu es si bien monté; tant mieux car tu en avais besoin.

Je viens de finir de dîner et ai lu attentivement la découverte des 60 cadavres de Petiot. Vraiment passionnant et rocambolesque.

J’irai au cimetière Dimanche avec Gilberte.

Je t’embrasse tendrement

Catherine

Je ne peux pas t’écrire plus souvent. J’ai tellement peu de temps.

lettre 111

Lundi 27 mars. Cher Gaston. Je pese que vos travaux vont bon train et je pense à vous beaucoup. Hier j’ai parlé de vous, chez vous, car je suis allé voir Catherine, où j’ai vu aussi sa grand-mère et Gilberte de passage. Catherine va bien, peut-être pas très bonne mine, mais elle a tant de travail, dans cet hôpital où se bouscule tout tout le temps.
Votre grand-mère est magnifique à tous égards, quant à Gilberte elle a repris bonne mine et des kilos, ce qui est très bon pour elle. J’ai fait une petite toilette de printemps à mon jardin, mais je n’ai pas le coeur des autres années, car votre père m’aidait, ou bien m’encourageait de la voix et du geste ! L’année dernière il avait si bien soigné mes plants de tomates, i les arrosait consciencieusement chaque soir, j’ai d’ailleurs eu une très belle récolte don til a eu sa petite part. Et puis il jouait avec les chats et bien souvent il disait : ah si Gaston était là, comme il serait content avec les chats. Hélas tout cel est le passé. Il a fait hier un temps printanier pour la 1ere fois, agréement d’une alerte et de cannonade, d’ailleurs c’est constant en ce moment. quand verrez-vous Solange ? Elle paraît bien installée, en tous cas elle aura plus de facilités pour le Bébé avec un jardin, de l’air et du soleil. Je vous ai dit n’est-ce pas que grâce à Mounette Seyma je servais des goûters aux enfants des Ecoles, goûters entièrement offerts par la Suisse, et magnifiques 100% matières grasses et sucre. Je vais trois fois par semaine dans le centre du 13eme arrondissement peu à peu cela se répandra dans tout Paris et en banlieue. Parlez moi de vos légumes de votre charbon de bois, de vos lectures.

Je vous embrasse bien, Thérèse

Lettre 68

Date : 2 avril 1944

Expéditeur : Valentine (d’après Daniel) (M. Caron 67 Bd de Courcelles Paris 8e)

Destinataire : M. Gaston Vite Weill Haute Serre par Vaour Tarn

2 avril 1944

Je peux enfin vous écrire cher petit Gaston, j’ai eu tant de peine de ne pouvoir le faire avant ! j’ai pensé tant à vous pendant cette dure épreuve la seule consolation qui vous reste est d’avoir vu votre cher papa avant ce deuil cruel. La vie vous réserve des jours meilleurs mpon cher enfant et il vous faut penser à l’avenir, vous avez l’affection de vos chères soeurs, de vos oncles de vos amis pour vous soutenir ne l’oubliez pas. J’ai eu beaucoup de peine de n n’avoir pas revu mon si cher si bon ami, je n’arrive pas à réaliser car je l’avais quitté si bien pourtant si heureux d’aller vers ses chers petits, j’ignore la nouvelle adresse de Solange. Voulez vous lui dire de ma part combien je pense aussi à elle ! que je me suis réjouis pour elle et pour son mari de l’arrivée du cher petit Etienne …. et que je les félicite et les embrasse. Quant à vous illisible Gaston, vous avez toute mon affection sur laquelle vous pouvez compter en toutes circonstances. Je vous envoie toutes mes pensées et je vous ambrasse. Bien affectueusement, Valentine

Lettre 59 (carte postale)

Date : 6 avril 1944

Expéditeur : Lucien

Destinataire : M. Gaston Vite Weill Haute Serre par Vaour Tarn

Molières sur Ceze, le jeudi 6 avril 1944,

J’ai bien reçu ta dernière lettre. Je suis heureux de voir que tu assez bon moral et que tu quittes pas ton emploi actuel. Ta soeur aînée a-t-elle l’intention de rester à Paris. A-t-elle l’intention de rester au quai et de conserver son emploi de surveillante ?

J’ignorais que Roger avait quitté son emploi. Que fait-il exactement maintenant. Je ne vois pas bien ce qu’est une situation “comparable” à la mienne. . Tu me dis qu’ils sont loin d’Haute terre mais j’espère que tu peux quand même aller les voir de temps en temps. Ici changement dans ma situation. Le puits où je travaillais a été victime d’un sabotage. La machine d’extraction a été dynamitée. Le puits est arrêté au moins pour le mois. Aussi vais-je aller travailler à Besseges, dans un autre puit de la compagnie. Normalement je dois faire des postes de nuit Trajet en vélo. Avec l’été c’est supportable. Actuellement travaux de réparation. Je continuerai vraisemblablement d’habiter mon logement actuel, qui est bien agréable parce que tout à fait campagnard (je ne vois pas les cheminées de ma fenêtre) mais il se pourrait que je je prenne par temps de pluie une chambre à Besseges.

Je te quitte mon cher vieux en espérant bientôt te lire. Amicalement à toi

Lucien

PS : Toujours même adresse

Lettre 173

Date : 7 avril 1944

Expéditeur : Bonne Maman

Destinataire : Gaston

7 avril 44

Mon cher petit, merci de ta lettre, je voulais y répondre de suite et puis j’ai été assez occupée. Gil est venue. J’ai été contente de la voir, elle est bien mais toujours agitée. Peut-être es-tu avec Solange pendant ces jours de Pâques, tu as du être content de les retrouver ainsi que le petit Etienne qui du te faire un beau sourire, bientôt 3 mois. C’est un grand garçon.
Cath. travaille beaucoup en ce moment : son nouveau poste est absorbant et ces jours ci on a du faire des transformations. Fais ton possible pour lui envoyer du lard, ton patron pourrait t’en céder un peu. Cath en a besoin, le ravitaillement est très maigre ici et Catherine travaillant beaucoup aurait besoin de matières grasses ce qui manque vrt tout à fait. En le salant serait très bien. J’ai eu la visite de Thérèse G. qui est venue aujourd’hui. Elle m’a apporté un joli bouquet de fleurs printanières venant de son jardin : primevères, paquerettes.

Ton cher papa me manque, c’était mon tour illisible

Lettre 18

20 rue de Madrid

LAb 0157

Chère Mademoiselle,

J’avais l’intention de vous écrire depuis quelque temps déjà car j’étais inquiète du silence de votre frère ; je lui avais écrit au lendemain de vous avoir vu; et insistais pour recevoir de ses nouvelles. J’imaginais aisément sa peine loin de vous, dans ce milieu étranger à ses affinités, à ses habitudes. J’aurais aimé trouver sous sa plume la continuation si parfaite qu’il promet d’être de votre cher disparu. Je n’ai pas osé lui écrire à nouveau, craignant toujours les indiscrétions. Avez vous régulièrement de ses nouvelles ?

J’ai rencontré hier au palais Mr de Chauveron , il m’a chargé de vous transmettre l’écho de la lettre reçue de M. le Bâtonnier à qu’il avait appris la nouvelle qui nous a fait tant de peine. J’étais émue des termes où il exprime ses regrets de ne plus revoir l’ami de longue date, il la distinction de sa pensée, l’estime qu’il avait illisible Un éloge venu d’un tel personnage !

Duquesne (écrit quatre fois)

Lettre 157

Date : Vendredi (Avril 44 ? peu avant la lettre 156 puisque le chat va arrriver)

Expéditeur : Solange

Destinataire : Gaston

Mon cher Gaston,

Tu ne nous as pas remercié pour l’envoi de 3 tickets, je crains qu’ils ne se soient perdus et t’en adressons deux autres. Nous sommes maintenant à peu près installés, mais j’ai une cuisinière qui fume très fort et vais sans doute faire venir la mienne. Nous attendons demain mes beaux parents. Etienne est très mignon. je viens de le baigner, il ne dit rien. Il pleure peu et fait beaucoup de sourires ? Ne viendras-tu pas nous rendre visite un jour ? La maison est très agréable. l’eau marche depuis hier, c’est épatant (un toilette et une chasse d’eau). Nous avons eu un temps affreux mais aujourd’hui un peu de soleil. Que signifia ta phrase sur l’accueil des grands-parents ?

Je m’arrête, Roger va me dicter des lettres et j’ai faim.

Je t’embrasse bien fort

Sol.

Nous allons avoir une chatte avec un petit. j’aurai 2 enfants : Etienne et le petit chat

Lettre 156

Date : Vendredi (avril ou mai 44 puisque Catherine a la scarlatine)

Expéditeur : Solange

Destinataire : Gaston

Mon cher Gaston,

Je pense que tu sais que Cath. a attrapé la scarlatine. C’est bien ennuyeux. Roger aurait aimé aller la voir mais on ne peut risquer d’attraper la maladie pour une forte courte visite. Quant à moi, il y a Etienne qui m’en empêche. J’espère que tu es bien et que tu ne t’embêtes pas. Vois-tu souvent le ”Bourrent” et sa famille et sont ils aussi dingo. Ne leur montre pas cette lettre. A part le plaisir de t’avoir vu, j’ai gardé un mauvais souvenir de cette visite et j’aimerais mieux que ce soit toi qui vienne nous voir. J’espère bien d’ailleurs que maintenant nous ne bougerons plus d’ici. nous y sommes fort bien. Hier soir Albert dinait à la maison : soupe, saucisson, purée de pommes de terre gratinée, viande froide et salade, bleu et choux à la crème. La femme de ménage nous servait à table. Cela s’est bien passé. Autrement je ne vois personne sauf quelques voisines. Nous avons une chatte (Mouchette) qui commence à s’habituer à nous et ses deux petits au grenier (Mouchatchou et Chabichou), 2 poules (Rosalie et Eudoxie) qui doivent pondre dans un endroit inaccessible faute de clé que la propriétaire doit nous apporter, un petit bout de terrain avec petits pois, haricots, persil et bientôt salades. Il nous faut aller l’arroser le soir et c’est embêtant. Heureusement il a un peu plu cette nuit; Etienne devient de plus en plus mignon et ne pleure pas très souvent, il est en culotte, je le coiffe comme un petit garçon; je trouve qu’il te ressemble énormément. Je vais aller illisible du linge.

Je t’embrasse bien fort,

Sol.

Lettre 153

Date : jeudi 4 mai 1944 (seul jeudi 4 de 1944)

Expéditeur : Marcel

Destinataire : Gaston

Mon petit Gaston,

Je commençais à m’ennuyer après toi. Cela fait quinze jours que tu ne m’avais pas écrit et je trouve le temps long. J’ai aussi reçu une gentille lettre de Solange qui me dit être contente de sa nouvelle habitation mais elle omets de me donner son adresse. Erreur que tu voudras bien réparer pour que je puisse lui envoyer un mot. Cette pauvre Catherine doit avoir bien à faire. Voilà longtemps qu’elle ne m’a écrit. Cela ne doit pas aller toujours tout seul à son hôpital, ni être bien gai. Et le soir venu toute seule dans ce grand appartement. Dans quelques jours trois mois que ton papa n’est plus là ! Comme je le regrette et comme je pense à lui. Pour nos Parisiens, ces bombardements sont vraiment abominables et leurs nuits sont bien agitée ! A dix heures du matin m’écrivait Valentine ils en étaient à leur quatrième alerte ! Elle va bien mieux, elle se remet de la jaunisse et est particulièrement illisible et comme tu la connais très sensible et émotive. Cela ne facilite pas sa guérison : j’aimerais aussi la voir à la campagne mais elle n’est encore sortie que deux fois et elle y a des ennuis de jardinier ! Elle a été bien contente de te lire et serait heureuse si tu en as le temps que tu lui écrives encore comme à un bon copain. J’ai eu pendant deux jours mon ami Lejeune que tu avais vu à la gare à Marseille. C’était un ami d’enfance à papa et à moi ! nous avons passé deux bonnes journées et je l’ai bien gâté ! car à St Tropez où il habite le ravitaillement est plutôt serré ! Chez nous une bonne partie du foin est déjà rentré et j’y ai contribué ! Nous avons faucheuses, retourneuses, ratisseuses mécaniques. Cela va vite. Les petits pois sont en fleur. les patates sont belles et nous aurons plein de pêches et de raisins : mais où sont les bras pour tout cueuillir, sarcler et soigner. illisible

Je t’embrasse bien fort

Marcel

Lettre 60

Date : autour du 10 mai 44 (papa a 4 mois)

Expéditeur : Alice Laurence

Destinataire : Gaston

beaucoup de fautes d’orthographe, je les ai conservées

77 Rue de Prony,

Mon petit Gaston,

Voilà bien bien longtemps que je ne vous ai pas écrit. Le temps passe avec une telle rapidité qu’on ne le voit pas filer. Comme j’ai de vos nouvelles par Catherine et que je suis à peu près au courant de ce qui vous arrive, je remets toujours à vous écrire. Vous savez naturellement que Catherine a la scarlatine. Je l’ai vue il y a 15 jours au hasard, comme je passais au quai je sui monté et j’ai trouvé Catherine au lit, seule, j’y suis retournée le lendemain et votre bonne maman passait l’après-midi auprès d’elle. Son oncle y était aussi ; elle a eu le docteur de l’hôpital le soir qui lui a dit que c’était la scarlatine. Naturellement je n’y suis pas retournée à cause de l’infection. J’ai eu des nouvelles par votre tante Edit. C’est ennuyeux parce que c’est si long et Catherine n’aime pas à rester inactive. Je n’ai pas eu de nouvelles ces tout derniers jours car hier quand je suis monté votre tante n’était pas chez elle. Elle a elle même beaucoup à faire entre sa soeur (votre tante Louise) qui est malade et son frère qu’elle va voir aussi souvent que possible. J’ai eu des nouvelles de Solange par Catherine ; j’ai maintenant son adresse et je compte lui écrire un de ces jours à elle aussi. J’espère qu’elle n’a pas d’ennuis elle paraissait contente de son installation et heureuse des progrès de son fils ; c’est déjà un ptit bonhomme de 4 mois. J’ai beaucoup suivi celui de Betty qui à 10 mois maintenant. et qui est bien mignon et très éveillée. Je regrette bien de n’avoir pas pu suivre le petit Etienne de Solange. Je suis heureuse que votre papa ait pu le voir. Vous savez sans doute que Catherine s’est installée dans la chambre de votre papa. Elle ne voulait pas, dans le cas où l’on réquisitionne des chambres dans l’appartement que des étrangers couchent dans cette chambre. Je le comprends très bien. Pour le moment elle n’a pas d’ennuis.

Comme vous le savez nous avons eu de gros bombardements. Hier dans la matinée 3 alertes. Je ne vois pas comment se passeront les bachots cette semaine. Vous avez vu que les grands concours ont été ajournés, ceux qui devaient avoir lieu cette semaine. C’est bien ennuyeux pour tous ces jeunes gens. Et puis que va-t-il leur arriver, on redoute bien ce mois de mai. Toutes les femmes ont été recensées en prenant les carres d’alimentation de cettet façon personne n’échappe. Quant tout cela finira-t-il. Je sis contente de vous savoir là bas. Ecrivez moi bientôt.
Je m’arrête vous n’aurez pas la patience de lire ma lettre. Je vous embrasse bien fort. Alice Laurence

Lettre 159

Date : 14 mai 1944

Expéditeur : Bonne maman

Destinataire : Gaston

Mon cher petit Gaston,

Il y a longtemps que je n’ai eu directement de tes nouvelles, mais par Cath. je te sais bien, beaucoup de travail. Je t’envoie ces lignes pour Cath. qui a la scarlatine, pour le moment scarlatine qui semble légère, mais maladie longue et où il faut illisible les soins. Elle a peu de illisible et souffre illisible. Mais dit le docteur de l’hôpital qui est venu hier fin de journée. 21 jours minimum de chambre. Je t’écris car Cath. semble peureuse de vous contaminer par lettre. Elle est embêtée à cause de l’hôpital où elle était nécessaire. Elle est au quai et y reste, j’avais proposé de la prendre chez moi mais le Docteur la trouve très ien où elle est en plein soleil. Ernestine est très bonne avec elle et la malade demande peu de soins, srutour pas de refroidissement à cause des soins

Toujours des ennuis aujourd’hui. je vois Albert chez l’oncle Georges et j’irai après chez Cath. Les communications sont bien supprimées et complique la vie. Plus d’auto et tant de stations et de lignes suspensdues au métro.

Je t’embrasse bien tendrement,

ta B. Maman

Cath. est au régime de lait, de la confiture, des compotes de fruit. mais ici il n’y en a pas

Lettre 130

Date 17 mai 1944

Expéditeur : Bonne Maman

Destinataire : Monsieur Gaston ViteWeill. Hte Serre. Par Vaour Tarn

17 mai 1944

Mon petit Gaston, je te donne des nouvelles de Cath qui va aussi bien que possible. La scarlatine est très légère et nous pensons qu’elle continuera d’être ainsi. Cath est au lit très gaie. Elle te fait embrasser. Rien de nouveau. Je t’embrasse

Ta bonne maman

Lettre 64

Date : mai 1944 ? (référence de Catherine à la contagion et aux nombreuses alertes)

Expéditeur : Catherine

Destinataire : Gaston

Mardi,

Je reçois à l’instant ta lettre et réponds tout de suite. Non mille fois non. Si Carol. serait contente de te revoir ce serait idiot pour toi. Ce que je ne comprends pas bien dans ta lettre c’est si tu envisages un séjour de 24h ou un séjour durable. SI c’est le 2nd cas, ne te trouves-tu plus bien où tu es ? Chez Carol. la vie est très difficile naturellement et quand au reste …

Pour 24h, tu oublies la contagion, la difficulté des voyages, les 4 alertes qu’il y a journellement. Les frais inutiles. Non, mon pauvre vieux, en ce moment ça tombe trop mal et je t’en prie ne fais pas de bêtise. Va plutôt faire un tour du côté de Solange qui m’écrit que tu es le seul avec lequel elle s’entende ainsi que Roger.

Je n’ai pas pu lire ce que tu écris au sujet de la vigne et des huit hommes forts dont toi je pense.

Raconte moi ça mais plus lisiblement. J’ai d’ailleurs souvent beaucoup de mal à te déchiffrer.

J’ai ressorti ma “flûte enchantée” et en joue beaucoup ce qui me distrait. Je fais du raccomodage et lis pas mal

Je t’embrasse tendrement

Catherine

QU’est ce que ton cul-de-sac ? Ton age est par trop compromettant surtout renonce à cette idée de l’avis de tout le monde

Lettre 66

Date : Samedi 20 mai (1944 ? puisque il y a un samedi 20 mai en 1944)

Expéditeur : Thérèse

Destinataire : M. Gaston Vite Weill Haute Serre par Vaour Tarn

Cher Gaston,

Catherine me charge de vous écrire, ce que je fais avec grand plaisir. Je la vois régulièrement votre soeurette, elle a la maladie très bénigne, mais elle l’a tout de même , et les précautions, la fatigue sont les mêmes que si on l’avait forte. Elle est bien courageuse, elle est si seule. Néanmoins pas autant qu’on pourrait le croire car il y a le doux regard d’Ernestine, la voix haute d’Henriette qui lui parle à travers la porte (car elle ne veut pas entrer et elle a raison) et il y ales visite de votre bonne maman, de votre Tante Edith et de moi-même. Je lui ai apporté un flot de livres pour la distraire et des fleurs du jardin. Elle me lit vos lettres et celles de Solange, si bien que je suis très au courant de vos faits et gestes. Je sais que toutes vos récoltes sont belles et que vous riez toujours autant avec Solange quand vous la voyez. Solange de son côté est très absorbée par Etienne, et parait très heureuse.

Ici la vie est simplifiée, presque plus de gaz, presque plus d’électricité, plus de blanchisseur, plus de charbon, plus de viande, j’irais plus vite à vous citer ce que nous avons encore. Nous avons encore nos yeux pour pleurer et le marché noir pour manger. Je me demande comment nous allons vivre si cela dure. Les carottes valent 20frs le kg et les cerises 50. Avec celà les alertesn le canon, le métro dont tant de station sont fermés qu’on est de plus en plus tassé. Les épidémies ne sont plus loin à mon avis. Mon jardin est joli mais je m’en occupe moins l’habite moins, maintenant que je suis seule.

Je vous embrasse bien mon petit,

Thérèse.

Lettre 154

Date : Vendredi 26 mai 44 (seul vendredi 26 de 44)

Expéditeur : Catherine

Destinataire : Gaston

Mon Chéri

C’est vraiment trop idiot de ne pas t’écrire. Les strepto ne te sauteront pas à la figure en ouvrant la lettre. j’en suis au 17e jour et j’en ai marre. Je vais très bien, me sens seule et assez fatiguée, n’ayant plus de température depuis 10 jours, pas d’albumine. Depuis deux jours je mange des légumes vert, du sel aussi. j’ai toujours 1l1/2 de lait par jour dont Ernestine me fait de délicieuses bouillies. Heureusement nous avons eu de la rhubarbe que je mange en compote. Les cerises sont très cher et mauvaises.

Solange a fait la folie de m’envoyer lait condensé, sucre et farine que je lui ai renvoyé. On trouve d’ailleurs au marché noir (toutes les boutiques, aussi ignobles soient-elle) à peu près tout : sucre 150 Frs/Kg, Beurre 650 Grs/Kg, confiture (très difficile) 170 Frs/Kg. Viande aussi Oeuf, 5F l’oeuf. Naturellement on a + ou - de chance et l’on hésite surtout car un kg de confiture ce n’est pas grand chose, quant au beurre …

BM, T. Edith viennent un jour sur deux l’après-midi. Thérèse idem le matin. Oncle Léon tous les 4 ou 5 jours l’après midi, mon medecin (le medecin chef de l’hôpital) 1 fois par semaine? c’est le beau-père d’Henry Duysen. Hier un de mes chirurgiens m’a honorée de sa visite et de ses roses. Je lis toute la journée et m’abrutis dessus. Je reçois de longues lettres de l’hôpital et d’ailleurs, mais les gens sont terrorisés par cette maladie et n’approchent pas. Oncle Marcel m’écrit qu’il regorge de fruits et d’artichauts. Je lui ai écris de m’en envoyer. C’est trop impudent de mettre cela quand en faisant la queue ici 1 heure on trouve une romaine pour 17Frs. Il fait superbe, nous avons 3 alertes par jour. A quand le grand jour, It is really exciting ! Electricité raréfiée de 9h du soir à 7h du matin et pendant les alertes. Plus de blanchisseur pour draps et torchons, ça devient embêtant, mes draps sont crasseux et je n’ose pas les changer. Je me demande si tu vas te décider à partir pour la Pentecôte. Il doit y avoir du travail à la ferme en ce moment. Moi aussi j’ai bien le temps de penser à papa et des crises de cafard qui me prennent dans la journée, terribles. J’ai ressorti ma flute et combien d’airs me le rappelle dans telle ou telle circonstance quand il s’asseyait au piano. il avait emprunté cet hiver une petite ritournelle qu’il jouait souvent et dont il était très fier. Je ne peux pas arriver à la retrouver en ce moment.

Je n’ai pas sous la main d’autres photos de lui. D’abord elles font partie de l’album et il faut que je recherche les clichés pour les faire refaire. En ce moment je ne peux pas faire cela.

Je voudrais bien que tout cela finisse et te revoir ici et je vois si loin de tes véritables occupations. + le temps passe et + tu auras du mal à t’y remettre. Lis-tu un peu ? C’est malheureux que tu ne sois pas près d’une ville où il y ait une bibliothèque. Je crois qu’à Albi elle était bien. A Villeneuve, Gilberte dit qu’elle est excellente.

Comment les R. ne demandent-ils pas à Giselle de passer un Dimanche à Frau. ? Ce n’est vraiment pas très chic car elle est gentille et si seule. Un dimanche, une fois par hasard, même si Roger leur a montré le cabochon. Ce n’est pas bien dérangeant. Enfin ce n’est pas à moi de leur dire.

Je m’arrête, je ne t’embrasse pas. Lave-toi les mains

Catherine

Balance un peu ma lettre dans le soleil

Lettre 65 (carte postale

Date : 28 mai 1944 (cachet de la poste)

Expéditeur : Bonne maman (?)

Destinataire : M. Gaston Vite Weill Haute Serre par Vaour Tarn

Mon cher petit,

Je viens te donner de très bonnes nouvelles de Cath qui est très bien, mais toujours isolé à cause de la contagion. elle s’alimente : lait, pommes de terre, compote de rhubarbe, nous n’avons ici aucun fruit, confiture. Elle lit, travaille à l’aiguille et n’a comme visites que moi, Edith, Thérèse et ses médecins amis. Je t’embrasse bien fort

Lettre 63

Date : 31 mai 1944 (cachet de la poste)

Expéditeur : Marcel (lettre postée de Collobrieres dans le var)

Destinataire : M. Gaston Vite Weill Haute Serre par Vaour Tarn

Mardi 30

Mon petit Gaston. Je t’attrape. tu es resté trop longtemps sans m’écrire : plus de 15 jours. c’est trop long et j’aime tellement avoir de tes nouvelles : il peut survenir tant de choses chaque jour. Moi-même j’ai un peu tardé à répondre à ta lettre mais nous avons eu les feites et les Paul sont arrivés. mes journées sont naturellement plus remplies et Paul nous fait tous travailler. Je crois d’ailleurs qu’il faut rester beaucoup plus à la campagne à la suite de ce cruel et inutile bombardement de Marseille. C’est tombé tout autour de chez eux de son bureau et des Arnold. Crois-tu que même ici un matin nous avons failli être arrosés. pas à un kilomètre. Où faut-il se perdre : dans vos régions vous me paraissez un peu plus tranquille pourvu que cela dure. La vie à Paris avec ses alertes répétées ne doit pas être bien réjouissante ni enviable.

Voilà cette pauvre Catherine emmurée pour 40 jours avec sa scarlatine.: elle m’a écrit deux fois mais me paraît tout à fait bien ; elle trouve le temps bien long par exemple et tout le monde la fuit comme la peste. Je t’avais demandé l’adresse de Solange qui m’a écrit sans me la donner. Pense à me l’envoyer. J’ai été voici dix jours à Ste Crofoy qu’il a fallu évacuer par ordre militaire. Une partie des meubles est restée dans le pays encore habité. L’autre je l’ai ramenée en camion ici. J’ai de bonne nouvelles de Valentine qui est à Chevreuse et s’y fatigue copieusement. J’espère qu’elle aura trouvé de nouveaux jardiniers. Bonnes nouvelles d’oncle Léon. Un bon orage a fait du bien aux patates qui sont superbes et aux haricots. Nous ne souffrons pas encore de la chaleur et le midi est très supportable

Je t’embrasse bien fort

Marcel

Lettre 152

Date : Samedi 24 juin 44

Expéditeur : Lucien

Destinataire : Gaston

Molières, samedi 24-4-44

Mon vieux Gaston,

Je reçois une lettre de ma tante de Paris, me disant que tu lui demandes de mes nouvelles, n’en ayant point. Il ne me semble pourtant pas que je t’ai oublié car il y a environ un mois que je t’ai écrit un petit mot dans le genre de celui-ci. Rien de bien neuf ici. Le débarquement a simplement provoqué ici les effets qu’il a provoqués dans toute la France, soit sabotage de voies ferrées, interruption de toutes communications. Il est vrai que l’interruption du trafic ferroviaire par suite de “sabotages” de ponts, cause du chômage car il ne sert de rien de produire si l’on ne peut vendre. On vent même librement à ceux qui peuvent emporter le charbon. Dommage que Paris et Limoges soient si loin. Désormais travail de jour, bien plus agréable que de nuit, car au moins on peut dormir normalement. Je travaille à Besseges depuis que Molières a sauté. Le puits ne sera pas d’ici longtemps remis en service. Mon frère a passé son bachot. J’ignore le résultat. Aucune nouvelle de mon père évidemment. Que deviens-tu toi-même ? Que comptes-tu faire ? Aucune nouvelle de Piston. Cayral est toujours à côté de chez moi, à 10km. Comment vont Solange et Catherine. J’espère bientôt te lire. Amicalement à toi. Lucien

Lettre 164

Date : Vendredi 14 (juillet 1944 étienne né et sécheresse)

Expéditeur : Marcel

Destinataire : Gaston

Vendredi 14. Tu m’as écrit une bien courte carte mon petit Gaston et j’aime mieux quand je reçois de toi une longue feuille. je me rappelle que tu m’as prié d’écrire plus lisiblement. Tu es d’ailleurs la première personne qui ait osé faire ombrage à mon talent calligraphique : je te renverrai la balle mon cher petit en t’affirmant que la fin de ta carte était illisible.

Je reçois à l’instant une bien longue lettre de Catherine ce qui me fait infiniment plaisir. Je pense si souvent à elle, tout le monde me dit qu’elle a un cran remarquable : oncle Léon le premier. Valentine aussi qu’elle a été voir dernièrement ce qui lui a fait très plaisir mais l’a sûrement émue. Elle se réjouit dès que Val. sera en état d’aller à la campagne d’aller passer un dimanche avec elle. Quand irons-nous ensemble mon vieux ?

L’hôpital est parait-il entouré de barbelés, c’est assez piquant m’écrit-elle … Alors Solange n’a pas pu garder sa maison. C’est dommage. Pourquoi ? Si tu la vois, embrasse la pour moi et son petit Etienne. Les Paul viennent de passez la semaine des fêtes de pâques ici et sont repartis hier. Aussi le temps m’a paru infiniment moins long : on ne s’ennuie jamais avec lui et tu serais le premier à admirer son dynamisme, son activité et ses connaissances en toutes choses. on a fait bombance. avec pas mal de produits de la ferme : je ne dépéris pas je te l’affirme. Et maintenant que je suis seul et comme tu sais que j’aime la musique, c’est la radio qui m’accapare. La temps est beau mais la sécheresse est grande et toute la culture va malheureusement s’en ressentir. Je pense tant à ton pauvre papa, tu ne peux t’en faire une idée, moi qui ait été si déçu qu’il n’ait pu m’avoir au téléphone.

Je t’embrasse bien fort

Marcel

Lettre 61

Date : 28 août 1944

Expéditeur : Marcel (lettre postée de Collobrieres dans le var)

Destinataire : M. Gaston Vite Weillchez Monsier N. Richard Haute Serre par Vaour Tarn

Mercredi 28.

Mon petit. Je n’ai pas trop à me plaindre puisque ta lettre m’est parvenue dans un temps très normal et qu’elle m’apporte de tes bonnes nouvelles. De Paris, il me faut compter maintenant une bonne huitaine de jours et je redoute de voir le moment où les communications seront complètement interrompues. J’ai de bonnes lettres de Valentine toujours à la campagne où elle travaille comme une forcenée aidée par depuis peu par des jardiniers qui paraissent convenables : mais la région est particulièrement bombardée et chaque nuit elle doit descendre à la cuisine où elle se trouve plus en sécurité. La ligne du métro en a pris quelques bons coups aussi et i y a transbordement.

J’ai eu une bonne lettre de Catherine qui a du reprendre cette semaine ses occupations ce dont elle a du être bien contente. Quand tu verras Solange dis lui que je pense toujours à elle et que je l’embrasse mais que personne n’a voulu me donner son adresse. Plus aucune nouvelle de tante Louise qui a du quitter où elle était, en as-tu par Yvonne ? Vous voilà seuls dans la région que j’aimerais bien ne pas voir trop animée. Mon ami Paul vient d’être nommé maire du pays, c’est peut-être une bien grosse responsabilité qui peut offrir quelques aléas . Ils restent maintenant presque tut le temps ici. Les moissons sauf le blé sont faîtes et ne sont pas bien grosses. La récolte des pêches serait bien belle mais pas le moindre moyen de transport et ce sont des dizaines de mille francs qu’on va perdre. La saison s’annonce superbe. Pur la première fois je ne suis pas du même avis que toi et l’automne apportera je crois la guérison de notre cher malade. Quand à moi je suis à la fin de mes piqures qui par miracle auront peut-être diminué ma tension,. Mais je me sens toujours bien malgré mes 59 ans que tu ne m’as pas souhaités le 13 juin. Papa m’aurait offert une cravate ! Pauvre papa. comme nous pensons à lui …

Maître de Mar m’a écrit et ne lui as pas répondu à ses condoléances me dit elle. Elle demande après toi et a eu bien peur C’est tombé bien près. Je t’embrasse bien fort. Marcel

Fin du l’ordre chronologique

Lettre 32

Samedi 7

Ce qui est arrivé aux grands parents de Roger m’a vivement attristé !! Pauvres vieux Et je ne suis même pas allé les voir

Je savais par Paul L. qui avait déjà reçu de vos nouvelles que vous aviez passé ensemble une bonne journée dimanche. C’est joliment agréable pour vous de pouvoir vous retrouver de temps en temps. Est-ce que Sol. et Roger vont prendre comme ils en avaient l’intention qqs jour de vacances. D’après ce que tu m’écris tu n’en auras pas beaucoup. Pourquoi Roger se tient-il si mal ? Est-ce seulement l’accentuation de sa tête penchée ou une inclinaison du corps ? Et naturellement cette pauvre Sol. prend de mauvaises habitudes. N’est-elle pas trop fatiguée. Est-elle toujours contente ?

A propos d’habitudes et de mauvaises ; je te l’ai dit ; quand on les a on les garde : tu as écrit à Mérite une lette très gentille et qui lui a fait grand plaisir, mais il y a 5 ou 6 fautes d’orthographe grossières, inimaginables “Je vie dans une espèce de surmenage” “J’ai vu un bon fond sans s” “Aucuns rapports avec mon patron, au pluriel !!!”

“L’envoie en est interdit”

Ne m’en veux pas de te signaler tout cela. Je voudrais tant que tut ‘en corriges

Content que le pantalon de plaise ; j’espère que tu recevras bien les pulls Je n’avais plus grand chose de Bretagne or je viens de recevoir coup sur coup 4 colis qui sont les bienvenus. Et je suis invité à passer voir mon vieil ami rue ru Rocher (tu te rappelles maintenant ?) Lequea vient déjeuner avec moi mardi; il est allé à Vichy avec tout son conseil départemental. Cath va se promener demain avec son ami Antoinette

Lettre 34

Dimanche

Mon cher petit Gaston

Par marcelle, j’ai eu hier ton adresse. Je veux seulement te dire que je partage ta peine. J’aimais beaucoup Armand, c’était un très bon ami pour nous, sur qui nous pouvions compter. Je le plains de tout mon coeur d’avoir quelle helas les trois charmants enfants qui ne lui donnent que joie et saisfaction. Et je plains aussi ces trois charmants enfants de ne plus avoir un adorable Père qui leur était si dévoué illisible avec rouage, colonté et énergie. Et alors les illiible Sois assuré mon cher petit Gaston que tu as une très illisble amie malgré ses 86 ans qui t’est très dévouée.
Je t’embrasse plus qu’affectueusement. Mon pauvre Charles aussi a eu beaucoup de peine

Louise Leblanc

Lettre 2

Jeudi 11,

Mon cher petit c’est à tes deux lettres que je réponds et rien ne peut me faire autant plaisir que de recevoir tes bonnes nouvelles et de savoir que tu n’oublies pas ton vieil oncle qui te regrette bien mais qui est quand même bien heureux de te savoir là bas au milieu de tes vaches, tes cochons, tes poules : c’est bien encore parmi les bêtes que l’on trouve le plus de satisfactions et bien souvent le moins de déconvenues. Mais, mon petit, tu redoutes un peu, avec la horde ( ?) des départs celui des agriculteurs : comme dans la vie, il faut espérer. Souhaitons que tu aies choisi la bonne voie et que tes études agronomiques ne seront pas interrompues. Je savais que mon vélo était parti et je sais maintenant qu’il est arrivé à bon port. J’ai eu en effet la visite de Willie et de Jo. Samedi dernier, elles m’ont apporté sur mon invitation, elles même ma malle et sont restées jusque lundi matin 6. Malheureusement leur train est arrivé ici avec cinq heures de retard ; je leur avai préparé un bon diner et elles sont arrivées à l’hotel à 10 heures du soir. Je les ai reçues dans mon lit. Toujours aussi folles et ce matin j’ai reçu quatre pages de Jo pour me remercier de ce week end qui fut un conte de fées pour elles. Me de M. m’écrit aussi toujours si gentiment. Tu es gentil d’avoir pensé à la joie que Valentine et moi illisible afin d’échanger plus librement et avec moins d’indiscrétion nos pensées. Tu ne t’es pas trompé. Mais c’est elle que je voudrais voir arriver et cela présente des difficultés. Si content de savoir que tu bouffes bien. C’est là une appréciable compensation à la ta fatigue et à tes maux. Ici c’est pitoyable et toujours insuffisant. Heureusement qu’une fois ou deux dans la semaine on a une petite gaterie : nous allons à Villefranche où c’es charmant et bien. Calme plat sur toute la ligne. Il fait vilain, gris et frais et cela nous change. Je ne bouge pas et demande à continuer ainsi. Continue ainsi à m’écrire.

Je t’embrasse bien fort

Marcel

lettre 28

Je suis maintenant édifié sur tes moyens d’existence. Mais comment as-tu pu mettre de côté 5 à 6000 à M. ? Est-ce le produit d’un attentat rémunérateur ou celui d‘un vice caché ? ?? Enfin c’est très bien comme ça.

L’idée de concentrer tous les Français actuellement vivants dans les sections préhistoriques de la Dordogne me parait assez plaisant, et ma foi, très réalisable. Je retiens ma place de préférence aux Eyzies ; c’est plus bas de plafond.

Pour les jumelles, je tacherai, à l’occasion d’en offfre de te contenter et ton patron. Je ne m’en sers plus que pour observer les arriée cez Citroë o chez Renault; ce n’est guère indispensable.

Les légumes annoncés ou promis seront les bienvenus (surtout haricots lentilles) et puis aussi si c’est possible un petit cochonnet mimiature ? J’ai passé hier un bon moment chez Roland B, ingénéieur de la marine réunion d’hommes (un ingénieur général, un avocat) tous 3 intelligents - commentaire des événements tant intérieurs qu’extérieurs.

En sortant je sis monté chez le jeune Lyon C. qui habite la même maison et tout à l’heure je retrouve son père avec qui je dois faire ma promenade j-habituelle de quinzaine - J’ai sur ma table une bible que je consulte volontiers. Je m’intéresse beaucoup en ce moment

(et peut être pour être parfaitement documenté lorsque Dutourcau m’enverra son dernier produit) au faits et à l’histoire de Jésus, surtout à l’époque qua suivi sa mort.

Concernant la notion de la divinité, - humaine a-t-elle pénétré les masses - Par quels moyens ? A quelle époque ? Tout cela est passionnant.

Ce qui ne m’empêche pas de lire en même temps les mémoires de Sacha Guitry, d’Henri de Rotshild, ou de Nijinski. Tu vois que je ne perds pas mon temps de illisible

Leyma est venu avant hier à l’improviste déjeuner avec moi. Je l’ai emmené chez Thérèse; je savais que le jardin de la vieille maison lui plairaient (sic).

C’est d’ailleurs en petit la propriété de Taverny. J’irai un de ces jours prochain passer qq heures avec lui. Monette est toujours sur les 4 chemises ; elle a reçu des nouvelles de son fiancé.

Jaqueline me parait de tant (interrompu, manque une page au moins)

Lettre 31 (pas vraiment une lettre, plutot une page de cahier, instrucitons pour aller à Vaours, document de la résistance ?)

De Tessonières, grande rue devant la gare au bout, à gauche, 1ere porte d’air à droite

1Km5 avant Vaour à gauche CiC28 vers Pessac Bruniveral un côte à monter, une à redescendre, dans la descente 200m un écriteau moche abreuvoir c’est Haute-Verre où Habite M. Richard Noël

Roger absent mercredi

peut-être mardi et vendredi Moissac

Monsieur Lacan à Fabre de la Grange de la part de Monsieur Cahuzac le maire de Noailles et de la part de Monsieur Monceré (cultivateur de Noailles) (en face de Belayogene au nord de Vaour)

Monsieur Reimher à Meiner dans la commune de Larroque (supporte la restauration paysanne) à côté de Puycelsi de la part de M. Rambach,

Monsieur et Madame Frias dirigeant quartier si ils ont une opinion sur le maire de Garreaux (parler question J.) Eviter le maire de Puycelsi

Leur demander aussi soit en allant les voir soit en téléphonant au 13 à Puycelsi si ils ont vu le cultivateur de Perrun dont ils m’ont parlé

Passer à Campagnac voir l’abbé Rousseau illisible beau-frère (connait toust place effective de domaine agricole

Monsieur Fraisse à Livron commune de Bernac par la restauration paysanne (d’accord avec collusac pas sur liste à cause relève.

Adresse de restaurants

Vaour Andrieux de la part de Richard

Viridrac Thélys 8 à Viridrac

Puyucelsi chez Mademoiselle Sarale (de la part de Trias)

Cahuzac sur Veyster J Chauffar

Castelnau de Montmirail en haut

Eviter Tessouvrier

Ferrand à Cordes cf à Corders

illisible Georges Sée à Loubers téléphone à Monnier alibert

Mairie de Loubiers

Vialer à Frausseilles

Pour rentrer directement à ALbi

De la zone Vaour - Loubiers - Frausseilles - Noailles albi

De la zone Puycelsi - le Verdier - Cahuzac - Sestayrols - Castanet - route de Corde Albi

Lettre 35 (incomplète)

2/ Les Roger G., oncle Léon et tante Emilie, Cath. et les Alcans: Très agréable. Vendredi nous étions allé goûter chez les Paul L. avec Eufour (conversation à bâtons rompus et non dénuée d’intérêt). A propos de ces deux anciens X. Je lis ce matin que les oraux de l’X auront lieu à Paris. Quel est alors le sort réservé à certains admissibles qui ne pourront pas rentrer ? Tu sais que le fils de Paul L. avait été reçu l’année dernière, n’avait pas été conservé et recommencerait cette année ? Et d’autres …

Je viens d’apprendre par le jeune Poudereaux  la mort de la mère de Jeanne à Vesier Fais lui un mot (à Jeanne)

Je continue à lire beaucoup, un tas de choses, du Montherlant, l’étrange attitude actuelle de ce fier paladin qui, dans un passé proche, n’a jamais trouvé la france assez rebelle orgueuilleuse et coriace, le goncourt un livre curieux sur Jesus Christ (j’en attends toujours un autre d’ailleurs de Dutoureau - Il continue de s’attacher aux petits sujets de l’histoire. Jeanne d’Arc - François d’Assise - Henri IV - Napoléon) Après Jésus Christ que lui restera-t-il à narrer ?

Mais toutes ces distractions intellectuelles à toi, pauvre scieur de bois !!! Cela ne fait rien, j’envie ton sort, tu es heureux et si je ne craignais pas de te rendre un peu fat ; j’ajouterais que tu le mérites; car tu es un bon petit que j’aime bien et que j’embrasse de tout mon coeur

Armand

Dis moi donc comment tu t’entires avec tes 200 francs par lois ? As tu des économies ? Demandes tu quelque chose à O. Marcel ?

Lettre 36

à copier du PC du bureau

Lettre 37

Dimanche 28 juin,

Ta lettre par Lyon, mon petit Gaston, a mis le même temps que ls autres, une bonne semaine. J’ai l’air de recevoir régulièrement tes lettres mais je voudrais que tu en dises autant des miennes. De Solange, je n’ai rien reçu de la semaine. Sa dernière lettre avait mis des jours et ils étaient très long.

Je reprends l’hôpital, assez contente d’avoir une occupation fixe, mais ennuyée d’avoir des tas de courses et de démarches à faire cette semaine qui me tombent du ciel et qu’il m’est malaisé de faire en dehors des heures de travail surtout avec le metro et les alertes. Nous en avons eu sept hier dans la journée, toutes courtes heureusement, mais pour le métro c’est toujours 1/2h après la fin de l’alerte et la bousculate et les traversées de Paris à pied.
Ce que tu dis du ravitaillement ne nous étonne point. Au delà de Rambouillet, on trouve du beurre à 25Frs le Kg mais il faut y aller. A Paris, il est en ce moment à 1200F le kg. Il n’y a absolument rien à manger, tout le monde a des réserves pour 15j, 1 mois, 2 mois, mais après ? De révolte,, sauf un sac de boutique de marché noir, par ci par là, il n’en est pas question surtout tant que es autor. occ. sont là. Pense que dans le Finistère, voilà un an qu’ils n’on plus de pain. Il y a ici de nombreuses queues devant les boulangeries, mais la cause en est qu’il y en a très peu d’ouvertes à la fois. La farine n’a pas l’air de manquer. Quant aux soupes populaires, impossible de tous cotes de les organiser : pas de réserve et quand on en fait : réquisition.

Il fait un temps admirable. J’étais au cimetière ce matin où j’avais bien le cafard Moi aussi je rêve de papa et bien souvent il prend par à la vie banale (+ou-) et souvent très gaie de mes rêves qui ne sont jamais des cauchemars.

Bonne maman est bien, encore un peu courbaturée mais elle est ressortie.

Marie-Claire est partie pour trois mois chez des amis en Seine et Marne où elle sera très bien. Sa mère n’était pas mécontente de l’expédier. Deux à nourrir c’est suffisant.

Si tu me voyais dans les banques, chez le percepteur, tu n’en reviendrais pas. Au fond c’est assez amusant. J’aimerai bien parler avec toi de tes projets. Réfléchis bien avant de faire quoi que ce soit et choisis surtout bien ton moment. Moi aussi je vois ça encore très long mais j’ai quand même de l’espoir pour l’automne car s’il fallait passer encore un autre hiver, je doute fort que tu me reverrais sur le quai.
Je t’embrasse comme je t’aime

Catherine

Lettre 58 (incomplète)

Cette semaine, il a plu un peu, bien peu mais celà fait faire des progrès quand même à la végétation m’écrit mon frère. Ici les amécias sont magnifiques, les fleurs abondent jamais je n’ai vu pareil profusion de lilas splendie, je ne l’avais pas vu non plus à des prix aussi élevés. Il fait beaucoup plus frais ; vendredi il y a eu un orage et après sur Paris un arc en ciel complet et d’une coloration intense ; de chez B. Maman c’était très beau à part celà, la vie continue de même que lorsque tu habitais ici, ravitaillement médiocre, méchants bruits qui courent un jour remplacés par d’autres le lendemain.

Je pense souvent à toi, tu sais, mon cher enfant, avec quelle affection et t’embrasse tendrement.

T. Edith

Lettre 100 (note)

Mon cher Gaston,

J’espère que tu as bien reçu ta valise. Je m’occuperai de tes courses et te les enverrai soir par Roger s’il va prochainement dans ta région soir par l’autocar sur Naour.

Ci joint une lettre qui a dû t’être annoncée

Nous t’embrassons bien fort

Solange

Lettre 106

on cher Gaston,

Tu n’as pas de chance, nous allons changer de domicile et presque certainement avoir l’électricité, si tu peux nous faire venir notre poste cela nous ferait plaisir, si cependant ton départ te faisait trop de peine, garde le. Roger passera sans doute à Albi mercredi rassembler les objets qui nous seraient nécessaires et qu’un camion nous livrera peude jours après. Il serait donc bon que ce retour s’effectuât sans trop tarder. Roger pense d’autre part probablement aller coucher à Frau. Mercredi soir. je précise que tu n’as qu’à renvoyer le poste à Albi do’ù on nous l’apportera. Tu pourrais écrire à Roger à Albi au génie rural en précisant personnel . Ne te déplace pas bon Roger lercredi sans passer par Frau ou sans y téléphoner le jour de mercredi n’étant pas fixé défnitivement et susceptible de changement dont Frau sera averti. Je t’écrirai + longuement la description de notre maison quand ce sera sûr. Elle me plait beaucoup.

Je t’embrasse

Sol

lettre 109

Mon cher gaston,

Il paraît que notre emploi du temps de dimanche influera sur le tien.

Je vais bien maintenant et compte retourner après demain au bureau. Néanmoins nous resterons à albi Dimanche et serions heureux de t’y voir

Présente mes amitiés à monsieur et madame Richard et reçois mes affectueuses pensées.

lettre 112

Cher ami,

Me voilà de retour de la campagne où je suis allée passer une quinzaine de jours avec ma grand mère; qui avait fait une chute et s’était foulée tout le bras gauche. Elle ne devait absolument pas bouger et il lui fallait avant tout le repos. Voilà la raison pour laquelle je n’avais pas répondu à votre lettre.

j’ai reçu vos fleurs en rentrant chez moi et ce sont elles qui m’on fait rappeler que je devais vous écrire. Ici rien de nouveau, toujours autant de travail et même d’avantage depuis que l’on m’a appris que le bachot était avancé. Nous somme tous content car nos vacances seront plus longues aussi. Nos vacances de Pâques vont se passer à faire de la révision pour préparer l’écrit, pour l’oral on a toujours le temps.

D’après votre lettre je vois que vos journées sont bien remplies. C’est un drôle de travail que vous faîtes mais naturellement il faut se contenter de ce qu’on a. Nous voudrions bien vous voir dans votre nouvel accoutrement.

Je n’ai plus de nouvelles de Nicole, je ne sais ce qu’elle devient, elle nous a cris une fois pour nous dire qu’elle travaillait seule chez elle.

Que faîtes-vous à part votre travail, ne prenez vous jamais de vacances;

Le temps ici est délicieux, on se croirait déjà en été, le soleil brille et chauffe aussi en profitons nous maintenant. Nous allons faire des excursions en vélo, à partir de la semaine prochaine, le dimanche toute la journée ce qui nous donnera des forces pour affronter les examinateurs.

Je suis obligée de vous quitter car il faut que je travaille ma physique, le programme est très chargé cette année.

A bientôt de vous lire. Recevez mes meilleures amitiés ainsi que celles de ma cousine et ma grand-mère

Suzanne

lettre 113

Marseille, le 3 juin,

Cher ami,

Vous devez croire que je suis vraiment mal élevée pour ne pas répondre plus tôt à votre lettre. Mais comme de bien entendu je m’excuse de ce retard dont la raison profonde est mon travail.

Depuis les vacances de Pâques nous avons commencé nos révision pour le Bachot, mais hélas nous avons l’Histoire à l’écrit. Pour cette raisdon nous sommes obligés de travailler le matin aussi. Debout tous les jours à 5 heures, je travaille avant d’aller au lycée. Heureusement pour moi que cela sera bientôt fini. Nous devons passer dans les environs du 16 juin.

Je vous écris aujourd’hui il est déjà 7 heures du matin. Ma cousine Simonne dort encore. Après un petit voyage en Orient avec les Turcs et les Russes je suis de retour en France, et aussi pour me changer les idées je vous écris.

Tout d’abord je devais vous demander comment allez-vous et êtes vous toujours bien dans votre petit pays.

Ici ce la continue nous ne rencontrons que des femmes à Marseille. la plupart de mes amis s’en vont au camp de jeunesse en juillet. La ville va bientôt être déserte.

J’ai reçu une lettre de Nicole, elle va bien et travaille beaucoup elle aussi. Elle ne nous écris pas souvent, et d’ailleurs il en est de même pour nous.

Je crois que ce tété personne ne partira en vacances et nous aurons pour nous consoler le tennis, et peut-être les bains si il n’y a pas trop de monde.

Je vous envoie les meilleures amitiés de ma grand-mère et de simone qui vient de se réveiller. il faut que je vous quitte et je dois penser à m’habiller maintenant sinon je ne serais jamais prête.

je vous quitte, à bientôt de vous lire

Meilleures amitiés

Suzanne

lettre 117

2/ qu’il s’agissait de tout autre chose. Malheureusement je ne vois rien qui puisse à cet égard le contenter si l’occasion se présente. J’ai vu Valentine retour du midi. tu m’as dit avoir reçu d’o. Marcel 10 mais parait que ce n’est pas 10 qu’il t’a remis, mais 15 - et c’est ainsi que tu peux t’expliquer les 5 supplémentaires dont tu me parlais et dont tu paraissais ignorer la provenance.

Dis moi si c’est bien cela. J’imagine que tu as du faire revenir de M. pas mal de choses. Laisse là-bas le moins possible. Etant donné les événements présents ou à venir, je trouve qu’il vaut mieux que tu aies avec toi ce qui t’appartient. M. est dans un mauvais coin .

Lucien va passer ses examens au début du mois prochain. Il travaille ferme et pense être reçu. Il se présentera également à l’écrit du droit pour avoir le droit de se représenter en octobre. Il pense tojours avoir son emploi dans qq temps, mais je trouve que ça traîne un peu et je préférerais le savoir dès maintenant casé.

Il m’a dit que Monnier était revenu ici pour se marier (que d’ailleurs pour je ne sais quelle raison matérielle, le mariage n’avait pu avoir lieu) et qu’il reviendrait. Il commande là bas un groupe de 4 travailleurs et passe du temps à se chamailler aves ses employeurs.

Pour les enveloppes, il faudra que tu emploies la méthode de Solange, imitée de Giselle. Cath. envoie maintenant toutes ses lettres ainsi cachetée.

Je t’embrasse

Armand

Je vais chez T. Gilberte plus tranquille en ce moment.

lettre 119

Mardi

Mon cher Gaston,

Ci joint ton extrait de naissance. Ns comptons aller voir mes beaux parents Dimanche à Frau. , veux-tu nous y rejoindre après déjeuner. Essaye de leur téléphoner Samedi pour t’assurer qu’il n’y a pas contre-ordre. Si possible apporte un sac de charbon de bois. Nous avons eu la visite de Poudrou et de sa secrétaire qui ns ont donné de bonnes nouvelles de papa et que nous avons trouvé sympathique, quoique non polytechnicien. A Dimanche. Je t’embrasse ainsi que Roger

Solange